Dr Jean Charles Biagui sur le bilan des 18 jours de campagne pour les législatives anticipées : « Les coalitions n’ont pas suffisamment mis l’accent sur les enjeux… »
Enseignant chercheur au département de Sciences Politiques de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Dr Jean Charles Biagui tire un bilan peu reluisant des 18 jours de campagne électorale. Interpellé par Sud quotidien hier, mercredi 13 novembre, le Maître de Conférences assimilé a déploré l’attitude de certains acteurs politiques sénégalais qui, selon lui, sont incapables de mener pacifiquement leurs activités dans une arène politique et dans un État où l’impunité est une tradition encore bien établie. Pour lui, les nombreuses coalitions n’ont pas suffisamment mis l’accent sur les enjeux liés au rôle de l’Assemblée nationale…
Après 18 jours d’intenses activités de propagande politique sur le terrain, le bilan de la campagne pour les législatives anticipées du 17 novembre prochain est peu reluisant. L’avis est de l’enseignant chercheur au département de Sciences Politiques de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Dr Jean Charles Biagui. Interpellé par Sud quotidien hier, mercredi 13 novembre le Maître de Conférences assimilé n’est pas allé par quatre chemins pour livrer son diagnostic. « Les nombreuses coalitions n’ont pas suffisamment mis l’accent sur les enjeux liés au rôle de l’Assemblée nationale dans un régime politique où le président de la République à trop de pouvoirs de mon point de vue ».
Poursuivant son analyse, l’Enseignant chercheur au département de Sciences Politiques a déploré la prédominance des scènes de violences, de revirements sur la pédagogie explicative des différentes propositions programmatiques. Estimant qu’il est regrettable de constater que la violence politique caractérise toujours les campagnes électorales, Dr Jean Charles Biagui soutient que les « invectives, les insultes, les agressions physiques, les destructions de biens, les revirements et les changements d’allégeance de dernière minute témoignent toujours de la persistance de la politique politicienne ».
« L’intérêt privé prenant de ce fait le dessus sur l’intérêt public, être élu est dès lors une fin en soi, une modalité d’accéder aux nombreux privilèges dans un pays où le train de vie de l’État est sans commune mesure avec le niveau de vie des populations », a-t-il insisté en pointant les cortèges des coalitions remplis de gros bras encagoulés qui ressemblent selon lui plus à des expéditions punitives de milices prêtes à tout détruire sur leur passage à la moindre contestation verbale. Accusant ces gros bras d’être à la solde de certains acteurs politiques sénégalais qui sont incapables de mener pacifiquement leurs activités dans une arène politique et dans un État où l’impunité est une tradition encore bien établie, l’enseignant chercheur au département de Sciences politiques de l’Ucad souligne que cette situation pourrait tourner à l’avantage de l’actuel régime du Président Bassirou Diomaye Faye. « Dans cette perspective, les propositions de ceux qui contestent Pastef n’ont pas beaucoup de chances d’être entendues. Il faut d’ailleurs se désoler de la pauvreté du débat programmatique. Et j’ai le sentiment que ces législatives du 17 novembre vont apparaître aux yeux des électeurs comme un référendum dans une certaine mesure. Beaucoup voteront avec cette question en tête : voulez-vous donner au président et au Premier ministre les moyens de concrétiser le Projet ? »
NANDO CABRAL GOMIS