Elle sauve des migrants en Méditerranée et risque jusqu’à 20 ans de prison
L’Allemande Pia Klemp, 35 ans, est soupçonnée par la justice italienne d’aide et de complicité à l’immigration illégale au large de l’île de Lampedusa.
En France, le visage de l’aide aux réfugiés se nomme Cédric Herrou, aux prises avec la justice depuis plusieurs années pour ses activités à la frontière franco-italienne. À l’échelle européenne, l’Allemande Pia Klemp va-t-elle incarner l’épineuse problématique du « délit de solidarité » ?
L’ancienne capitaine du navire « Sea Watch 3 », âgée de 35 ans, doit être jugée par la justice italienne dans le cadre de ses sauvetages de migrants en mer Méditerranée. Soupçonnée « d’aide et de complicité à l’immigration illégale » de 2016 à 2017, elle risque jusqu’à 20 ans de prison, selon son avocat.
Une pétition virale demande son acquittement
Alors que la date de l’audience n’est pas encore connue, de nombreuses ONG et personnalités de gauche ont appelé ces derniers jours à signer une pétition pour l’annulation des charges qui pèsent sur la militante. Parmi eux, l’ancienne tête de liste aux Européennes Raphaël Glucksmann (Place Publique-PS) ou encore le nouvel eurodéputé et ancien maire de Grande-Synthe (Nord), Damien Carême.
Plus de 65 000 signatures ont déjà été récoltées. « La capitaine Pia Klemp a sauvé plus de 1000 naufragés. Elle devrait être célébrée. Elle risque au contraire jusqu’à 20 ans de prison en Italie », a lancé Raphaël Glucksmann sur Twitter.
Ce procès s’annonce très symbolique puisque le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a plusieurs fois assimilé les missions de certains navires au trafic des passeurs – une position partagée par son homologue français Christophe Castaner.
Sur écoute depuis 2016
Pia Klemp a-t-elle « collaboré » avec des passeurs libyens afin de sauver les migrants perdus en mer grâce à son bateau ? Voici la question à laquelle les juges devront répondre dans les prochains jours. La jeune femme nie catégoriquement cette version et déplore un « procès spectacle » et « politique ». Elle explique avoir respecté le droit maritime international qui implique de sauver toute personne envoyant un message de détresse sur les ondes.
La presse italienne a révélé ces derniers mois que la femme faisait l’objet d’une enquête judiciaire depuis 2016. Cette ancienne étudiante en biologie dirigeait alors le bateau « Iuventa ». TV5 Monde affirme que son navire a été « mis sur écoute, tout comme les téléphones et les ordinateurs portables de l’équipage, le tout doublé d’une surveillance opérée par des informateurs présents sur d’autres navires ». À cette époque, le gouvernement était aux mains du libéral Paolo Gentiloni, pas encore de l’alliance Ligue du Nord – 5 Etoiles.
Le rôle des garde-côtes libyens une nouvelle fois critiqué
Dans la lignée des autres ONG venant en aide aux migrants en Méditerranée comme ailleurs sur le continent européen, elle déplore la fermeture des ports italiens aux navires humanitaires, ce qui a notamment écourté la mission de l’Aquarius. Mais Pia Klemp vise aussi et surtout l’Union européenne. « Que dois-je dire à une femme traumatisée dont l’enfant mort gît dans mon réfrigérateur au sujet de l’UE qui est lauréate du prix Nobel de la paix ? », a récemment lancé la militante lors d’une réunion d’ONG au Parlement européen.