Cessez-le-feu en Syrie: les Turcs mettent en avant leur «victoire diplomatique»
Après l’annonce de la suspension de son offensive, lancée le 9 octobre, contre les forces kurdes en Syrie, le président Erdogan a salué sur Twitter un effort pour « promouvoir la paix et la stabilité ».
La presse pro-gouvernementale revient longuement sur la rencontre, qui a duré près de quatre heures et demie à Ankara, entre Recep Tayyip Erdogan et la délégation américaine menée par le vice-président Mike Pence. Elle veut y voir une « victoire diplomatique » de la Turquie, comme l’écrit le journal Sabah. « La Turquie a obtenu ce qu’elle voulait », renchérit Yeni Safak, en soulignant que les paramètres de la « zone de sécurité » – profondeur de 32 kilomètres, contrôle de l’armée turque, désarmement des forces kurdes… – reprennent les conditions d’Ankara. Des conditions que Washington et les forces kurdes avaient toujours rejetées jusqu’ici.
TürkiyeKazandi
Sur Twitter, le mot-clé « TürkiyeKazandi », qui signifie « La Turquie a gagné », était le plus partagé cette nuit sur les réseaux sociaux.
Le quotidien Sözcü cite pour sa part le chef du principal parti d’opposition, Kemal Kiliçdaroglu, qui salue ces annonces comme il avait soutenu le lancement de l’offensive.
Enfin, le journal de gauche Evrensel, dans un éditorial, apporte un peu de nuances : il estime que ce sont plutôt les pressions américaines qui ont permis l’interruption de l’offensive. L’interruption, et non l’arrêt, puisque comme le rappelle l’ensemble de la presse turque, Ankara se réserve le droit de reprendre ses attaques passé le délai de cinq jours.
« « Ce » cessez-le-feu qui concerne « cette » région, nous l’acceptons »
Du côté kurde, le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazlum Abdi, s’est exprimé sur la chaîne de télévision kurde Ronahi TV. « Nous avons participé à tout ce processus et nous pouvons dire que nous étions liés à la délégation américaine qui s’est rendue en Turquie. Ce cessez-le-feu et cet accord concernent les régions où il y a maintenant une guerre, c’est-à-dire la région située entre Ras al-Aïn et Tal Abyad. « Ce » cessez-le-feu qui concerne « cette » région, nous l’acceptons, a-t-il précisé. Et en ce sens, tout ce que nous pouvons faire en tant que FDS pour que cette trêve fonctionne, nous le ferons. Mais il y a des problèmes dans cette région et nous n’accepterons pas de changement démographique. Les habitants de cette région doivent regagner leurs maisons et leurs terres. Les objectifs des agresseurs ne doivent pas être réalisés. »