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Défaite des Lions, Limousine, Petrotim…: Ce qu’en pense Hélène Tine

Ancien député à l’Assemblée nationale et coordinatrice du Mouvement pour un Sénégal d’éthique et de travail, Hélène Tine a été, ce samedi, l’invitée du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi Fm, elle est largement revenue sur les sujets d’actualité avec, notamment, la prestation des Lions lors de la Can, le décès de Tanor avec la limousine présidentielle qui a pris feu à Nguéniène, entre autres sujets d’actualité. Morceaux choisis.

Nos Lions sont encore tombés en finale de la Coupe d’Afrique des nations face aux fennecs d’Algérie. Quel commentaire faites-vous à la défaite ?

C’est vrai qu’on avait beaucoup d’espoir et c’était des espoirs légitimes, compte tenu de l’équipe que nous avons aujourd’hui et qui est plébiscitée par le monde entier. Tous les chroniqueurs et analystes sportifs sont d’accord que le Sénégal a une très belle équipe qui peut nous amener très loin. Mais hier (vendredi), les chances du Dieu du foot n’étaient pas avec nous. Parce que l’équipe a quand même bien joué. L’équipe du Sénégal a joué tout le match, mais l’Algérie qui a gagné. Dieu en a décidé ainsi et je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter l’équipe et le coach. Il ne faut pas qu’ils se découragent et il faut aussi que l’équipe et les Sénégalais les soutiennent. Il ne faudrait pas qu’on profite de cela pour dire qu’on va changer de coach parce qu’il y a un échec. Je ne pense pas qu’il y a eu échec. On a manqué de chance. Et, ce n’est pas en changeant à chaque fois de coach, en détruisant, qu’on va réussir. D’autant plus que c’est avec un coach sénégalais, une équipe sénégalaise, un staff sénégalais qu’on a pu arriver à ce niveau. J’encourage tout le monde et je salue cette prestation. Je lance aussi un appel à la population de continuer à se mobiliser autour de cette équipe. Ils savent se retrouver autour de l’essentiel, autour de ce qu’il y a de plus fort pour la nation. Parce que là, c’est le nom du Sénégal, c’est le drapeau du Sénégal qui était en jeu. Et c’est l’honneur du Sénégal et de nous tous. Le foot est un facteur important d’une cohésion sociale.

Ousmane Tanor Dieng a été rappelé à Dieu lundi dernier. Que retenez-vous de lui ?

Je profite de l’occasion pour dire publiquement toute ma compassion, toute ma tristesse quand j’ai appris le décès d’Ousmane Tanor Dieng. Il fait partie des leaders politiques avec qui j’ai cheminé, surtout dans l’opposition. Je pense qu’en 2001, quand l’Afp est sortie du Gouvernement d’Abdoulaye Wade, on s’est retrouvé dans l’opposition. Ils ont su avoir un sens de dépassement lui, Moustapha Niasse et les autres, pour se retrouver encore dans l’opposition en 2001 autour du Cpc. On a cheminé ensemble jusqu’à 2012. Dans Benno Bokk Yakaar (BBY) je ne l’ai pas côtoyé parce que j’ai cheminé un peu dans BBY avant de me retirer. Ce que je peux témoigner, c’est qu’il a marqué l’histoire politique du Sénégal et c’est un homme très calme, très serein, qui ne parle pas beaucoup. C’est ça que je retiens. Les générations futures ont beaucoup à apprendre de lui parce qu’on assiste maintenant à des déballages,… C’est ce qui marque le champ politique actuel, mais lui c’est le calme la sérénité, même s’il fait ce qu’il a à faire selon ses convictions même s’il pose ses actes politiques. Je prie le bon Dieu qu’il repose en paix. Que le bon Dieu l’accueil dans son paradis et que le bon Dieu soutienne sa famille. Il a beaucoup travaillé pour le Sénégal à travers son engagement politique, sous Diouf jusqu’à maintenant. On espérait qu’il termine son mandat au Hcct pour 5 ans, mais Dieu en a décidé autrement. Je pense que c’est un rappel à nous tous politiques que Dieu est là. Il ne faudrait pas qu’on pense que la politique est hors de portée du bon Dieu. Il faut qu’on sache que nous tous, un jour, on va devoir se retrouver face à lui et que nous devrons rendre compte de nos actes.

