
Comme on pouvait si attendre, le cas Karim Wade s’est invité à l’Assemblée nationale, au vote du nouveau Code électoral. C’est son frère de parti, Serigne Cheikh Mbacké Bara Doly qui pose le débat. Le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie (opposition) n’a même pas attendu la discussion générale soit ouverte pour soulever cette question. Dès que le rapporteur général a fini la lecture du rapport, il a demandé la parole pour une question préalable. La règlement intérieur l’autorise.
Devant ses collègues députés, le chef de file de Libéraux à l’Assemblée nationale a plaidé pour que la loi soit retournée. Parce que, a-t-il estimé, elle est anticonstitutionnelle du fait de ses articles 29 et 30 qui privent l’inscription sur les listes électorales les individus ayant subi une condamnation ferme de plus d’un. Serigne Cheikh Mbacke sera conforté par son jeune frère, Toussaint Manga. « Ce n’est qu’au Sénégal qu’un citoyen perde ses droits civiques et politiques sans que le tribunal qui l’a condamné ne les prononce’’, a déclaré M. Manga.
Mais l’amendement des députés Libéraux ne sera pas adopté par leurs collègues. C’est la présidente de la Commission des Lois, Die Mandiaye Ba, qui a été la première a monté au créneau. Pour elle, il n’y a rien de nouveau sous soleil. Elle renvoie le député de Mbacke au Code électoral consensuel de 1992.
À l’en croire, les dispositions des articles L29 et L30 n’ont pas connu de modification depuis cette date. Sa collègue Yaya Diallo est du même avis. Rapporteur de la Commission des Lois, Diallo rappelle que ’’ cette affaire de Karim Wade et Khalifa Sall n’a jamais été inscrite dans les termes de référence de la Commission politique dialogue national’’. D’ailleurs, elle estime que, Serigne Cheikh Mbacke et ses frères de parti font de la manipulation et de la diversion. ’’ Karim Wade n’est pas plus Sénégalais que les autres’’, a-t-elle conclu.
Pour sa part, Toussaint Manga (PDS) avertit le pouvoir car, à son avis, il n’y a pas d’issue en 2024 pour une élection qui écarterait Khalifa Sall et Karim Wade.
Il faut dire que cette doléance des députés du Pds a été auparavant discutée en commission des Lois, samedi dernier, sous la présence du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Devant cette commission technique, M. Diome avait clairement indiqué qu’il n’est pas de son ressort de préciser si un citoyen est autorisé ou pas à être candidat ou à s’inscrire sur les listes électorales. Pour lui, ’’ il appartient aux services compétents et aux personnels dédiés, prévus par le Code électoral, de recevoir et d’apprécier les candidatures et ou les inscriptions des citoyens. Ce n’est ni par décret ni par arrêté que ces questions peuvent être réglées’’, avait déclaré le ministre Diome.