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En Irak, de nouvelles manifestations sanglantes contre le gouvernement

Des milliers de jeunes Irakiens se sont à nouveau massés sur la place Tahrir, à Bagdad, aux cris de « tous des voleurs », vendredi 25 octobre. Les forces de sécurité tentaient de les disperser à coups de gaz lacrymogène et de tirs de balles assourdissantes.

Plusieurs manifestants ont été tués dans la capitale irakienne, le bilan provisoire restant cependant difficile à établir : l’AFP évoque deux morts, tandis qu’un responsable de sécurité irakien cité par l’agence Associated Press (AP) avance le chiffre de cinq victimes. Plus de 224 personnes ont en outre été blessées à Bagdad et trois dans la province de Mouthanna, selon un bilan provisoire de la Commission irakienne des droits de l’homme.

Dans le sud du pays, quatre manifestants ont été tués par balles à Nassiriya, où les manifestants ont incendié le siège du gouvernorat, ont par ailleurs indiqué à l’AFP des sources médicales et policières. Le siège du gouvernorat de Dhi Qar a également été incendié, de même que plusieurs sièges de partis dans la ville de Samawa.

Devançant l’appel à manifester dans la capitale irakienne et dans tout le sud chiite du pays, nombreux ont passé la nuit sur la place emblématique du centre de la ville. « Où sont les snipers, oh Adel ? Dans ma poche ? », les entend-on chanter, moqueurs, sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, à l’adresse d’Adel Abdel Mahdi. C’est lui, le chef du gouvernement, qu’ils jugent avant tout responsable de la répression meurtrière qui s’est abattue lors d’une semaine de mobilisation contre la corruption et l’incurie de la classe politique, début octobre, au prix de 157 morts.

Dans le rapport d’enquête gouvernementale rendu public mardi, la présence de « tireurs non identifiés » dans les manifestations n’a pas été éclaircie. Peu convaincant, le rapport se borne à reconnaître un usage « excessif » de la force, alors que 70 % des manifestants ont été touchés à la tête et au torse. « Ce rapport est un vrai scandale. Il dédouane totalement la classe politique de toute responsabilité dans les violences, alors qu’elle a légitimé pendant six jours des morts dans la rue », dénonce le spécialiste de l’Irak, Hosham Dawood. Quelques dizaines de commandants des forces de sécurité à Bagdad et dans le sud du pays, tenus pour responsables de ces violences, ont été congédiés dans la foulée. Pour les manifestants, les véritables responsables restent impunis.

A Bagdad, le 25 octobre.

La plus haute autorité religieuse chiite appelle à la « retenue »

« L’Iran dehors, l’Irak restera libre », ont à nouveau entamé des manifestants à l’encontre du régime iranien, accusé d’ingérence dans les affaires du pays par l’intermédiaire des puissantes milices chiites qui dominent les unités paramilitaires de la mobilisation populaire (MP) et la coalition Al-Fatah, deuxième bloc au Parlement. C’est elles que les manifestants accusent d’avoir été à la manœuvre dans la répression. « Nous avons des preuves avérées que les snipers étaient membres de milices répondant directement à leurs commandants plutôt qu’au commandant en chef des forces armées, a également assuré à l’agence de presse Reuters un responsable des forces de sécurité. Ils appartiennent à un groupe très proche des Iraniens. »

Selon Reuters et d’autres médias, « un groupe de milices irakiennes et de responsables sécuritaires se sont réunis avec des officiers iraniens des gardiens de la révolution pour former une cellule de crise à Bagdad, le 3 octobre, souligne l’expert Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy (WINEP). Installés dans deux chambres d’opération – une maison secrète à Jadriya et un immeuble de la commission de la MP près de l’hôpital Ibn Sina –, les officiers de liaison iraniens ont fourni des conseils basés sur leur expérience antimanifestations en Iran, ainsi que des renseignements sur les activistes et des communications sécurisées pour les snipers. » Ces accusations ont été réfutées par le porte-parole de la MP, Ahmed Al-Asadi.

