Conséquences Des Emeutes De La Semaine Dernière: Près De 200.000 Archives Incendiées à L’UCAD Et Ses Campus Social Et Pédagogique Fermés Jusqu’à Nouvel Ordre
Le 1er juin dernier coïncidait avec le verdict du fameux procès Sweet Beauty. Dès que deux années de prison ferme pour corruption à la jeunesse ont été prononcées à l’encontre du leader de PASTEF, s’en suivirent des manifestations, des scènes de violence ainsi que de nombreux actes de pillage. L’UCAD semble en payer le plus cher prix, car ayant été privée des archives de bon nombres d’étudiants et chercheurs, mais aussi elle se voit ses campus pédagogique et social fermés aux étudiants.
« Quand un vieillard meurt en Afrique c’est une bibliothèque qui brûle », disait le célèbre écrivain malien Amadou Hampâté Bâ pour ainsi rendre hommage aux ainés de la culture africaine. Malheureusement, ici au Sénégal, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été le théâtre d’une série de saccage et de destruction de biens public et privé la semaine dernière. Le temple du savoir qu’est cette université n’a pas échappé à la furie des émeutiers dont particulièrement le bâtiment des archives. Ce dernier a été vandalisé par des pourfendeurs d’une animosité sans commune mesure et ainsi, ce sont donc près de 200.000 documents qui ont été brûlés dans la salle des archives selon le Chef des archives Lamine Diabaye. Notons que ces archives sont principalement des dossiers scolaires, des fiches d’inscription, des photos, des extraits de naissance, des bulletins de note, des mémoires, des thèses en un mot le fruit de plusieurs années de travail acharné d’étudiants mais également du personnel, des enseignants, des chercheurs et autres ; c’est-à-dire le passage de plusieurs générations d’anonymes et de personnalités de 1957 à 2010. Ce fait ne doit pas rester impuni et il nous autorise, à nous autres amoureux de l’UCAD, de dire ‘’honte aux destructeurs du savoir pour ne pas dire la République’’ !
L’ensemble de ces documents partis en fumé soulève évidemment la question de la numérisation au Sénégal, mais seulement et en premier lieu, la conscience des gens doit être en premier lieu interpellée. Comment peut-on manifester sa colère et détruire ce qu’il y’a de plus utile pour le savoir notamment l’éducation et ou la formation ? Là, nous voulons parler d’une Université, elle est censée contenir une bibliothèque qui, selon l’écrivain malien, est d’une importance capitale.
A ce propos, n’est-ce pas plus vaste un ‘’contenant’’ que son ‘’contenu’’, une Université n’est-elle pas le contenant de la bibliothèque dont faisait allusion ce savant ? En tous cas, le Directeur Général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) n’est pas resté aphone lorsque la problématique lui a été exposée hier dans un organe de presse de la place. Maguette Sène laissait entendre ceci : « Des messages ont été lancés dans les réseaux sociaux par les gens de PASTEF demandant à toutes les unités de PASTEF, tous les manifestants de rallier l’Université, j’ai eu à faire des captures d’écran que je peux vous remettre, voilà des gens qui ont demandé à ce que tout le monde se rende à l’Université pour aider les étudiants à sortir. (…) Ah, mais quelqu’un comme Outhman Diagne que tout le monde connaît, qui donne des mots d’ordre à longueur de journée, j’ai capturé sa publication demandant à ce que les gens se rendent à l’Université pour aider les étudiants à sortir. Ça, ce n’est pas lui seul, c’est d’autres aussi qui l’ont fait ». Nous faisons usage de cette citation juste pour faire la corrélation d’un appel qui semble inciter à la mobilisation dans l’enceinte d’un temple du savoir occasionnant au passage la fermeture d’une université (le campus social et pédagogique jusqu’à nouvel ordre). C’est une situation qui est loin d’être anodine qu’une condamnation d’un leader politique en résulte la destruction d’une Université. Dès lors les responsabilités doivent être situées illico presto et que plus jamais ça ne se reproduise !
Mamadou Sow (Stagiaire)