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Destitution de Donald Trump : les démocrates ouvrent la voie à des auditions publiques

Le président et son entourage n’ont eu de cesse de critiquer le secret de ces auditions, accusant les démocrates de distiller des éléments choisis pour donner une image faussée de la réalité.

Après cinq semaines d’interrogatoires à huis clos, la procédure de destitution engagée contre Donald Trump entre dans une nouvelle phase. La Chambre des représentants, aux mains des démocrates, doit se prononcer, jeudi 31 octobre entre 10 h 30 et 11 h 30 (heure de Washington, 15 h 30 et 16 h 30 à Paris), sur une résolution présentée par l’élu démocrate James McGovern, qui préside la commission du règlement de la Chambre des représentants. Ce texte donne un cadre formel aux investigations et permettra aux élus d’interroger publiquement les témoins de l’affaire ukrainienne.

Le 24 septembre, Nancy Pelosi, la chef des démocrates à la Chambre, a décidé d’engager son parti sur la voie périlleuse de l’impeachment après des révélations sur un appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au cœur de l’été. Exaspéré, le président répète que sa conversation était « irréprochable » et se dit victime d’une injuste « chasse aux sorcières ».

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  • Couper court aux critiques des républicains

Pour déterminer si Donald Trump a utilisé les moyens de l’Etat pour faire pression sur Kiev, les démocrates ont déjà entendu une douzaine de diplomates et conseillers de la Maison Blanche derrière les portes closes de la Chambre. Selon les éléments qui ont fuité, des ambassadeurs et des hauts responsables ont livré des témoignages parfois accablants pour la Maison Blanche lors de ces auditions fleuves.

Ils ont notamment révélé les efforts déployés pendant des mois par des proches du président, dont son avocat personnel Rudy Giuliani, en marge des canaux de la diplomatie officielle, pour convaincre Kiev de fournir des informations embarrassantes sur Joe Biden, possible candidat à l’élection présidentielle de 2020.

Le président et son entourage n’ont eu de cesse de critiquer le secret de ces auditions, accusant les démocrates de distiller des éléments choisis pour donner une image faussée de la réalité. Ils leur ont aussi reproché de violer les droits de Donald Trump à se défendre et d’avancer sans avoir jamais procédé à un vote. La résolution vise à les priver de cette ligne de défense. Outre l’organisation d’auditions publiques, la résolution prévoit d’autoriser les républicains à convoquer leurs propres témoins lors de la phase d’enquête supervisée par la commission du renseignement.

Le texte prévoit ensuite le transfert des preuves à la commission judiciaire qui sera chargée de rédiger les articles de mise en accusation du président. A ce stade, « la participation du président et de ses avocats sera autorisée », selon une copie du texte. La défense de Donald Trump pourra ainsi demander de nouveaux témoignages ou des documents, procéder à des contre-interrogatoires et soumettre des objections. Mais, si le président refuse de coopérer aux requêtes du Congrès, ses demandes pourront être refusées.

Pour cette raison, la Maison Blanche crie à « l’arnaque ». Lors de débats en commission, des élus républicains ont dénoncé mercredi une procédure « injuste », qui n’est selon eux « ni ouverte, ni transparente ». La Constitution américaine ne donne que les grandes lignes pour destituer un président : il revient à la Chambre des représentants le soin de le mettre en accusation, au Sénat de le juger. Compte tenu de la majorité républicaine à la chambre haute, une destitution paraît à ce stade peu probable.

  • Gagner la bataille de l’opinion publique

Avec le vote de cette résolution, les démocrates entendent gagner la bataille de l’opinion publique : « Les Américains vont pouvoir entendre en direct comment le président a abusé de ses pouvoirs », a écrit sur Twitter Nancy Pelosi.

Chairman Elijah Cummings was a true master of the House, using his expertise to ensure all Americans had access to opportunity. It is only fitting that he lie in state in the U.S. Capitol.

« L’opinion publique est tout ce qui compte, a-t-elle encore déclaré à un groupe de journalistes. Avec elle, vous pouvez accomplir presque tout. Sans elle, vous ne pouvez pratiquement rien accomplir. » Pour le New York Times (NYT) aussi, le résultat de l’enquête dépendra de l’opinion publique. Si les démocrates arrivent à persuader une infime partie des partisans du président Trump qu’il ne devrait plus être président, il perdra presque certainement les élections de 2020. Si les démocrates peuvent convaincre une part modeste de ces partisans, il risque de perdre le soutien des républicains du Congrès et d’être destitué de ses fonctions par le Sénat.

Les démocrates savent néanmoins que la procédure est dangereuse : les électeurs de six Etats-clés en 2020 (Arizona, Floride, Michigan, Caroline du Nord, Pennsylvanie et Wisconsin) s’opposent (de 52 à 44 %) à la destitution du président Donald Trump, selon un sondage publié par leNYT, le 21 octobre. Mais la même proportion appuie l’enquête menée par la Chambre des représentants.

  • John Bolton, possible témoin à charge

Les démocrates comptent enfin utiliser la carte John Bolton. L’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche a été invité à témoigner devant les commissions de la Chambre des représentants, affirme le New York Times. M. Bolton, limogé par le président républicain le 10 septembre, pourrait être auditionné le 7 novembre, selon le Washington Post. Ce dernier pourrait refuser de témoigner, les démocrates n’ayant pour l’instant délivré qu’une convocation et pas une injonction, selon les médias américains.

John Bolton se serait alarmé de la diplomatie parallèle de l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, le qualifiant de « grenade dégoupillée », a témoigné Fiona Hill, ex-conseillère à la Maison Blanche sur l’Ukraine. Pour M. Bolton, les agissements de M. Giuliani et du chef de cabinet de la Maison Blanche, Mick Mulvaney, seraient dignes de « manœuvres de petits trafiquants de drogue », a-t-elle ajouté.

lemonde.fr

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