Gabon: Soupçons de blanchiment par l’immobilier, pourquoi les Bongo ne sont-ils pas inquiétés aux États-Unis ?
Si leurs biens mobiliers et immobiliers leur ont valu une plainte introduite en France par les associations Sherpa et Survie dans l’affaire dite des «biens mal acquis» en mars 2007, les propriétés américaines des Bongo et leurs proches, toutes ou presque achetées en espèces, ne leur ont causé aucun souci jusque-là du fait d’une souplesse accordée aux agents immobiliers aux États-Unis.
Faisant l’objet d’une action en justice intentée par les associations Sherpa et Survie, avec la Fédération des Congolais de la diaspora, dans le cadre de l’affaire dite des «biens mal acquis», les Bongo et leurs proches parmi lesquels Marie Madeleine Mborantsuo ne sont pas inquiétés aux États-Unis. Pourtant, selon les révélations de l’enquête récemment publiée par Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), il y aurait largement de quoi.
D’Omar Bongo aux enfants de la présidente de la Cour constitutionnelle en passant par l’actuel patron de la Garde républicaine (GR), plusieurs membres du clan sont propriétaires de biens immobiliers aux États-Unis. Des biens acquis presque toujours avec de l’argent en espèces à Washington DC, à New York et dans d’autres états du pays. En dépit des soupçons exprimés par une partie de l’opposition et la société civile gabonaises, notamment sur l’origine des fonds ayant permis d’acheter ces biens, il semble que le procédé ayant permis leur acquisition est tout à fait autorisé.
«Les règles destinées à empêcher le blanchiment de fonds illicites n’obligent pas les professionnels de l’immobilier aux États-Unis à poser des questions sur les transactions entièrement en espèces ou à signaler toute activité suspecte aux autorités», explique l’OCCRP qui ajoute que les autorités américaines tentent depuis quelque temps de corriger cette faiblesse. Seulement, si les comtés de Californie, de New York, de Floride et du Texas sont désormais tenus de déclarer les achats de propriétés entièrement en espèces dépassant un certain montant, cette obligation ne touche pas tous les états des États-Unis. Washington DC, par exemple ne figure pas sur la liste des 12 régions métropolitaines américaines soumises à cette obligation. Une aubaine.
Or, le regroupement de journalistes d’investigation dit avoir découvert qu’«au cours des deux dernières décennies, les Bongos et leur entourage ont acheté [en cash, NDLR] au moins sept propriétés d’une valeur de plus de 4,2 millions de dollars américains aux États-Unis et dans les environs». D’où provenait cet argent ? Mystère.