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SENEGAL-Exploitation du phosphate : les craintes de l’AJE

La progression du front minier va nécessiter le déplacement et la réinstallation de la population autour de noyau urbain (Taïba Ndiaye, Darou Khoudoss et Mboro), selon l’Action pour la Justice Environnementale (AJE). La production de phosphate entraine un important flux économique dans la zone. L’AJE craint que ce ne soit pas suffisant pour cacher les impacts environnementaux et sociaux.

Les activités d’exploitation minière favorisent des dynamiques économiques intéressantes. Elles contribuent, toutefois, à la dégradation des conditions de vie de la population riveraine. Les carrières de phosphate sont dévoratrices d’espaces. Ce sont des milliers d’hectares qui ont été exploités depuis les années 1960. Trois générations d’exploitation se sont succédées depuis l’ouverture de la première carrière entre 1960 et 1980 (les carrières de Ndomor Diop) ; entre 1980 et 2003, celles de Keur Mor Fall (10 500 hectares).

L’exploitation du gisement de Tobène (environ 20 000 hectares) a commencé en 2004 (Bocoum : 2005). L’expansion minière en milieu rural se traduit par un rétrécissement des territoires. Cela entraine la réduction des possibilités, pour les populations riveraines, d’accèder et de contrôle les ressources locales (terre, eau, forêt), principales sources de subsistance.

Taiba Ndiaye est une communauté particulièrement marquée par l’exploitation du phosphate. Elle est située dans l’arrondissement de Méouane, dans le département de Tivaouane. Au moins, 25 516 personnes y vivent. Leurs principales activités sont, essentiellement, l’agriculture et l’élevage. Il est clair que l’activité minière a et continuera d’avoir des conséquences néfastes sur la vie des populations, sur leurs activités agricoles et pastorales mais aussi et surtout sur l’environnement.

La problématique de la sauvegarde environnementale

« Les questions environnementales et l’accès à l’eau sont très représentatifs dans les relations conflictuelles entre l’industrie de phosphate et les communautés. Les pompages effectués par la compagnie minière causent un épuisement de la nappe et causent des dommages aux activités agricoles », a écrit l’AJE dans un document contenant les termes de références de son projet « Promotion des mesures de sauvegarde environnementale et sociale dans les zones extractives du Sénégal ».

Ainsi, n’ayant pas une bonne maitrise de leurs droits et des mesures de garantie qui s’offrent à elles pour protéger leurs droits socio-environnementaux, les populations sont vulnérables et souvent sans éléments de défense pertinents. Cela s’explique par le fait qu’elles ignorent les mesures de sauvegarde sociale et environnementale. C’est dans ce contexte qu’est mis en œuvre le projet « Pour la promotion des mesures de sauvegarde environnementale et sociale » porté par Action pour la Justice Environnemental-AJE, en partenariat avec OXFAM SENEGAL, dans le cadre de son programme « Promotion de l’engagement des citoyens dans l’industrie extractive et les processus budgétaires au Sénégal » à travers des sessions de formation organisées les 23 et 24 juin 2021.

La région de Thiès est l’une des plus dynamiques au Sénégal en matière de production et d’exploitation des mines et des carrières. Son potentiel géologique important est constitué d’une grande diversité de substances minérales dont le phosphate. L’exploitation de ce minerai remonte aux années 50. C’était, au début, avec la Compagnie sénégalaise des phosphates de Taïba (CSPT), ensuite, à partir des années 90, les Industries chimiques du Sénégal (ICS)

L’objectif principal de la formation, selon l’AJE, c’est de « contribuer à la capacitation des membres des cadres de concertation sur la nature et la portée des menaces environnementales dans la zone, ainsi que des mesures de sauvegarde environnementale et sociale prévues par les cadres normatifs », lit-on dans le document.

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