Que pensez-vous des retrouvailles de la grande famille socialiste lancées par Tanor avant sa mort ?

Je pense que cet appel était tout à fait normal. Parce qu’au-delà du Parti socialiste, il y a toute la gauche sénégalaise qui est en lambeau. Je dois dire que c’est la gauche qui a porté les assises nationales qui a été au pouvoir avant que Wade ne vienne. Pendant 40 ans après, les socialistes se sont retrouvés au lendemain de cette alternance depuis 2000 en déconfiture contenue. On a vu ce que l’Afp est en train de devenir, ce que le Ps est devenu, le Pit, la Ld,… Je pense que cet appel devrait concerner toutes les forces de gauche pour que les gens se retrouvent autour de l’essentiel, mais je ne pense pas que ce soit facile. Ça demande beaucoup d’esprit de dépassement et que les gens mettent le Sénégal en avant. C’est pourquoi j’ai aussi apprécié la sortie de Khalifa Ababacar Sall qui, de sa prison, a tenu à adresser cette lettre pour présenter ses condoléances et dire tout ce qu’il a vécu avec Tanor. Je pense que ça c’est une preuve de grandeur. Je pense que nous tous faisons preuve de grandeur, mettons l’intérêt général de l’avant cet appel de Tanor qui a été précédé par d’autres tentatives de regroupement de la gauche pourrait être une réalité. Mais les hommes politiques sénégalais, quand ils sont dans l’opposition ou dans le pouvoir, ils ne sont pas les mêmes.

La limousine présidentielle a pris feu à Nguéniène lors de l’enterrement de Tanor et cela a suscité un débat sur la sécurité du Président. Pensez-vous que Macky Sall n’est pas en sécurité ?

Je dois dire que cet incident a dû, comme c’était mon cas, choquer beaucoup de Sénégalais. On était choqué de constater à ce niveau qu’on ait un incident pareil, d’autant plus que c’était le Président de la République du Sénégal. Même si c’était un Ministre, ce n’est pas normal. En plus, il était avec son homologue malien. C’était ahurissant. On ne peut pas le qualifier. Que le Président Macky Sall, pour une courte distance, soit exposé à ce point, mais c’est dangereux. Aujourd’hui, c’est nous-mêmes Sénégalais qui nous sentons en danger. Si le Président est à ce point exposé, moi je me sens en danger. C’est pourquoi j’en profite pour dire ici solennellement que le procès qu’on est en train de faire à Guy Marius Sagna, activiste, est quand même injuste. On l’accuse d’avoir tenu des propos visant à dire qu’il y aurait un complot terroriste en vue. De l’avoir écrit. D’abord, je pense qu’on ne doit pas reculer aussi loin sur le plan du droit à l’expression. Que les gens puissent dire ce qu’ils pensent dans ce pays. C’est un droit constitutionnalisé. C’est vrai que nous avons voté une loi qui durcit les sanctions quand il s’agit du terrorisme, mais je pense que si quelqu’un dit qu’il faudrait qu’on fasse attention des tentatives d’attaques terroristes venant de quelque pays que ce soit, mais qu’on ne le prenne pas et qu’on le mette en prison. Moi je lance un appel qu’on ouvre une enquête parce que ce qui s’est passé à Nguéniène conforte ce que dit Guy Marius Sagna. Parce qu’aucun Sénégalais ne devrait se sentir en sécurité du moment où on a assisté à une scène où le Président de la République, pour une si courte distance, s’est retrouvé dans un véhicule qui a pris feu avec son homologue malien. Je pense qu’il a raison et l’insécurité première c’est le laisser-aller qu’on voit dans la sécurité de l’Etat. Je pense que ça, c’est plus flagrant depuis que Macky Sall est au pouvoir que de tous les régimes du Sénégal. On banalise la sécurité de l’Etat et c’est inacceptable. Ça fragilise le Chef de l’Etat et ça fragilise le Sénégal. J’espère que l’enquête qui a été annoncée va se faire. Est-ce que cette voiture a été achetée dans les circuits normaux de l’Etat ? Est-ce que cette voiture qui a fait 7 mois peut prendre feu ? Qu’on ne nous parle pas de fétiche ou de je ne sais quoi. Nous les sérères, on ne l’accepte pas. Qu’on ne sorte pas des histoires de “pangols” ou de “khoy” ou de mystique. La chose doit être prise beaucoup plus au sérieux.