LORs du sermon du vendredi, l’ayatollah Ali Sistani, plus haute d’authority religieuse chiite Irak, les Qui Avait dénoncé et l’inertie des violences du gouvernement il y a deux semaines, une des forces et de manifestants Appelé l’ordre  «à la retenue » S sur representative, Abdelmahdi Al-Kerbalaï, un mis en garde contre  «le chaos et la destruction Qui un versez espace créeront Plus d’ingérences Étrangères»  et Feront de l’Irak  «un champ de bataille pour des regulations de forces Entre comptes internationales et régionales » . Lisant le sermon du grand ayatollah, il est par ailleurs estimé que le rapport d’enquête est gouvernemental, il  n’est pas remplacé par les objectifs  et  n’est pas une image claire à l’opinion publique., préconisant la mise en place d’un comité de juges pour suivre le dossier.

« Risque que la machine implose »

Dans une allocution télévisée après minuit jeudi, le premier ministre Abdel Mahdi a assuré que la liberté de manifester serait garantie. Il a toutefois averti que la violence ne serait pas tolérée, alors que des bâtiments publics et les sièges de partis politiques avaient été incendiés par des manifestants, début octobre. Accusant ses prédécesseurs de lui avoir laissé les rênes d’un pays à l’économie exsangue, le chef du gouvernement a refait la liste des réformes qu’il avait annoncées après la première semaine de mobilisation : un remaniement ministériel, des emplois pour les jeunes chômeurs au sein de la fonction publique, la baisse des salaires de la haute fonction publique et des pensions pour les familles des manifestants « martyrs ».

Trop peu, trop tard pour les manifestants, qui réclament des mesures réelles contre les « gros poissons » dans le douzième pays le plus corrompu au monde selon l’ONG Transparency International, une nouvelle Constitution mettant fin au système de répartition confessionnelle des postes, ainsi qu’un renouvellement complet de la classe politique. C’est cette classe politique, au pouvoir depuis l’invasion américaine de 2003, qu’ils accusent de détourner la manne pétrolière de l’Irak sans se soucier de la détérioration des services publics et des infrastructures du pays, en pénurie chronique d’électricité et d’eau potable. « Adel Abdel Mahdi essaie de lâcher du lest mais il a mal joué jusqu’à présent. S’il n’arrive pas à desserrer l’étau en associant d’autres figures au pouvoir pour une transition en douceur, le risque est que la machine implose », estime Hosham Dawood.

Un manifestant blessé à Bagdad, le 25 octobre.

Moqtada Al-Sadr appelle à la mobilisation

« La démission du gouvernement sans alternative constitutionnelle plongera le pays dans le chaos », a averti jeudi soir, le premier ministre irakien, alors que les manifestants se disent prêts à manifester jusqu’à la « chute du régime ». Le désir de venger les « martyrs » d’octobre les galvanise, tout autant que le mouvement de protestation au Liban, qui fait miroir à leurs revendications.

De nombreux manifestants refusent aussi tout autant le patronage religieux de l’ayatollah Ali Sistani que celui du chef populiste chiite Moqtada Al-Sadr. Chef de la première force politique au Parlement, qui avait réclamé la démission du gouvernement et des élections anticipées début octobre, Moqtada Al-Sadr a appelé ses partisans à se joindre aux manifestations, le 25 octobre. En 2015, l’ancien chef de milice avait récupéré et redonné du souffle à des manifestations anticorruption, s’érigeant en héraut des réformes, une image sur laquelle il avait capitalisé aux élections législatives de mai 2018.

Alors que de nombreux jeunes du quartier de Sadr City, son bastion chiite à Bagdad, figurent parmi les « martyrs » d’octobre, il a demandé à ses combattants de se tenir prêts à « protéger les manifestants ». Ses « Brigades de la paix » se sont montrées récemment en armes lors de parades à Sadr City. Certains craignent des affrontements avec des milices des unités de la MP, dont plusieurs des chefs ont redit leur « confiance » au gouvernement.

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