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Hausse continue des prix des denrées de première nécessité : les clients obligés de casquer, en rouspétant

Quoique l’Etat ait pris des mesures pour réguler les prix des denrées de première nécessité, le problème des coûts élevés de certains produits comme le sucre, le lait, le riz est toujours d’actualité. Une petite enquête sur le terrain nous a permis de constater que beaucoup de revendeurs ne respectent pas les prix fixés par le ministère du Commerce et pourtant l’affichage des prix, encore présent dans certaines boutiques et kiosques avec même un numéro vert pour alerter, n’y change rien. Au dam de clients obligés de casquer, en rouspétant.

À la rue 3 de la Medina, deux boutiques respectivement tenues par des ressortissants guinéens vendent les mêmes produits ( riz,sucre,lait,…) à des prix différents ( 50,100,150 Francs Cfa de différence). K. D, propriétaire de la première boutique, après nous avoir donné ses prix, nous explique : « je vends le kilo de sucre à 650 ou 700 F Cfa en fonction du prix d’achat. Je sais bien que le prix homologué sur l’affiche derrière est 575 francs mais je ne vais pas revendre à ce prix-là et accuser des pertes, l’intérêt de tenir une boutique est de faire des bénéfices. Je ne force personne à acheter et disons nous la vérité, si les clients achètent sans hésiter, c’est que cela ne les dérange pas. En plus, ce n’est pas le ministère qui m’approvisionne et ce n’est pas lui qui va m’aider en cas de perte non plus » dit-il. « Pour le riz ( 500 F Cfa le parfumé,350  F Cfa le non parfumé et le gaz 2900 francs le 6 kilo, je ne vends pas le plus grand), je respecte les prix fixés parce que le prix auquel je les obtiens me le permet. Pour le lait par contre, c’est 3000 Francs Cfa », rajoute-t-il. A l’opposé de son voisin de par la position géographique à l’autre bout de la rue et de par le prix, C Bah lui respecte à la lettre les prix affichés car, selon lui, « une Sénégalaise résidant en France qui était ici en vacances m’avait une fois dénoncé à cause du prix du sucre que j’avais augmenté de 50 Francs Cfa seulement. C’était la première fois que je voyais quelqu’un appeler sur le numéro vert, en plus devant d’autres clients qu’elle a essayé d’influencer. Deux hommes s’étaient présentés à la boutique me menaçant de fermer ma boutique si jamais quelqu’un d’autre se plaignait du non-respect des prix. Les Sénégalais d’habitude ne dénoncent pas, ils vont juste se plaindre et rouspéter mais, au final, ils acceptent car tous les boutiquiers vont avoir le même prix ou presque. Depuis cet incident, je vends tous les produits là aux prix indiqués », renseigne-t-il.

Un petit tour aux marchés Tilène et Gueule Tapée pour une comparaison a permis de remarquer que la situation est la même que dans les boutiques des quartiers. Dans les marchés aussi, les prix diffèrent en fonction des kiosques et des propriétaires. Ils ont tous comme excuse la différence du prix d’obtention de la marchandise pour fixer leurs propres prix.

Le fameux numéro vert ne sert à rien !

« Ils savent très bien qu’un numéro vert n’est pas la bonne solution! Moi, une sénégalaise lambda, je me dis que si j’appelle sur le numéro, personne ne répondra. Peut-être même que le numéro ne va pas passer, ou que si quelqu’un me répond, il va me dire qu’ils vont prendre ma requête en charge et que ce sera sans suite. S’ils veulent vraiment régler ce problème, ils savent ce qu’ils doivent faire. En attendant, nous on est obligé d’acheter au prix des boutiquiers. On ne va pas appeler sur ce numéro au risque de perdre notre temps », martèle S. B, ménagère trouvée en train d’acheter un kilo de sucre à 700 Francs Cfa dans une boutique. Madame Diène, la cinquantaine, nous informe qu’elle ne croit pas à ce numéro vert « je crois que ce numéro a été mis sur l’affiche juste pour leurrer les gens, sinon il ne sert à rien. Vous y croyez vous ? Tu appelles sur ce numéro et hop, des gens viennent pour régler le problème ! C’est comme appeler le 18 ou 17, ça va sonner cadeau et personne ne va te répondre ou même si on te répond, c’est pour te faire patienter. Ici, c’est le Sénégal, rien n’est pris au sérieux tant que ce n’est pas des bêtises! », relève-t-elle avec un air moqueur sur le visage.  Au Sénégal, aussi dures que soient les conditions de vie et la cherté des denrées alimentaires, les gens ont décidé de subir tout en priant pour un lendemain meilleur.

 

 MARYAMA TOURE (STAGIAIRE)

 

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