DISCOURS VA-T-EN GUERRE DE PAUL BIYA, LES USA ET L’ONU VONT EN TIRER LES CONSÉQUENCES
Par Michel Biem Tong, web-journaliste en exil
Ceux qui attendaient des annonces fortes du discours finalement
inutile du vieux dictateur octogénaire Paul Biya prononcé ce mardi 10
septembre 2019 ont sans doute été largués. L’homme du 6 novembre 1982
est resté droit dans les bottes qu’il porte depuis le déclenchement de
la crise anglophone en octobre 2016. Le bon monsieur persiste et
signe. Pas de cessez-le feu. Pas d’amnistie pour les prisonniers
politiques, notamment les leaders séparatistes condamnés récemment. Pas
de débat sur la forme de l’Etat. Aucune mesure d’apaisement. Aucun
dialogue inclusif et sans tabou : « le Cameroun restera un et indivisible », a-t-il maintenu.
En français facile, ses escadrons de la mort tels que le Bataillon d’intervention rapide (BIR), le Bataillon d’infanterie motorisée (BIM), le Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gpign) vont intensifier dans les jours qui viennent des actions de terrorisme d’Etat sur le peuple anglophone en torturant et massacrant des civils, en brûlant des villages, des hôpitaux, des marchés, des champs, ceci pour assurer une unité et une indivisibilité problématique depuis la mascarade référendaire du 20 mai 1972. Date à laquelle la souveraineté du Southern Cameroons, indépendant depuis le 1er octobre 1961, a été violée par la République
du Cameroun, en complicité avec la France, l’Angleterre et l’ONU.
Il n’y aura pas de changement de la forme de l’Etat par le retour au fédéralisme que le Cameroun a connu entre le 1er octobre 1961 et le 20 mai 1972. Le vieux félin maintient l’organisation prochaine des élections régionales. L’Etat unitaire décentralisé proclamé par la Constitution du 18 janvier 1996 mais jamais appliqué demeure intact. Paul Biya envoie donc ainsi balader les Etats-Unis dont le Congrès a récemment proposé le retour au fédéralisme comme l’un des sujets à débattre au cours des négociations.
Le dictateur camerounais a également botté en touche les propositions
américaines sur des négociations « sans pré-conditions » et avec des
séparatistes. Biya a choisi d’organiser à la fin de ce mois de septembre
une espèce de « grand dialogue national » sur des sujets choisis par
lui (l’unité et l’intégration nationales, le
vivre-ensemble, le bilinguisme, etc.) et qui sera animé par des
protagonistes dont le profil relève de sa seule et unique discrétion.
Les ONG et les partis d’opposition qui participeront à ce machin
mettront leur crédibilité en jeu.
Le fameux dialogue national se jouera donc sans les indépendantistes anglophones de la diaspora qui sont pourtant ceux auxquels les populations du Cameroun anglophone obéissent désormais. D’ailleurs le
vieux président demande aux pays qui leur offrent un abri de les faire rapatrier au Cameroun afin qu’ils soient traduits devant les tribunaux sous ses ordres. Certes, Paul Biya a annoncé à ces assises la présence des groupes armés. Mais au regard du cadre défini, il est clair qu’il s’agira des bandes armées repenties et désormais acquises au pouvoir en place. Les informations sur l’existence en zone anglophone des bandes armées financées par le régime de Yaoundé
semblent donc se confirmer. De quoi parlera-t-on concrètement au cours
de ce dialogue quand on sait que le peuple anglophone revendique le respect par la République du Cameroun de la frontière qui la sépare du Southern Cameroons dont l’indépendance a été octroyée par l’ONU le 1er octobre 1961, quoique cette indépendance dût se traduire par le rattachement à la République du Cameroun ?
C’est donc un conflit de souveraineté entre deux ex-territoires sous
tutelle des Nations Unies. Ne pas le comprendre ainsi c’est soit n’avoir
rien compris aux revendications des anglophones qui, massivement, le
1er octobre 2017, l’ont fait savoir au monde entier en manifestant dans
les rues à travers tout le Cameroun anglophone, soit vouloir esquiver
les causes réelles du problème. D’ailleurs, Paul Biya a annoncé dans son
discours que ce dialogue ne portera pas que sur la crise anglophone.
Comme si quand la République du Cameroun obtient son
indépendance le 1er janvier 1960, le Southern Cameroons (aujourd’hui
nord-ouest et sud-ouest de la République du Cameroun) était concerné. En
un mot comme en mille, le peuple anglophone est massacré, violé,
torturé, brûlé vif au quotidien par des soldats camerounais et les «
séparatistes armés » version pouvoir de Yaoundé et des individus qui ne
sont nullement concernés s’asseyent à Yaoundé et non seulement discutent
des choses qui n’ont rien à voir avec les causes réelles de toutes ses
souffrances infligées à un peuple mais aussi saisissent cette
opportunité pour se pencher sur leurs problèmes à eux. Il faut vraiment
le faire !
Disons-le sans ambages, ce discours de la honte de Paul Biya mettra
de l’huile sur du feu et son dialogue national qu’il tiendra avec ses
petits copains ne résoudra pas cette crise devenu conflit d’un iota. Les
USA, l’ONU et surtout l’Angleterre doivent donc tirer les conséquences
de ce discours va-t’en guerre car le droit d’autodétermination est un
droit inaliénable dont devrait jouir un peuple, le peuple du Southern
Cameroons en l’occurence. Nulle part dans l’histoire des Etats on a vu
un territoire sous tutelle des Nations Unies (c’est-à-dire préparé à
être Etat indépendant) devenir
régions d’un autre Etat indépendant. Nous convenons que la France à
travers son sous-préfet local qu’est Paul Biya veuille garder le
Southern Cameroons sous le giron de la République du Cameroun pour
exploiter ses ressources du sol et du sous-sol. Mais le respect des
textes internationaux, la justice sont la clé d’une paix durable. Il est
temps pour la communauté internationale d’agir pour épargner à
l’humanité d’autres morts, réfugiés et déplacés à venir dans le Cameroun
anglophone.