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Election présidentielle 2022 : François Hollande fustige les « candidatures lilliputiennes » à gauche et étrille Emmanuel Macron

Le Monde avec AFP

Dans son livre à paraître mercredi, l’ex-président de la République revient sur le bilan de son successeur, qui « change au gré des événements » alors que la France « a besoin d’avoir un sens ».

Un livre qui paraît mercredi 20 octobre, une interview au Parisien et un grand entretien à France Inter le même jour. A six mois de l’élection présidentielle, François Hollande revient sur le bilan d’Emmanuel Macron et passe en revue les différents candidats putatifs et déclarés à l’Elysée, parfois avec ironie, souvent à charge.

L’ancien chef d’Etat n’est pas tendre avec son ancien ministre de l’économie et son successeur à la présidence de la République. « Emmanuel Macron n’a pas de doctrine, il change au gré des événements, a-t-il asséné, mercredi 20 octobre sur France Inter. Ce n’est pas le “en même temps”, c’est l’air du temps. Mais le pays a besoin d’avoir un sens, une vision. » Ne se voulant « pas sévère » mais « franc », l’ancien président socialiste estime dans Le Parisien que le quinquennat de M. Macron « a été marqué par un défaut de cohérence et par une absence de doctrine, qui a conduit le président à multiplier les volte-face sur les sujets essentiels, de la place de l’Etat jusqu’à l’écologie, en passant par la sécurité ». Lire aussi Article réservé à nos abonnés Election présidentielle 2022 : Emmanuel Macron veut faire de son bilan économique son principal atout

Dans son livre Affronter (édition Stock), qui paraît mercredi, M. Hollande regrette qu’Emmanuel Macron ait « déchiré les Français comme jamais ». « Elu dans des circonstances exceptionnelles, il aurait dû s’attacher à réconcilier les Français, explique-t-il dans Le Parisien. Au lieu d’y travailler, il a concentré le pouvoir, négligé le Parlement et les partenaires sociaux. » Sur le bilan de M. Macron, François Hollande estime qu’il « ressemble étrangement à ce qu’aurait pu être un second mandat de Nicolas Sarkozy : la suppression de l’ISF, la défiscalisation des revenus du capital, les ordonnances travail, la réduction des droits des chômages, jusqu’à la nomination de son ancien collaborateur à Matignon [Jean Castex] ».

« Chez François Hollande, l’amertume est plus forte que tout, a répliqué le député de La République en marche Pieyre-Alexandre Anglade. Il démolit son camp, étrille ses adversaires, étale sa rancœur, mais jamais ne se place à la hauteur de ce que devrait être celle d’un ancien président. Il est devenu le commentateur aigri de la vie politique du pays. »

Dans son ouvrage, et les différents entretiens tenus, M. Hollande revient ensuite sur l’état de la gauche à six mois de l’élection présidentielle, et la campagne « qui n’a pas véritablement commencé » de la candidate socialiste, Anne Hidalgo. L’ex-président loue les mérites de la maire PS de Paris, « une femme toute de sang-froid, de détermination et de ténacité », à laquelle il conseille de rester « fière de son identité socialiste » pour « être capable de rassembler une majorité de Français ».

Pour faire face aux défis majeurs de la France et « la grande mutation » de la société, « qui est le mieux placé pour redonner l’espoir, face au désarroi, à la résignation, à la lassitude, et à l’abstention ? Pas le libéralisme, pas le souverainisme, pas la “gauchisation” ou l’écologie. C’est la bonne vieille social-démocratie », a-t-il assuré à l’AFP. Il juge cependant qu’il lui faudrait « un bain de jouvence » et que la candidate de cette social-démocratie en 2022, Anne Hidalgo, devra « avoir un projet global » et « s’adresser à tous ». Lire aussi Article réservé à nos abonnés « Pour être l’écologie du XXIe siècle, le socialisme doit opérer une mutation »

« Zorro de la politique »

Mais l’ancien locataire de l’Elysée se montre très critique envers la gauche, à la peine dans les sondages en ce début de campagne. « A gauche, toutes les candidatures sont lilliputiennes, déplore-t-il dans Le Parisien. Elles se livrent à des batailles aussi picrocholines que microscopiques. » Il considère notamment le candidat de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, comme « un boulet pour la gauche », et décrit son ancien ministre Arnaud Montebourg, comme « un Zorro de la politique » « surgissant hors de la nuit pour délivrer la France des griffes de Bruxelles. Mais si un jour il siégeait au Conseil européen, il passerait pour un zozo ». Face à la division et à la multiplication des candidatures à gauche, François Hollande appelle dans Le Parisien « au rassemblement des électeurs autour d’une force motrice qui doit être la gauche de gouvernement ». Là aussi, ses commentaires ont été très critiqués à gauche, notamment par Jean-Luc Mélenchon. « Au secours, le zombie Hollande est de retour, a tweeté mercredi le député de LFI. Plus méchant que jamais il mord tout ce qui bouge. Changez de trottoir quand il passe. » Lire aussi Article réservé à nos abonnés François Hollande, Bernard Cazeneuve, Manuel Valls ou l’éternel objet du retour

Sur le fond, François Hollande fait une série de propositions dans son ouvrage Affronter : il défend un régime présidentiel qui supprime le premier ministre, une « planification » pour « fixer pour un temps long le chemin de croissance du pays ». Il préconise aussi un « New Deal à la française » post-Covid, destiné à « renforcer nos capacités industrielles, adapter notre organisation à l’urgence écologique, et préparer la population, les jeunes comme les moins jeunes, aux métiers de demain ».

Face à « l’indispensable tarification du carbone », qui risque de créer de « l’injustice », il suggère, comme d’autres à gauche, « une compensation par la distribution de chèques ciblés », et de relever considérablement les « primes pour l’achat d’une voiture électrique ou d’un chauffage à faible émission de CO2 ». Enfin M. Hollande juge aussi « possible » de porter le smic brut à 1 900 euros au terme du prochain quinquennat, soit un peu plus de 3 % par an. Mais à la question de savoir s’il peut encore être candidat pour 2022 il assure : « Je n’ai pas besoin de nourrir cette ambition (…) Je n’ai pas de revanche à prendre. »

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