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À Alger, les manifestants toujours déterminés mais moins nombreux

Des Algériens chantent des slogans lors d'une manifestation contre le gouvernement à Alger, le 10 janvier 2020.

Des milliers de manifestants ont défilé vendredi à Alger contre le régime, pour la 47e semaine consécutive. Toujours aussi déterminés, ils étaient toutefois moins nombreux que lors des mobilisations spectaculaires ayant précédé l’élection présidentielle de décembre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Pour la 47e semaine consécutive, des milliers de manifestants ont défilé vendredi 10 janvier à Alger contre le régime. Une semaine après l’annonce de la composition d’un nouveau gouvernement, ils étaient tout aussi motivés, quoique moins nombreux que lors des dernières mobilisations spectaculaires, peu avant l’élection présidentielle de décembre 2019.

Près d’un an après le déclenchement du « Hirak », mouvement populaire inédit de contestation du régime, les opposants continuent d’exiger le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.

Si la mobilisation reste importante, elle semble marquer le pas par rapport aux manifestations monstres de l’hiver et du printemps 2019 – qui avaient contraint l’ex-président Abdelaziz Bouteflika à démissionner – ou encore comparée aux marches qui ont accompagné la campagne électorale menant au scrutin présidentiel du 12 décembre. Celui-ci était rejeté par le « Hirak ».

Il reste cependant impossible d’évaluer précisément le nombre des manifestants en l’absence de tout comptage officiel.

La foule a marché calmement, sous une pluie fine, en scandant « État civil et non pas militaire » ou encore « Les généraux à la poubelle », à l’adresse de la haute hiérarchie militaire, véritable autorité détentrice du pouvoir en Algérie. Certaines rues du centre-ville étaient quadrillées par la police.

« Ou c’est vous, ou c’est nous, nous n’allons pas nous arrêter », ont promis les manifestants, qui ont déployé une banderole géante sur laquelle étaient peints les portraits de personnes incarcérées pour leurs activités liées au « Hirak ».

Des Algériens chantent des slogans lors d'une manifestation contre le gouvernement à Alger, le 10 janvier 2020.
Des Algériens chantent des slogans lors d’une manifestation contre le gouvernement à Alger, le 10 janvier 2020. © Ryad Kramdi, AFP

Des détenus du ‘Hirak’ libérés

Quelque 76 personnes détenues en raison de leur proximité avec le mouvement de contestation – en attente de procès ou déjà condamnées – ont été remises en liberté le 2 janvier, la majorité à Alger.

Ces libérations représentent environ la moitié des quelque 140 « détenus du Hirak » dénombrés avant cette mesure par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), qui les recense et les soutient.

« Les Algériens continuent à manifester contre le régime car ils ont compris que c’est le seul moyen pour imposer le changement », a témoigné auprès de l’AFP le citoyen Ouheb Hamidi, une semaine après l’annonce de la composition du nouveau gouvernement par le président Abdelmadjid Tebboune.

M. Hamidi, un consultant en finance âgé de 38 ans, prédit un « nouveau souffle » du « Hirak » qui va, selon lui, s’inscrire « dans la durée ». « Le président Tebboune a été désigné et non élu à l’issue d’une élection massivement boycottée par le peuple. Nous ne lui reconnaissons aucune légitimité », renchérit Mohamed Halzoum, 63 ans.

Ancien Premier ministre du président Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, a été élu président le 12 décembre lors d’un vote marqué par une abstention record.

Deux heures avant le début de la marche de vendredi, des policiers, dont certains armés de matraques, ont chargé un groupe de plusieurs dizaines de personnes qui scandaient des slogans hostiles au régime dans le centre d’Alger, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Ils ont ensuite été pourchassés par les forces de l’ordre, massivement déployées au cœur de la capitale, notamment autour de la Grande Poste, lieu symbolique de rassemblement du « Hirak ». Plusieurs personnes ont été interpellées, selon des témoins.

« Le ‘Hirak’ doit continuer car nous n’avons pas de gouvernants. Ce Tebboune a été désigné et non choisi par le peuple », a déclaré à l’AFP Farida Loukam, peu après avoir été violemment bousculée, des policiers tentant de lui arracher sa banderole.

« Le ‘Hirak’ doit se poursuivre jusqu’au départ total de la ‘Issaba’ (gang), ces traîtres qui ont vendu le pays et compromis l’avenir de notre jeunesse », a encore affirmé cette manifestante.

Avec AFP

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