TECHNOLOGIE - SCIENCE

[Découverte] « Sonko révolution » : le jeu vidéo qui combat les « Sathie » de la République

Lancé le 13 décembre 2021, « Sonko Révolution » est un jeu d’action créé par un jeune développeur sénégalais répondant au nom de Cheikh Gueye et qui s’inspire du leader du Pastef. Dans les différentes missions, le joueur devra se battre contre de nombreux ennemis ayant obtenu l’exploitation de richesses naturelles du pays de façon « frauduleuse » avant de faire face au « Tyran »  dans le palais de la République lors du combat final.

L’application à peine ouverte, un personnage, vêtu d’un ensemble de survêtement (jogging) noir et une paire de basket de la même couleur, apparaît. Au-dessus de sa tête, on peut voir marquer son nom : « Sonko ». Il s’agit du personnage principal. Si ce dernier s’affiche dans un style décontracté, c’est parce qu’il va y avoir de la baston. Des ninjas rouges, transpercés par un sabre à l’abdomen, sont les premiers à attaquer. Pour se défendre, il suffit d’appuyer à plusieurs reprises sur un bouton représentant un poing fermé pour voir Sonko envoyé un enchaînement composé d’un coup de coude, d’un direct gauche-droite, d’un uppercut et si on insiste un peu plus le personnage effectue un salto arrière.

La première partie du jeu vous emmène à combattre les « voleurs de pétrole ». Ce sont des personnes bien en chair à la tête dégarnie. Passée cette étape, le personnage fera face à des orpailleurs pour récupérer les contrats d’or. Pour permettre à Sonko de poursuivre sa progression, des jeunes vont croiser le fer avec les forces de l’ordre dans la partie dite des « émeutes ». Après ça, le personnage fait son entrée dans la cité des voleurs et se bat contre les « Sathie » (voleurs) de la République. Petit fait drôle, chaque  « Sathie » éliminé pousse un « Wouy Yakouna » avant de s’effondrer. Une expression rendue célèbre par un célèbre homme politique sénégalais, le député Boughazelli, lors de son arrestation par la police alors qu’il était en possession de faux billets. Enfin, Sonko arrive au palais pour y affronter le « tyran » esquissant des pas de danses, rappelant celles des lutteurs, sur des percussions endiablées.

« C’est ma participation à l’effort de changement qui est en train de se faire dans notre pays »


« Sonko Révolution » est l’œuvre de Cheikh Gueye, un développeur sénégalais et compte plus de 10 000 téléchargements sur Apple Store. L’entrepreneur numérique donne les raisons qui l’ont poussé à concevoir ce jeu : « C’est ma participation à l’effort de changement qui est en train de se faire dans notre pays. De la même manière que les autres s’expriment à travers des lives facebook, des livres et des chansons, j’ai voulu le faire aussi dans le coding vu que c’est ce que je maîtrise. C’est ma façon d’exprimer ma vision de la société et surtout de ce qu’est l’esprit Ousmane Sonko ». Justifiant le choix d’Ousmane Sonko comme personnage principal, le jeune homme voit le nouveau maire de Ziguinchor comme une véritable source d’inspiration.

« Avant que Sonko ne fasse son apparition, je ne m’intéressais pas aux politiques. De nature, je déteste les politiciens ; je les considère comme des personnes méchantes. Si je m’intéresse aujourd’hui à la politique c’est grâce à Ousmane Sonko. Je sais que si j’étais un homme politique, j’allais être comme Ousmane Sonko. Je me retrouve en lui et je le considère comme un exemple », explique-t-il.

Pour le futur de son jeu, Cheikh a l’ambition d’intégrer d’autres personnages bien connus de la scène sénégalaise. « Il y a même une version qui n’est pas encore sortie. A l’intérieur, il y avait des étapes où Sonko allait dans des prisons pour libérer Guy Marius Sagna, étant donné qu’il y est très souvent (rires) et Barthélémy Dias. Je les ai enlevées et je prévois de les mettre dans la deuxième version de l’application », dit-il. Il poursuit : « Dans le futur, « Sonko révolution » contiendra toutes les personnes de ce pays que je considère comme intègre ».

Un jeu en cours d’amélioration

Pour les « geeks », ce jeu peut paraître assez simpliste entre le gameplay, les 4 commandes (les analogues pour déplacer le personnage et la caméra ; le bouton pour frapper et celui pour sprinter) et le graphisme en 3d… pas vraiment au niveau des autres jeux sur le marché. « Ça peut se comprendre parce que le jeu a été créé en moins d’un mois. Avec un seul développeur, moi, je n’ai pas d’équipe. Et c’est avec une seule machine que j’ai créé ce jeu. Et j’avais aussi mes obligations au niveau du bureau. Du coup, je ne pouvais pas me payer le luxe de développer un jeu avec un rendu exceptionnel », se justifie-t-il.

Selon le développeur, le principal obstacle à l’évolution de son jeu est d’ordre financier et il pense qu’avec une certaine somme « Sonko Révolution » pourrait rivaliser avec ce qui se fait de mieux dans le domaine. « Je pense que si j’ai un financement de 5 millions je pourrai hisser ce jeu au niveau des Fortnite et autres, ambitionne-t-il. La plupart du temps, ce qui est le plus cher, c’est la main-d’œuvre et une bonne machine. J’ai déjà un bon ordinateur et les connaissances qui vont avec. Pour ce jeu, je n’ai rien dépensé et c’est déjà énorme ».

« J’ai reçu des menaces »


Lors de la sortie de son jeu, Cheikh Gueye avait bénéficié d’un gros coup de pub. En effet, l’un des administrateurs du groupe « Mafia Kacc Kacci » avait partagé l’application sur la plateforme. Une initiative qui lui a valu plus de 7000 téléchargements en une semaine sur Play Store et des tonnes de retours positifs mais aussi négatifs et pas des moindres.

« J’ai reçu des menaces d’une personne qui se dit responsable de l’alliance pour la république aux parcelles assainies. Il m’a appelé et m’a demandé de retirer le jeu. Je lui ai demandé pour quelle raison ? Il me dit que j’ai utilisé les noms « voleurs de pétrole et d’or » dans le jeu. Je lui ai dit de me citer leurs noms et il n’arrive pas à le faire. Et cet homme m’a assuré que si je ne supprime pas ce jeu, il me créera des ennuis. Et je lui ai dit de le faire puis j’ai raccroché et je l’ai bloqué », raconte-t il.

« Sonko Révolution » un voyage musical



L’un des points positifs de « Sonko révolution » est sa playlist musicale. Dans les premiers instants du jeu, la voix mélodieuse et envoûtante de Yandé Codou Sène se fait entendre et accompagne le joueur. Toujours dans une ambiance mélancolique, la chanson « Ndaw » de Baye Mass intervient lors des affrontements entre les policiers et les jeunes. Avant le combat final, le « Tyran » effectue un « Bakou » (pas de danse d’un lutteur avant un combat) sur des chants sérère. Quand le duel commence, le célèbre morceau de Yandé Codou Sène « Gaïndé » remixé par Ñuul Kukk résonne pour un but précis. « Quand on chante « Gaïndé », c’est pour galvaniser Sonko afin qu’il attaque qu’il sorte victorieux de son combat contre le tyran », précise le développeur.

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