Affaire des Oryx : L’irresponsabilité inébranlée d’Abdou Karim Sall
« Tous ceux qui veulent ouvrir des enquêtes sont libres de le faire. Moi, je sais que je n’ai rien à me reprocher et je suis vraiment droit dans mes bottes. Cette situation ne m’ébranle pas »! Il faut avoir un sacré culot pour servir au peuple sénégalais, à la place d’un mea culpa, cette cinglante réponse après la mort de deux Oryx sur six, suite à un transfert chaotique vers sa propre réserve privée.
Et il faut dire que du culot, le gus en a à revendre. Après cette affaire qui émeut tous les Sénégalais épris du sens de la protection des espèces menacées d’extinction, tenir ce discours, limite insultant, est totalement irresponsable de la part de celui qui a la charge de protéger les espèces…Oups…pardon, la charge de décimer -sans aucun remord et « droit dans ses bottes »- les espèces, selon sa propre perception de sa mission.
« Je n’ai pas fait quelque chose d’irrégulier. Je suis dans la protection des espèces, comme le veut la mission qui m’a été confiée. C’est dans cette préservation de ces espèces-là que le transfert a été fait » a-t-il osé ajouter sur les ondes de la Rfm. N’est-ce pas là un aveu d’échec dans cette mission sacro-sainte que l’Etat du Sénégal lui a confié ? Il devrait être viré après de telles déclarations !
Ce qui a été totalement « irrégulier » dans cette histoire, c’est d’abord l’inélégant conflit d’intérêt qu’elle pose. Parce que, figurez-vous que si vous n’étiez pas à cette station de responsabilité et de prise de décision, les six Oryx ne seraient jamais mises à votre disposition pour servir vos intérêts strictement privés.
Ensuite, il y a une violation flagrante du protocole qui encadre cette procédure. Sinon comment comprendre que des espèces devant être protégées durant tout ce processus, se retrouvent mortes après un transfert chaotique. Il est donc clair que les conditions n’étaient pas du tout réunies pour « les accueillir et les recevoir dans d’excellentes conditions », conformément aux exigences du protocole.
Contrairement à ce que vous avancez, la « consanguinité » n’a jamais été un facteur d’extinction des espèces puisqu’elles vivent et se reproduisent entre elles. C’est vous et votre antipathie sidérante qui représentez un danger pour ces Oryx, ainsi que les autres espèces. Un ministre de tutelle qui n’est point « ébranlé » par la mort de deux Oryx, qui font partie des 25 espèces proches de l’extinction avec les cerfs du Père David (Elaphurus davidiensis) et les bisons d’Europe (Bison bonatus), n’a plus rien à faire au ministère de l’Environnement.