Commercialisation du tabac électronique au Sénégal : la Listab récuse le décret
La Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), récuse le nouveau texte portant modification de la loi n°2024-14 du 26 mars 2014 relatif à la fabrication, au conditionnement, à la vente, à l’étiquetage et à l’usage du tabac, examiné et adopté en Conseil des ministres le mercredi dernier. Cette entité de la société civile a estimé hier, mardi 10 octobre 2023, au cours d’un point de presse que «le gouvernement autorise à l’industrie de commercialiser le tabac chauffé (cigarette électronique) qui est interdit au Sénégal».
La cigarette électronique est interdite au Sénégal, tout comme d’autres formes de tabac. Mercredi dernier, en réunion du Conseil des ministres, le gouvernement du Sénégal a pris un autre projet de texte portant modification de la loi n°2024-14 du 26 mars 2014, relatif à la fabrication, au conditionnement, à la vente, à l’étiquetage et à l’usage du tabac, examiné et adopté, pour autoriser la commercialisation de la cigarette électronique. Selon la Listab, ce texte dont le contenu est aux antipodes de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour la lutte antitabac, déclasse le Sénégal de son rôle de pays exemplaire dans la protection de sa jeunesse contre l’explosion à des maladies non transmissibles.
Pour Djibril Wélé, coordonnateur de la Listab, il y a une complicité entre Dr Oumar Ba, coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac (Pnlt) et Samba Ndiaye qui est le chef du Bureau de la Législation au ministère de la Santé et de l’Action sociale. «Un texte ne peut pas sortir du ministère de la Santé, aller au Secrétariat général du gouvernement (Sggg), sans l’implication de ces deux personnes. Même si Dr Oumar Ba nie avoir pas été impliqué, ce que nous jugeons impossible».
Aujourd’hui, ces derniers ignorent le contenu de ce texte. Toutefois, ils demandent à l’Etat de le retirer. «Nous avons cherché à avoir le texte qui, malheureusement, est introuvable. Nous avons demandé au niveau du Secrétariat général du gouvernement (Sggg), par le biais d’autres partenaires, et on nous a informé que n’étant pas encore numéroté, il ne peut pas faire l’objet d’un partage», a renseigné M. Wélé. Et d’insinuer : «il y a quelque chose que l’on nous cache dans ce texte, car le décret ne peut pas passer en Conseil des ministres sans qu’il n’y ait un comité technique. Sinon, nous le saurions».
UN TEXTE POLEMIQUE
Pour la Listab, l’objectif dudit texte est d’augmenter davantage les cancers. «Si vous donnez à l’industrie du tabac l’autorisation de commercialiser la cigarette électronique, alors que le tabac est interdit dans le pays, c’est un problème. Pour que l’industrie du tabac puisse le commercialiser au Sénégal, il faut une autorisation qui passe par la loi. Nous étions en train de réglementer ces produits dans la loi de 2014, avec une révision, on nous passe un décret dont on ne sait d’où cela vient», s’est désolé Djibril Wélé.
Et de signaler : «c’est une commande de l’industrie du tabac. Nous avions eu des informations dans le passé. Les acteurs sont allés voir d’abord le ministère des Finances, qui leur a dit n’être pas habilité à donner les autorisations. Depuis quelques mois, nous étions au courant des agissements de l’industrie du tabac, sauf que l’on n’imaginait pas qu’au moment où on nous a isolé, pour réviser la loi de 2014, on préparait ce coup».
Pour Bamba Sagna, un des acteurs de la lutte, «ce que nous reprochons à ces décrets, c’est de faire la promotion de ces produits qui sont extrêmement dangereux. On voit que le Pnlt veut faire la promotion de ces produits. Nous interpellons les parents d’élèves car ces produits sont maintenant dans les écoles. Ils ressemblent à des outils scolaires comme les bics feutres, clés USB».
Denise ZAROUR MEDANG