(Dossier) «Le divorce ou l’adultère, l’issue la plus certaine en cas d’insatisfaction sexuelle», Souleymane Lo, sociologue
«La sexualité est un sujet très complexe sur lequel il n’est autorisé d’en parler que dans certaines circonstances de la vie des membres de la société. Elle fait partie des chapitres de la socialisation qui n’intervient qu’à l’entrée de la vie adulte. C’est le seul moment, par le rite d’initiation, qui le symbolise, qu’on apprend officiellement par le biais de l’expérience des générations précédentes, les seules éligibles de la dispenser aux générations suivantes. Aujourd’hui, elle n’est plus un tabou tant il reste vrai que ses mystères sont à la portée de la connaissance de tous les âges, à n’importe quel moment de la vie, du berceau au cercueil.
SATISFACTION ET INSATISFACTION SEXUELLE
Avec cette découverte, il n’est pas rare d’entendre et d’observer, notamment dans un couple, des relations tendues au risque d’un divorce dont la cause ou l’une des raisons inavouables implique la gestion de sexualité aussi bien en termes de satisfaction comme d’insatisfaction. Lorsqu’il s’agit de l’insatisfaction sexuelle ressentie par l’un ou l’autre dans le couple, le divorce ou l’adultère en constituent l’issue la plus certaine. Pourquoi il en est ainsi ? C’est parce que l’objet du mariage actuellement a changé.
Jadis, dans le mariage traditionnel, le plaisir sexuel était l’accessoire qui suit l’essentiel : la procréation sur lequel la survie et perpétuation du projet de société est bâti. Dans ce modèle de relation conjugale, l’accès au plaisir est banni pour la femme chez qui la seule attente de la société est de la savoir apte à honorer la semence de l’homme.
L’ABLATION DU CLITORIS COMME PRATIQUE POUR ÉLOIGNER LA FEMME DE LA QUÊTE EFFRÉNÉE DU PLAISIR
C’est la raison pour laquelle l’ablation du clitoris, le siège de l’excitation féminine, ou des petites lèvres nerveuses aux caresses, avait été érigée comme pratique culturelle dans l’espoir de tenir la femme éloignée de la recherche effrénée du plaisir devenu actuellement l’essentiel dans la vie du couple, en lieux et place de l’enfant désormais l’accessoire qui le suit.
Chez les hommes, avec l’avènement de l’imaginaire pornographique, on constate que de plus en plus le virtuel est plus excitant que la réalité. Cette addiction à cette pratique crée, à la longue, un frein psychologique à l’épanouissement de la sexualité en duel et condamne à l’auto-sexualité, la masturbation par excellence et à l’usage de produits dopants pour s’en soulager.
Tandis que chez la femme habituée avant le mariage au phénomène du «mbaraane», l’insatisfaction sexuelle dont elle souffre pendant le mariage en est une conséquence, surtout quand le passé vécu demeure plus excitante et égayée que le présent auquel le mariage le condamne au nom de la fidélité.»