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Guinée/Ramadan et couvre-feu : les restaurateurs tirent le diable par la queue à Conakry (reportage)

C’est une période de vache maigre pour les restaurateurs de Conakry En cette période de jeûne du Ramadan et de couvre-feu (dû à la pandémie de COVID-19), leurs activités sont quasiment aux arrêts. Les clients se font rare comme jamais et leurs revenus sont presque nuls. Face à cette situation qui a mis à genou leurs chiffres d’affaires, certains propriétaires et gérants de restaurants préfèrent mettre la clé sous le paillasson, a constaté un reporter de Guineematin.com qui a interrogé quelques-uns.

Chaque année, le mois de Ramadan est un moment d’épreuve pour les bars et restaurants de Conakry. Ils vendent moins la journée, à cause du jeûne qu’observent les musulmans qui constituent plus de 80 pour cent de la population de la capitale guinéenne. Mais, ils profitaient de la nuit pour rehausser leurs chiffres d’affaire. Seulement, comme l’année dernière, cette année aussi, le Ramadan est venu se greffer au couvre-feu en vigueur à Conakry depuis plus d’un an. Et, cela impacte très négativement les bars et les restaurants. Car, les plus chanceux parmi eux ne vendent que très peu la nuit ; alors que les autres passent les heures à contempler les tables et le vide qu’il y a autour.

Face à cette triste situation, certains restaurants ont opté pour la diminution du personnel. Cela pour réduire au moins les charges en cette période où ils n’enregistrent quasiment pas une entrée d’argent.

René Condé, gérant du restaurant ‘’BBC Classic’’

« Les difficultés que nous rencontrons ici, avant il y avait assez de clients. Mais, aujourd’hui, ça a diminué et cela est compréhensible, parce que c’est le ramadan. Ce que je peux dire, on a beaucoup d’employés ; mais, on ne sait pas comment les payer. On est obligé de réduire le personnel. Parce qu’on ne peut pas employer beaucoup de personnes. L’Etat nous oblige aussi à respecter l’heure du couvre-feu qui commence à 23 heures. Alors, nous travaillons intensément de 19 heures à 21 heures. Mais, le temps est très peu pour nous », explique René Condé, gérant du restaurant ‘’BBC Classic’’ de Kipé.

Pire, en plus de la faible fréquentation qu’il enregistre actuellement, ce restaurant est aussi confronté à d’autres pertes. Il est obligé de mettre chaque jour à la poubelle les mets préparés et non écoulés.

« Hier, ce que nous avions préparé, il y a eu beaucoup de restant. Nous sommes obligés de jeter, parce qu’on ne peut pas revendre ça. Nous enregistrons parfois des pertes énormes. Mais, comment on peut faire, on n’a pas le choix. L’État doit nous accorder au moins un peu de temps. Parce que c’est de ça que nous vivons au quotidien. Nous voulons qu’il nous accorde entre 19 heures et 00 heures, pour que nous puissions compenser le temps perdu. Parce qu’actuellement, on ne vend pas pendant la journée » se plaint René Condé.

Tout comme ‘’BBC Classic’’, le restaurant ‘’Délices d’Afrique’’ de Kipé est durement éprouvé. Ici, on ferme les portes à 20 heures 30’, à cause du manque de clients.

Ibrahima Barry, gérant délices d’Afrique

« En tout cas, ça ne va pas depuis que le Ramadan a commencé. Le soir, il n’y a pas de clients. À partir de 18 heures, on ne voit personne jusqu’à la fermeture. Ce qui fait qu’à partir de 20 heures 30, on ferme. Certains musulmans, quand ils rentrent chez eux, le temps pour eux de faire la rupture du jeûne et de finir la prière, etc. il est déjà 21 heures ou 22 heures. Donc, on n’a pas assez de temps pour vendre. On demande à l’Etat de repousser l’heure du couvre-feu… », a confié le gérant Ibrahima Barry.

Cependant, contrairement à ces restaurants qui essaient avec beaucoup de difficultés d’en faire avec les tristes réalités du moment, d’autres ont choisi une méthode radicale pour traverser cette tempête. Ils ont tout simplement envoyé tout leur personnel en congé et ont mis la clé sous la porte. Autant dire qu’ils préfèrent attendre la fin du Ramadan pour rouvrir et travailler au moins la journée.

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