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FONDS DE RIPOSTE : EN GAMBIE, DES CENTAINES DE FONCTIONNAIRES FICTIFS DÉMASQUÉS

BANJUL – Convié pour faire le point de la situation de la pandémie avant la prorogation de la période de l’état d’urgence, le ministre gambien de la Santé n’y est pas allé du dos de la cuiller pour dénoncer le vaste système de corruption autour de la gestion des fonds décaissés. C’est un ministre très en verve et visiblement éprouvé qui a fait face aux parlementaires gambien, samedi. Dr Ahmadou Samateh, a accusé son propre gouvernement de mettre l’accent plus sur les primes allouées que la pandémie elle-même. Une révélation qui a choqué les députés qui ont refusé de voter la prolongation de l’état d’urgence.

Comme le soupçonnent de nombreux Gambiens, la gestion des fonds alloués à lutte contre le coronavirus est loin d’être transparente. Après le scandale du riz avec la série d’arrestations de soldats, c’est autour des primes pour le personnel médical de susciter une vive polémique. Selon le ministre gambien de la Santé, plusieurs centaines d’infirmiers ou aides-soignants fictifs ont été démasqués par son département.

Tous se sont inscrits entre-temps pour bénéficier des primes allouées à lutte contre le coronavirus. Prévarication, népotisme, complicité au plus haut de sommet de l’Etat… tout s’y passe à en croire le ministre de la Santé. La plupart des personnes démasquées ont notamment bénéficié des complicités de ministres ou de hauts fonctionnaires. Le paradoxe renchérit ce responsable sur le devant de la scène, c’est qu’au même moment son département manque de matériels suffisants pour son personnel.

Prorogation de l’état d’urgence rejetée

Visiblement très éprouvé physiquement, le ministre se dit de plus en plus impuissant, car le gouvernement ne fait pas assez pour mettre fin à la pandémie, s’est-il plaint. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Dr Samateh réclame une enquête parlementaire pour faire la lumière sur la gestion des fonds. Ce qui a éveillé les soupçons, c’est l’importance des montants dépensés pour les primes : plusieurs centaines de millions en moins de deux mois.

Poussant la hargne plus loin, le deuxième ministre de la Santé sous l’ère de Barrow s’est offusqué de la vénalité de certains hauts fonctionnaires qui « se construisent des villas grâce à l’argent détourné », a-t-il dénoncé. La prestation du ministre a choqué plus d’un dans l’Hémicycle. A l’issue d’une séance de questions réponses, les parlementaires ont tout bonnement refusé de voter la prolongation de 45 jours de l’état d’urgence.

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