SANTE

Dr Thianta Ka sur les cancers au Sénégal : «Très peu de recherches sont faites sur cette maladie»

Alors que les cancers font des ravages dans le pays, les spécialistes se font toujours rares dans le secteur ainsi que les études sur la maladie. Que faire pour inverser la tendance ? Plus d’investissements dans les ressources humaines et les infrastructures, évidemment !

Par Justin GOMIS – «On ne connaît pas bien nos cancers…» C’est une révélation du Dr Thianta Ka, chef par intérim du Service de la radiothérapie de l’hôpital Dalaal Jamm de Guédiawaye. Pourquoi ? «Parce qu’il y a très peu de recherches qui sont faites sur les cancers. Pour connaître nos cancers, il faut des investissements», dit-il. Il donne l’exemple du cancer du sein. «On a très peu de spécialistes en anato-pathologie, trop peu de matériels pour faire de l’immunochimique qui permet de distinguer les différents types de cancer du sein», ajoute-t-il. «L’autre facteur explicatif de cette ignorance de nos cancers est lié à l’accessibilité financière de la population et l’accessibilité géographique de ces différents examens pour connaître nos cancers», enchaîne le chef par intérim du Service de la radiothérapie de l’hôpital Dalaal Jamm. En plus, il n’y a que quelques radiothérapeutes au Sénégal. «En radiothérapie, on est actuellement onze. Cette an­née, une nouvelle promotion va sortir. En oncologie médicale, il y en a quatre. En chirurgie, il y a en a beaucoup. Nous avons aussi des médecins qui font des diagnostics», a-t-il listé.

Pour améliorer la prise en charge du cancer au Sénégal, il faut l’accès aux soins en augmentant les moyens de diagnostic thérapeutiques, sans oublier de mettre l’accent sur la prévention. «On n’a pas les moyens de guérir toutes nos maladies. Ce sont des traitements qui sont de plus en plus coûteux. On n’a pas encore accès à l’immunothérapie. C’est en train de devenir le standard thérapeutique dans beaucoup de cancers», fait-il savoir. Pour lui, la meilleure arme pour lutter contre les cancers au Sénégal reste la prévention. «Nous connaissons des facteurs de risque pour certains. On connaît le coupable. Le cancer du col par exemple, et certains cancers comme l’Orl sont dus souvent au virus Hpv humain papioma virus. Pour ce virus, il y a une vaccination qui est disponible dans les centres de santé et la population n’est pas assez sensibilisée pour aller se faire vacciner. Pour les cancers du col, il y a un frotti cervico vaginal qu’on peut faire une fois par année ou tous les deux ans, il faut sensibiliser les femmes qui sont en activité sexuelle», explique Dr Ka. Quid des hommes qui sont les principaux porteurs du Hpv ? Pour se protéger du cancer, il conseille ces derniers de limiter le multi partenariat. L’autre coupable du cancer reste évidemment le tabac. «Si on arrête le tabac, on réduira considérablement le cancer. Il y a une loi déjà au Sénégal, il faut juste l’appliquer. On connaît les facteurs de risque du cancer, il faut juste qu’on joue sur ces facteurs pour réduire la maladie», dit-il en assurant que le cancer diagnostiqué tôt peut être guéri. «On peut en faire une maladie commune comme l’hypertension artérielle ou le diabète. Et quand on voit trop un cancer, on ne peut pas le guérir. Mais on peut assurer une qualité de vie à ce malade pour qu’il meurt décemment», conclut-il.

Il faut noter que lors de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, ce 5 février, le Msas a révélé que cette maladie cause environ 8000 décès par an au Sénégal. Alors que le pays enregistre, chaque année, 11 317 nouveaux cas.

Il faut savoir que Dr Ka partageait son diagnostic lors d’un panel organisé par l’association «Demain Sénégal» sur le thème : «Santé au Sénégal : accès aux soins, formation et recherche-perspectives et solutions pour le Sénégal de demain.» D’après Aziz Sy, responsable de Demain Sénégal, les actions de leur structure s’appuient sur des données qui ont été recueillies sur des études dans la population sénégalaise. Et la santé est ressortie comme une problématique majeure pour les Sénégalais qui souhaitent aujourd’hui une meilleure prise en charge médicale. Ce débat, dit-il, va permettre de trouver des améliorations nécessaires au secteur.

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