INTERNATIONAL

France : Le verdict du procès de deux journalistes français contre le roi Mohamed 6, attendu au mois de mars

Le procès des deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, s’est ouvert lundi, devant le tribunal de Paris, où ils sont jugés pour des faits de « chantage » envers le roi du Maroc, Mohamed VI. Un an de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende ont été requis lundi contre deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, poursuivis pour avoir voulu faire chanter le roi Mohammed VI en 2015. Le verdict sera rendu le 14 mars.
Les deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet ont eu beaucoup de mal à réfuter les accusations retenues contre eux. Contestant les faits, ils ont essayé de convaincre le tribunal que « la proposition d’arrangement financier émanait de Rabat ».
Ils sont soupçonnés d’avoir tenté d’obtenir deux millions d’euros auprès de la monarchie marocaine pour abandonner la publication d’un livre la concernant, ils encourent tous les deux une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
« Où est le chantage, M. le président ? », s’est défendu Eric Laurent, ancien reporter de Radio France et du Figaro Magazine et auteur de nombreux ouvrages, accusé d’avoir réclamé 2 millions d’euros pour renoncer à publier des informations embarrassantes.

L’ex-journaliste, aujourd’hui âgé de 75 ans, reconnaît devant le tribunal correctionnel de Paris « une erreur déontologique », « un naufrage » pour avoir « accepté de (s)e laisser entraîner dans cette affaire », mais pas « la moindre infraction pénale ».

Des bandes audio ont été retransmises dans la salle d’audience pendant les débats et devraient constituer une pièce déterminante pour établir la culpabilité ou pas, d’Eric Laurent et Catherine Graciet.
L’émissaire marocain « m’avait séduite avec son offre financière, j’ai plongé et je le déplore », abonde l’autre prévenue Catherine Graciet, 48 ans, auteure de livres sur le Maghreb et la Libye.
Déjà auteurs en 2012 d’un ouvrage sur Mohammed VI, « Le roi prédateur », les deux journalistes avaient signé un contrat avec Le Seuil pour un second tome sur le même sujet.
Le 23 juillet 2015, Eric Laurent contacte le secrétariat particulier du roi du Maroc pour solliciter un rendez-vous, organisé le 11 août dans un palace parisien avec un émissaire de la monarchie, l’avocat Hicham Naciri.
« Je lui décris le contenu du livre », qui prévoit d’évoquer des tensions dans la famille royale et des accusations de malversations financières impliquant des entreprises publiques du pays, raconte Eric Laurent, assis sur une chaise à la barre du tribunal.
« Me Naciri me dit: +tout ça, ça ne nous arrange pas+, et très vite on bascule sur une transaction. C’est lui qui propose », affirme-t-il.
« C’est pas comme ça que ça s’est passé », réplique Ralph Boussier, l’un des avocats de l’Etat marocain, pour qui c’est bien M. Laurent qui « évoque un arrangement ».
Le projet de livre « n’a jamais existé, ils n’ont aucun élément pour l’écrire (…) Les révélations qui vont faire trembler le royaume du Maroc: où sont-elles ? Il n’y a rien », argumente-t-il en estimant que les deux journalistes ont vu dans une tentative de chantage « une opportunité » pour « changer de vie ».
Les deux journalistes avaient été arrêtés après avoir signé un accord contre l’abandon du livre et effectivement reçu une première partie de cet argent, sous les yeux de la police locale qui avait filmé et observé la scène de loin.
Après cette rencontre, le Maroc porte plainte. Une enquête est ouverte et c’est sous la surveillance d’enquêteurs que deux autres rendez-vous sont organisés, les 21 et 27 août.
Lors du dernier, en présence de Catherine Graciet, les deux journalistes signent un accord pour retirer le projet de livre contre 2 millions d’euros. Avant d’être interpellés avec chacun 40.000 euros en liquide.
Ils apprennent alors que les trois rencontres ont été enregistrées par l’émissaire du roi.
Confronté à la retranscription du premier rendez-vous, où il semble proposer activement une somme, M. Laurent balaie: « cet enregistrement est un faux ».
Une expertise a reconnu que la copie remise aux enquêteurs avait subi « un post-traitement, impossible à préciser », mais les recours de la défense la jugeant illégale ont été rejetés en 2017.
« Rien ne démontre que cet enregistrement ait été modifié, morcelé ou qu’il y ait eu un montage », souligne la procureure.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page