DIRECT. Affaire Fillon : le tribunal doit se prononcer sur la demande de « réouverture » du procès avant de rendre son jugement

francetvinfo.fr
Violaine JaussentFrance Télévisions
Les avocats de François et Penelope Fillon, jugés pour des soupçons d’emplois fictifs, ont demandé au tribunal de rouvrir les débats pour faire la lumière sur les « pressions » qu’aurait pu subir la procureure nationale financière au moment de l’enquête.

Ce qu’il faut savoir
François Fillon va-t-il être fixé sur son sort ? Le jugement du procès de l’ancien Premier ministre doit être rendu lundi 29 juin, à 13h30, devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Ultime rebondissement en date dans cette affaire, la défense a demandé la réouverture des débats, mardi 23 juin, en raison des propos d’Eliane Houlette, ancienne procureure nationale financière.
Eliane Houlette a fait récemment état de « pressions » du parquet général au cours de l’enquête sur les emplois fictifs dont aurait bénéficié Penelope Fillon. Des déclarations interprétées par le camp de l’ex-candidat à la présidentielle comme l’aveu de pressions politiques pour faire tomber François Fillon. Et qui ont poussé Emmanuel Macron à saisir, pour avis, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Des « pressions » procédurales. Après le tollé suscité par ses propos, tenus lors d’une audition devant la commission d’enquête parlementaire sur l’indépendance de la justice, Eliane Houlette, première femme à avoir dirigé le PNF jusqu’à son départ en juin 2019, a dit « regretter » que ses paroles aient été « déformées ». Elle a ensuite précisé que lesdites pressions ne portaient « pas sur les faits reprochés à M. Fillon ni sur le bien-fondé des poursuites », mais qu’elles « étaient d’ordre purement procédural ». Le CSM est chargé de « lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire ».
Incertitude sur le rendu du jugement. Les propos d’Eliane Houlette « éclairent d’un jour nouveau les dysfonctionnements que nous avons dénoncés dès le début de la procédure », estiment, dans un communiqué consulté par franceinfo, Antonin Lévy, Pierre Cornut-Gentille et Jean Veil, respectivement avocats de François Fillon, son épouse Penelope et son ancien suppléant à l’Assemblée, Marc Joulaud. Le procès peut être rouvert « en théorie », mais « c’est quand même extrêmement peu probable, vu les faits en question », a estimé pour sa part, sur franceinfo, la présidente de l’Union syndicale des magistrats. Reste que le tribunal – qui peut rejeter d’office la demande de réouverture parce qu’il la juge infondée ou décider d’entendre à nouveau toutes les parties – devra quoi qu’il arrive se prononcer avant de rendre son jugement.
Deux ans de prison ferme requis contre François Fillon. L’ancien Premier ministre, tout comme Penelope Fillon et Marc Joulaud, se sont efforcés de démonter les accusations qui pèsent contre eux tout au long des débats, qui se sont tenus du 26 février au 11 mars. A terme d’un réquisitoire impitoyable, le Parquet national financier avait toute de même requis cinq ans de prison, dont deux ferme et dix ans d’inéligibilité contre l’ex-chef du gouvernement, trois ans avec sursis contre sa femme et une amende de 375 000 euros chacun. La défense avait plaidé la relaxe générale.