POLITIQUE

Campagne électorale pour les législatives anticipées : le coup d’envoi lancé pour les 41 listes ce soir, à minuit

 La campagne électorale pour les législatives anticipées du 11 novembre prochain démarre demain soir à partir de minuit. Pendant 20 jours, les 41 listes de partis, coalitions de partis et entités indépendantes vont sillonner les 46 départements et certains pays étrangers à la rencontre des 7 371 890 électeurs pour obtenir leur confiance dans le cadre de ces élections aux enjeux multiples aussi bien pour le pouvoir en place, l’opposition mais aussi la société civile, notamment les acteurs des Assises nationales.

Le compte à rebours est lancé pour les 41 listes de partis, coalitions de partis et entités indépendantes retenues par la Direction générale des élections et confirmées par le Conseil constitutionnel pour prendre part aux élections législatives anticipées du 17 novembre. C’est demain soir, à partir de minuit, en effet, que la campagne électorale pour ces législatives anticipées va démarrer. Pendant 20 jours, les 41 listes de partis, coalitions de partis et entités indépendantes vont sillonner les 46 départements et certains pays étrangers à la rencontre des 7 371 890 électeurs dont 7 033 850 répartis dans les15 633 bureaux érigés sur le territoire national et les 338 040 autres dans les 807 bureaux de votes à l’étranger. Premières législatives anticipées de l’histoire politique du Sénégal depuis l’indépendance, ces élections revêtent plusieurs enjeux aussi bien pour le pouvoir en place et l’opposition que la société civile, notamment les acteurs des Assises nationales.

En effet, élu au soir du 24 mars dernier en la faveur de la troisième alternance politique, l’actuel président de la République est à la quête d’une majorité parlementaire qui lui permettra de mettre en œuvre les promesses de rupture systémique tenues lors de la campagne électorale. Désigné tête de liste de la coalition au pouvoir qui ira à ces élections sous le nom du parti au pouvoir, Pastef, c’est l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko qui a la lourde responsabilité de mener la troupe du régime en place à la victoire au soir du 11 novembre prochain.

Pour rappel, lors de la dernière élection présidentielle du 24 mars, Ousmane Sonko avait réussi à faire élire dès le premier tour l’actuel chef de l’Etat, dix jours seulement après leur élargissement de prison. Deux ans auparavant, lors des législatives du 30 juillet 2022, il avait également réussi une belle prouesse en faisant élire la liste des suppléants de la coalition Yewwi askan wi au scrutin proportionnel. Aujourd’hui, avec le contexte économique difficile que traverse le Sénégal du fait de la dégradation successive de sa note par les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s, les inondations provoquées par la crue du Fleuve Sénégal et du Fleuve Gambie, Sonko sera-t-il en mesure de rééditer ces exploits ? Pour la réponse, il faudra nécessairement attendre la vérité des urnes au soir du 11 novembre prochain.

Du côté de l’opposition, ces législatives seront en quelque sorte un véritable baromètre pour départager les principaux acteurs politiques et savoir lequel va incarner véritablement le statut de chef. Car, si ce titre est attribué aujourd’hui à Amadou Ba, ancien Premier ministre et candidat malheureux de l’ex-régime du Président Macky Sall, c’est en raison de son classement lors de la dernière élection présidentielle. En effet, lors des concertations sur le processus électoral tenues dans le cadre du dialogue national lancé par le Président Macky Sall, le 31 mai 2023, les acteurs politiques avaient convenu au sujet des modalités de désignation du chef de l’opposition que le candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle portera ce titre. Et même si cet accord n’a jamais été transposé ni dans la Constitution encore moins dans le Code électoral, il reste l’enjeu principal de ces législatives pour Amadou Ba et les autres leaders de l’opposition à l’image de Barthélémy Toye Dias, Thierno Alassane Sall mais aussi l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall, qui a marqué son retour sur la scène politique sénégalaise suite à sa décision de diriger la coalition Takku Wallu Senegal…

A côté des partisans du régime en place et de leurs adversaires de l’opposition, ces législatives anticipées ont également un enjeu réel pour la société civile, notamment les acteurs des Assises nationales. Réunis autour de la Coalition de la société civile pour l’application des recommandations de la Commission de réforme des institutions (Cnri), ces acteurs avaient lancé lors de la phase de précampagne de la dernière présidentielle une campagne pour la mise œuvre des réformes institutionnelles préconisées par les Assises nationales. A ce titre, ils avaient auditionné 08 des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel dont l’actuel chef de l’Etat. En détention préventive, le candidat Bassirou Diomaye Faye, était représenté à l’époque par l’actuel ministre-conseiller juridique et Directeur de cabinet adjoint du président de la République, Sidy Alpha Ndiaye, professeur agrégé en Droit public.

Prenant la parole devant les membres de cette coalition présidée par l’ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum, non moins ancien modérateur des Assises nationales, Sidy Alpha Ndiaye, tout en exprimant l’adhésion de son candidat aux conclusions de la Cnri, avait fait état d’une « proximité idéologique et pragmatique » entre les conclusions des assises et de la Cnri et le programme « Diomaye président », notamment pour ce qui est de l’Appel à candidature pour certains postes administratifs, de la question des réformes judiciaires et du système hyper présidentialiste. D’ailleurs, aujourd’hui, en perspective du démarrage de la campagne, cette coalition a prévu ce samedi la projection d’un film-documentaire intitulé « Fàtte xaju fi ! » réalisé par Joseph Gaye Ramaka. Cette séance sera suivie d’un débat entre acteurs de la société civile, dirigeants et acteurs politiques, sur toutes ces questions.

NANDO CABRAL GOMIS

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