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Covid-19, une belle affaire: Le traitement coûtera 2340 dollars aux Etats-Unis, annonce le laboratoire Gilead

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Le laboratoire Gilead, détenteur du brevet du Remdesivir, un antiviral envisagé comme traitement de la Covid-19, a fixé son coût à 2340 dollars (soit 2076 euros) pour un traitement individuel de cinq jours. Une somme « largement accessible » selon le laboratoire mais dont l’effet d’annonce fait office de « bluff » selon un ancien responsable de l’Agence du médicament.

De l’espoir pour les malades graves du coronavirus, mais à quel prix ? L’Agence européenne des médicaments a recommandé jeudi 25 juin d’autoriser l’antiviral Remdesivir comme premier médicament contre le Covid-19 aux Etats-Unis. Un traitement à administrer pendant cinq jours qui, selon le laboratoire Gilead et son CEO dans une lettre ouverte, coûtera la modique somme de 2.340 dollars au total par patient (soit environ 2.076 euros). Un prix, dixit Gildead, « pour les pays développés du monde entier, afin de créer un modèle à prix unique« . 

Gilead CEO pens an open letter announcing and justifying the price of Remdesivir, a COVID-19 treatment. Governments will be charged $390 a vial. Most patients will need 6 vials over 5 days= $2340. US private insurance will be charged $520 dollars or $3120 for 6 vials needed. pic.twitter.com/atT46UBEX8— Bryan Llenas (@BryanLlenas) June 29, 2020

Selon Gilead, le traitement avec Remdesivir permettrait d’économiser en moyenne 12.000 dollars par patient, grâce aux quatre jours d’hospitalisation qu’il permet d’éviter. Voulant le rendre « largement accessible« , la société a donc décidé de la facturer en-deçà desdits 12.000 dollars, précise le CEO. Le prix pour les assurés américains du secteur privé ne sera pas le même, légèrement plus élevé, soit 3120 dollars. The Institute for Clinical and Economic Review, une organisation qui évalue le prix des médicaments, avait recommandé de fixer le prix du remdesivir entre 2520 et 2800 dollars. 

La firme n’impose pas son prix » selon l’ancien responsable de l’Agence du médicament

La biotech américaine a précisé que ce prix serait identique pour tous les pays développés. Or, selon Jean-François Bergmann, ancien responsable de l’Agence du médicament, sollicité ce mardi par LCI, Gilead fait du « bluff » en annonçant un tel prix : « Aux Etats-Unis, les prix sont libres, donc Gilead est parfaitement libre de le vendre et les gens de l’acheter à environ 2000 euros. Mais en France et en Europe de l’Ouest, les prix sont réglementés » précise-t-il. « Ce n’est pas la firme qui impose son prix mais bien le Conseil Economique des Produits de Santé après un avis sur la qualité et la quantité des faits du médicament. Ce médicament ayant une efficacité modérée, il aura un prix modéré. » 

En effet, l’efficacité du remdesivir reste peu spectaculaire : il fait passer la durée de rétablissement des malades hospitalisés de 15 à 11 jours en moyenne et n’a pas prouvé de bénéfices en termes de réduction de la mortalité. « Un médicament moyen qui marche un peu, qui réduit un peu la durée des symptômes et très discrètement la mortalité« , résume Jean-François Bergmann. « Il ne marche que chez les cas graves, mais pas trop graves : chez les malades en réanimation, ça ne marche pas ; chez les malades qui n’ont pas besoin d’oxygène, ça ne marche pas… La cible et le nombre de patients qui peuvent être traités restent assez limités. » 

En d’autres termes, ce traitement ne servira que dans très peu de cas et son coût en France sera proportionnel à son utilisation : « Il y a une étape nationale de négociation des prix qui se fait dans tous les pays d’Europe et je suis absolument certain qu’en France, ce ne sera pas un prix de l’ordre de 2000 euros. » D’autant que, « globalement, les médicaments européens sont à peu près à moitié du prix des médicaments nord-américains. Donc dire qu’il coûtera 2000 euros (en France) reste de l’ordre de l’anticipation sur quelque chose qui ne se passera pas. » Il n’en restera pas moins un traitement cher, mais « proportionnel au bénéfice« , « le traitement n’étant utile que chez une infime partie des malades« . 

Non pas « un vaccin » mais « des vaccins »

Fabriqué par le laboratoire Gilead, le Remdesivir avait été initialement développé – en vain – contre la fièvre hémorragique Ebola. Ce médicament antiviral expérimental qui n’a pas encore été approuvé par la FDA mais a reçu une autorisation d’utilisation d’urgence est promu par les Etats-Unis, qui avaient officiellement annoncé fin avril qu’il réduisait le temps de rétablissement des malades. La publication de ces recherches fin mai dans la revue New England Journal of Medicine a confirmé ces affirmations. La semaine dernière, l’Agence européenne des médicaments a recommandé sa mise sur le coMmerce.

Aussi, au-delà des promesses suscitées par le Remdesivir, pour l’heure, existe-t-il des pistes intéressantes, en parallèle, pour les traitements préventifs ? « Sur le fait de donner un traitement tôt pour empêcher de l’attraper ou pour que les symptômes soient les plus minimes possibles, il n’y a rien, comme bien souvent dans les maladies virales. Tous les traitements, dont l’hydroxychloroquine, se sont révélés négatifs, ils ne marchent pas. Je ne pense pas qu’on n’en trouvera pas à ce niveau précoce de la maladie. » Pour le vaccin, même si la mobilisation est mondiale, « ce n’est pas pour tout de suite »  poursuit-il, même s’il concède que « cela avance dans pleins de directions. Je ne pense pas qu’on n’aura un vaccin mais des vaccins. » 

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