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Au Sénégal, des dizaines d’interpellations après des émeutes contre le couvre-feu dû au Covid-19

lemonde.fr

Philippe Escande

  • Sénégal

Plus de 70 personnes ont été arrêtées dans plusieurs villes du pays suite à des manifestations très violentes.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 09h58

Temps de Lecture 2 min.

La police anti-émeute tente d’éteindre un feu lors d’une manifestation contre le couvre-feu imposé à cause de la pandémie de Covid-19, à Dakar, le 4 juin 2020.
La police anti-émeute tente d’éteindre un feu lors d’une manifestation contre le couvre-feu imposé à cause de la pandémie de Covid-19, à Dakar, le 4 juin 2020. Christophe Van Der Perre / REUTERS

La police sénégalaise a interpellé mercredi 3 juin plus de 70 personnes, après de violentes manifestations dans plusieurs villes du pays pour réclamer la fin du couvre-feu instauré en mars pour endiguer la progression du Covid-19, a-t-on appris de source proche du dossier.

Les manifestations ont démarré mardi et se sont prolongées dans la nuit, dans un pays qui compte 3 932 contaminations et 45 décès au 4 juin dus au nouveau coronavirus, et où les restrictions imposées par l’état d’urgence sanitaire sont de plus en plus contestées. Lire aussi Coronavirus : « Au Sénégal, Macky Sall veut s’éviter une islamisation des contestations à venir »

Dans la ville de Touba, siège de la puissante confrérie des mourides, à 200 kilomètres à l’est de Dakar, le bilan est de « trois véhicules d’intervention de la police et une ambulance brûlés, le centre de traitement des malades du Covid-19 attaqué, les vitres de la [compagnie nationale d’électricité] Senelec caillassées », a indiqué à l’AFP un haut responsable sénégalais s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Les manifestations ont également touché Mbacké, voisine de Touba, où des jeunes ont érigé des barricades et brûlés des pneus, ainsi que Diourbel (centre) et Tamba (est). « Le nombre d’interpellés s’élève à 74, à savoir 29 à Touba, 38 à Mbacké, 2 à Diourbel et 5 à Tamba », a déclaré mercredi en fin de journée une source proche du dossier ayant également requis l’anonymat.

Intervention du khalife des mourides

A Mbacké, des protestataires s’en sont pris au siège local de la radio RFM, appartenant au groupe de presse privé du chanteur et ancien ministre Youssou N’Dour, qui a subi « des dégâts matériels importants », a indiqué une association de journalistes, le Cadre de concertation des correspondants de presse du département de Mbackè (3CM).

L’association a appelé dans un communiqué « les autorités à assurer la sécurité des médias en période d’émeutes ». « Les responsables de ce saccage devront être traqués et traduits en justice », a abondé le Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse au Sénégal (CDEPS, patronat), dans un communiqué distinct. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : au Sénégal, les confréries religieuses au cœur de la solidarité

Dans un geste rarissime, le khalife général de la confrérie des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, est intervenu à la télévision au milieu de la nuit de mardi à mercredi pour demander l’arrêt des manifestations à Touba, deuxième agglomération du pays avec plus d’un million d’habitants.

« Retournez chez vous. Nous allons voir demain la source des problèmes et comment les régler. Je pense qu’on n’a jamais vu ça à Touba », a dit le plus haut responsable de la confrérie, dont les décisions ont quasiment force de loi pour ses millions de fidèles.

Rentrée scolaire reportée

Instauré le 23 mars par le président Macky Sall pour combattre le Covid-19, l’état d’urgence est jusqu’ici assorti d’un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin et d’une interdiction de circuler entre les régions. Il a été prolongé jusqu’à fin juin, même si le chef de l’Etat avait annoncé le 11 mai un assouplissement des mesures, comme la réouverture des marchés, des commerces et des lieux de culte. Lire aussi Au Sénégal, les faux médicaments contre le coronavirus en rupture de stock

De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une levée plus complète des restrictions. Elles invoquent le prix payé par les défavorisés dans un pays où environ 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale et où beaucoup vivent au jour le jour d’activités informelles.

Mais la pandémie continue à progresser. La rentrée scolaire, prévue mardi, a été reportée à la dernière minute à une « date ultérieure », après la découverte de la contamination de dix enseignants en Casamance, dans le sud du pays. Une décision est attendue dans les prochains jours sur le maintien ou non des mesures décrétées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.

Le Monde avec AFP

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