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États-Unis: des fouilles dans un cimetière, 100 ans après un massacre raciste

En 1921, plusieurs centaines d’Afro-Américains ont été tués par des émeutiers blancs à Tulsa, en Oklahoma. Depuis lundi, des fouilles sont réalisées dans l’un des cimetières de la ville où pourraient avoir été repérées des fosses communes. Objectif : identifier les victimes et faire la lumière sur l’un des pires épisodes de l’histoire des Etats-Unis.

Au début des années 1920, Greenwood est un quartier noir prospère de Tulsa, Oklahoma. Il est même surnommé le « Black Wall Street », en référence au quartier d’affaires de New York. Plusieurs centaines d’entreprises, des églises, des restaurants, un hôpital, des écoles… En quelques heures, tout sera réduit en cendres.

A l’époque, les tensions raciales sont très vives dans cette ville du sud des Etats-Unis encore ségréguée. Mais un incident met le feu aux poudres. Le 30 mai 1921, un cireur de chaussures noir est accusé d’avoir agressé une femme blanche dans un ascenseur. Des centaines d’habitants blancs de Tulsa viennent alors exiger devant le palais de justice, où est détenu l’accusé, une condamnation exemplaire. Craignant un lynchage, un groupe d’Afro-Américains effectue des rondes en voiture autour du bâtiment. Des coups de feu éclatent. C’est le début des hostilités.

Quelque 300 morts et plusieurs milliers de sans-abris

Les 31 mai et 1er juin 1921, des émeutiers blancs investissent le quartier afro-américain de Greenwood. Hommes, femmes, enfants, personnes âgées sont tués en pleine rue. En quelques heures, le quartier est entièrement incendié. Plus de 10 000 personnes se retrouvent à la rue et ne recevront aucun dédommagement. De nombreux survivants choisissent de quitter la ville. Aucun des responsables blancs ne sera condamné.

« Un massacre caché sous le tapis », résume Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, interrogé par RFI. Car pendant plusieurs dizaines d’années, l’épisode sera passé sous silence. Il reste même absent des manuels d’histoire de l’Oklahomajusqu’en 2020. Dans les années 1990, une commission d’enquête est finalement créée par cet Etat pour faire la lumière sur les évènements et notamment déterminer l’ampleur de la tuerie. En 2001, elle relève le bilan officiel des émeutes de Tulsa de 45 morts à… entre 100 et 300 morts.

Une fosse commune retrouvée dans un cimetière ?


L’année dernière, une équipe d’archéologues détecte dans le sol du cimetière Oaklawn, à l’aide d’un radar à pénétration de sol, de « larges anomalies » qui pourraient correspondre à des fosses communes. Le maire blanc de Tulsa, G. T. Bynum, ordonne alors des fouilles, qui pourraient mener à des exhumations. « Je ne veux pas que mes enfants grandissent dans une ville où nous pourrions marcher sur des fosses communes », explique-t-il. Le maire envisage aussi d’inscrire cette tuerie dans le patrimoine mémoriel de la ville.

Retardées par la crise du Covid19, ces fouilles ont finalement débuté lundi 13 juillet et pourraient durer jusqu’à deux semaines. Selon une anthropologue interrogée par le Washington Post, une pelleteuse va d’abord creuser jusqu’à 1,5 mètres de profondeur. La suite des fouilles sera effectuée à mains nues pour ne pas endommager les éventuels ossements retrouvés. L’objectif est de déterminer si des victimes du massacre de Tulsa ont bien été enterrées sur ce site en 1921 et le cas échéant, de les identifier grâce à des tests ADN.

Des réparations pour les descendants des victimes

Plusieurs organisations et le comité qui regroupe les descendants des victimes demandent aujourd’hui des réparations aux autorités locales. C’est aussi ce que recommandait en 2001 le rapport d’enquête de la commission mise en place par l’Etat de l’Oklahoma. « La pauvreté que connait aujourd’hui la communauté afro-américaine aux Etats-Unis est le produit d’injustices du passé et du présent », note Kenneth Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch. L’organisation appuie cette demande de réparations « pour remédier aux dommages causés par le massacre et leur impact durable » sur la vie de la communauté noire de Tulsa.

C’est dans cette ville au passé très lourd que Donald Trump avait choisi d’organiser son premier meeting de campagne depuis plusieurs mois, en pleine résurgence du mouvement Black Lives Matter suite à la mort de George Floyd. Une initiative très critiquée par la communauté afro-américaine, les défenseurs des droits de l’homme et plusieurs personnalités politiques. Sur son compte Twitter, la sénatrice démocrate Kamala Harris estimait que ce n’était « pas simplement un clin d’œil, mais une fête de bienvenue pour les suprémacistes blancs ».

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