POLITIQUE

Chantage sur le Président : De quoi Macky Sall est-il coupable ?

Aujourd’hui le parti présidentiel est dans la tourmente. Les tenants du parti s’affrontent par presse interposée. Mais dans ces joutes verbales, le mot qui revient comme une ritournelle est « chantage »… « Le Président Macky Sall n’acceptera pas le chantage », « le chantage ne passera pas », « ceux qui s’adonnent au chantage sur le président doivent cesser », et patati et patata…

Aujourd’hui, le spectacle qui s’offre au public est tellement désolant que des voix s’élèvent pour inviter le Président Sall à siffler la fin de la récréation. Ce qui révulse le plus, est que cette guerre fratricide a pour principale cause un partage du butin. Quand on entend des accusations du genre « un tel a bénéficié de milliers de tonnes de semences et d’intrants », qu’un autre dont on ne connaissait pas de fortune hier « conduit aujourd’hui un bolide qui coûte 80 millions et habite dans une maison qui coûte 1 milliard » etc., il y a vraiment des questions à se poser sur l’intégrité de ceux qui nous dirigent.

Dans leurs sorties, il n’est nullement question des préoccupations des populations, mais de leurs intérêts partisans. Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi les finances publiques sont exsangues, et pourquoi les populations croupissent dans une telle pauvreté. Parce que la voracité et la gloutonnerie des dirigeants sont telles qu’ils dévorent tout ce qui leur passe sous la main. Et si les choses en sont arrivées à ce stade, la faute incombe tout d’abord au chef de l’État, qui semble avoir du mal à maîtriser ses troupes.

D’ailleurs, malgré les scandales financiers qui éclaboussent ses ouailles, aucun d’entre eux n’a été à ce jour traduit devant la justice. Qu’est-ce qui justifie cette impunité ? De quoi le Président Sall était-il coupable, au point que certains n’hésitent pas à le « faire chanter », comme le déplorent ses défenseurs ?

L’implication de sa famille dans les affaires de l’État en est-elle la cause principale ? Cette question s’impose d’autant, qu’aujourd’hui, l’appareil de l’État est infesté par les membres de la famille présidentielle, qui y occupent des postes stratégiques. Ces membres de la famille présidentielle sont-ils exempts de tout reproche ? En tout cas, pour ce qui est du frangin Aliou Sall, il a été accusé à « tort » ou à « raison », d’avoir fait main basse sur les ressources pétrolières du pays et d’avoir pompé la somme de 6000 milliards Cfa.

Quant à Mansour Faye, il est lui aussi soupçonné, à « tort » ou à « raison », de corruption dans l’affaire de la cession de l’eau à Véolia-Suez. Selon Mignane Diouf, l’entreprise française Suez Véolia est pour l’eau ce que l’homme d’affaires roumano-australien est dans le pétrole. «Depuis le début de ce dossier que nous avons relaté à travers différents faits, nous ne pouvons pas comprendre que pendant que le ministère de l’Hydraulique lance un appel d’offres, le ministre en tête de ce département reçoive des dons d’une entreprise qui a déposé une soumission dans cet appel d’offres», avait-il ajouté.

À ce jour, aucune réaction tendant à apporter un démenti à cela, n’a été notée. Donc, si dans l’état actuel des choses certains se permettent de se sucrer comme bon leur semble, et de s’invectiver par presse interposée, c’est que quelque part, il y a une défaillance notoire… Et aujourd’hui, cette guéguerre au sommet ne fait que révéler le degré de décrépitude de nos dirigeants qui sont censés manager l’économie du pays, mais s’adonnent à une nouba au sommet de l’État, qui les met à nu et les discrédite.

Chose plus inquiétante, même le chef de l’État est accusé, lui aussi, de festoyer avec les deniers publics. L’on se rappelle que lors de son retour à Dakar en février dernier, avant la présidentielle, Abdoulaye Wade avait, sans prendre de gants, accusé Macky Sall d’avoir, lui et son frère Aliou Sall, détourné des milliards de francs.

Comme pour enfoncer le clou, l’ex Pm, Abdoul Mbaye, d’y aller lui aussi avec cette accusation de faux décret dans l’affaire Petrotim. Ceci expliquerait-il cela ? En tout cas, selon Confucius, «si le chef est droit, même s’il ne commande pas, tout va bien. S’il n’est pas droit, malgré ses ordres, personne n’obéit.»

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