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En Belgique, des personnels soignants tournent le dos à leur Première ministre

La Première ministre belge, Sophie Wilmès, a reçu samedi un accueil à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles. Comme en France, les personnels soignants demandent l’amélioration de leurs conditions de travail et de leur rémunération. Explications.

Une haie d’honneur de personnels soignants qui borde les deux côtés de la route. Et quand le convoi de la Première ministre belge arrive, ces mêmes professionnels de santé… qui tournent le dos aux voitures officielles. Des infirmiers, médecins, aides logistiques, personnel de nettoyage et autres administratifs de l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles ont marqué le coup, samedi 16 mai, pour accueillir Sophie Wilmès qui a visité ce CHU ainsi que l’hôpital Chirec-Delta pour témoigner de son soutien au personnel des soins de santé.

Ces professionnels de la santé – qui étaient une centaine à participer à cette action symbolique, selon le syndicat belge CGSP – ont tourné le dos à la cheffe du gouvernement belge « comme les politiques qui tournent le dos à nos appels à l’aide », a rapporté la chaîne d’information en continu LN24.

Samedi en fin de journée, la Première ministre a, quant à elle, tweeté plusieurs photos de son déplacement non officiel dans les deux hôpitaux, accompagnées de ce texte : « Les visites des hôpitaux Chirec-Delta et Saint-Pierre furent un moment de rencontres, dialogue important pour [le] personnel soignant comme pour moi. Situation sanitaire, protections, charge mentale, valorisation du métier, financement des soins de santé, aucun sujet n’a été écarté. »

Coupes budgétaires dans les domaines de santé

Comme en France, où les soignants en première ligne face à la pandémie de Covid-19 ne se sentent pas entendus par les dirigeants politiques concernant leurs revendications, les personnels soignants belges ont dû faire front ces dernières semaines, alors que le pays compte plus de 9 000 morts à cause du nouveau coronavirus.

« Le politique nous tourne le dos constamment face à nos appels à l’aide », a expliqué samedi à la RTBF un participant à la haie d’honneur symbolique. « Les équipes sont sous-staffées et les taux de burn-out le démontrent. On demande que le métier soit revalorisé et que le comptage d’équipe soit révisé à la hausse. »

Selon LN24, la protestation de samedi était aussi motivée contre les coupes budgétaires dans le domaine des soins de santé, quand Sophie Wilmès était ministre fédérale du Budget – entre septembre 2015 et octobre 2019.

Dans une interview donnée en octobre 2016 à la chaîne BX1, Sophie Wilmès justifiait de nouvelles mesures d’économies, notamment au sujet des hôpitaux belges [à partir de 8’30 dans l’interview] : « Au niveau des hôpitaux, ce que l’on démontre aussi, c’est la nécessité absolue de faire en sorte qu’il y ait plus d’efficience », expliquait-elle. « On remarque qu’il y a une surcapacité dans l’offre et que pour pouvoir offrir le même niveau de soins et de qualité, nous pourrions nous organiser autrement. »


Cette réforme des hôpitaux, qui doit « rationaliser » le système existant – car « il y a trop de lits en Belgique », selon le secrétaire général de la Mutualité chrétienne Jean Hermesse –, a commencé en janvier 2020.

Des arrêtés royaux contestés, un fonds « blouses blanches » qui se fait attendre

D’autres raisons du mécontentement des personnels soignants belges sont avancées. La publication récente, le 6 mai, de deux arrêtés royaux est notamment visée, comme rapporté par la RTBF. L’un donne la possibilité de réquisitionner du personnel de santé en cas de nécessité dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, l’autre porte sur l’extension de la délégation d’actes médicaux à d’autres professionnels de la santé. Tous deux « sont contestés par le personnel soignant », selon les syndicats belges Setca, CGSP et CNE.

Les professionnels de santé sont aussi dans l’attente de savoir ce que va devenir le fonds « blouses blanches » adopté par la Chambre des représentants, fin 2019. Ce fonds, qui doit être financé à hauteur de 400 millions d’euros par an, est une réponse financière aux revendications des personnels infirmiers, qui ont manifesté leur ras-le-bol tous les mardis depuis juin 2019. Mais un représentant du syndicat CNE craint que ce fonds serve plus à « refinancer l’hôpital » plutôt qu’à « améliorer les conditions de travail du personnel. »

Samedi, la Première ministre belge a rencontré des représentants de l’action de la haie d’honneur devant l’hôpital Saint-Pierre, échange à la suite duquel elle a voulu envoyer un message d’apaisement. Selon la RTBF, elle a déclaré : « Je pense qu’il y a un ‘après Covid’ et personne ne peut prétendre ne pas avoir compris ni ressenti la détresse du personnel infirmier, qui était déjà là avant la crise et qui s’est accrue avec les difficultés […]. Je ne conçois pas que l’après-crise soit ramené à ce qu’il y avait avant. »

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