La Cour suprême a rejeté le rabat d’arrêt dans l’affaire Khalifa Sall. En tant que membre de l’opposition, vous avez annoncé des actions pour le tirer d’affaire. Où est-ce que vous en êtes?

Je dois dire que nous avons souhaité assister à la délibération de la Cour suprême qui a posé ce dernier acte de cette longue cabale politique. Les jeunes du front citoyen parlent de complot politique. Je pense qu’aujourd’hui, la procédure est terminée et il faut continuer le combat politique. On n’a que ça pour demander la libération de Khalifa Ababacar Sall (…). Nous avons fait une cérémonie collective de signature de cette pétition. En tant que femmes, au lieu de faire des signatures individuelles, nous avons décidé que les femmes soient ensemble et qu’elles continuent d’être ensemble sur ce combat-là. Normalement, nous attendons que notre sœur Aida Mbodj, qui a décidé de faire une cérémonie de signature collective à Bambey, prenne date pour que nous tous nous nous mobilisions pour sensibiliser les Sénégalais et continuer à leur montrer que ce n’est qu’une cabale politique. Ce n’est qu’un complot politique qui fait que depuis trois ans, un digne fils du Sénégal est emprisonné et que le bon Dieu ne dort pas aussi. Il est en train de nous montrer qu’on doit gérer ce pays en mettant en avant la foi et les valeurs. Je pense que ce qui est en train d’arriver durant tous ces deux ans est terrible. Il a été accusé de tous les péchés d’Israël, être victime d’une procédure “fast track”, être dépouillé de ses mandats d’élu du peuple (maire, député). C’est quand même violent, indécent et ce n’est pas acceptable. C’est pourquoi cette symbiose dont on parle, cette cohésion nationale, moi je dis qu’il y a des failles parce qu’il y a beaucoup d’injustice. Il y a beaucoup de violence d’Etat et on ne l’attendait pas du Président Macky Sall. Maintenant, on l’a empêché d’être candidat à la présidentielle alors que la procédure vient d’être bouclée. Le dernier acte de la procédure a été posé le 16 juillet dernier. Il faut qu’on revienne à la raison. J’interpelle le président Macky Sall de profiter de ces moments que nous vivons, avec ce qui nous arrive d’heureux comme de malheureux, pour se ressaisir et rendre justice à Khalifa Ababacar Sall, rendre justice à sa famille. Aujourd’hui, Macky a gagné et il doit gouverner. Mais son fast track est au ralenti parce qu’il y’a des questions d’éthique et de fond sur lesquelles on ne peut plus continuer de transiger.

Parlons de l’affaire Petrotim. Pensez-vous que l’enquête ouverte servira à quelque chose ?

Je suis sceptique parce que pour moi, le procureur aujourd’hui, la voie par laquelle on est passée pour élucider cette affaire, n’a pas de crédibilité. Il y a un problème de crédibilité de la démarche du procureur, de ses actes qu’il pose. De la même façon qu’il avait organisé une conférence de presse pour enfoncer Khalifa Sall, pour s’acharner sur lui, instruire son dossier pour l’amener à Rebeuss par un mandat de dépôt, et ça c’était pour 1,8 milliard. Aujourd’hui, dans un dossier de milliers de milliards, on dit qu’il va ouvrir une enquête et il cherche des témoins. Il cherche des témoins pour quoi faire ? Ce n’est pas normal. C’est du dilatoire. Je ne sais pas ce qu’on doit faire de ce procureur. Je pense qu’il est grand temps qu’il soit remplacé par quelqu’un d’autre. Il agit pour le compte du pouvoir alors qu’il devait être là pour la société. Il est partisan à la limite (…). Aujourd’hui on lui confie le dossier de Petrotim alors qu’il était là en 2016 quand Timis a porté plainte contre d’honnêtes Sénégalais qui avaient commencé à dénoncer la chose. Il était là et il ne s’est pas autosaisi. Pis, il attend que son patron (l’exécutif) le met en marche, mais il ne va faire que ce que veut l’exécutif. Je pense que pour ce dossier, il faut aller à la Crei. Aliou Sall doit justifier cet argent qu’on lui reproche.

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