Hommage d’un titi de Lam-Lam

Massalah mon cher petit village Lam-Lam des phosphates de Pechiney.
Ce village est subdivisé en plusieurs cantons peuls, sérères et wolofs
Et faisait la fierté tout autour des dunes de phosphates surtout du grand dégagement.
Tous ces villageois malgré leur diversité, habitaient et formaient une même grande famille.
Où mon enfance j’ai passé avant de devenir le Titi de Lam-Lam au pays de Marianne.
Et tant de souvenirs qui me sont restés et jusqu’à ce jour gravés dans ma tête.
Que j’y laisserai et mon cœur et mon âme tellement que je l’aime.
Verte prairie et grande savane que je traversai le matin sur le chemin de l’école Péchiney.
Elle était sise à quelques encablures du canton des peuls nommé Lam-Lam peul.
Sur le chemin, en cette matinée tropicale la rosée du matin mouillait tous mes habits.
A l’arrivée en classe, j’étais complètement trempé et me précipitais pour s’asseoir.
Le chant des oiseaux à travers la voie de chemin de fer, les champs de mil, de sorgho et de haricots, donne un air de fête à mon village lorsque le jour nait et la rosée du matin partie.
Quelle est belle la savane de Lam-Lam en ces mois de Septembre, d’Octobre et de Novembre avant la noria de camions et de locomotives chargés de phosphates soulevant une poussière indescriptible et irrespirable.
Je parcourais quotidiennement ce même chemin sinueux à travers champ au moment où les herbes séchaient et les récoltes se préparaient. Les sérères mes esclaves souriaient plus que d’habitude et ce, pour un oui ou pour un non. Le sourire radieux leur pendait aux lèvres.
Ils étaient soit de Lam-Lam Tiafathe, Lam-Lam Koudiadiène ou de Lam-Lam Tiavoune.
Les wolofs de NDiakhaté, de Chérif Lô avaient oublié leur voiture de transporteur et les peuls étaient pressés de nourrir leur vache avec l’herbe fraîche des champs qui faisaient miroiter de formidables récoltes.
En se rapprochant de l’école je pouvais contempler ces beaux Nimiers plantés là le long de la route en latérite menant à Lam-Lam gare.
Regardant ses beaux arbres fleurir à ce moment je me délecte des merveilles de la nature. La saison sèche pointait son nez et certains arbres fleurissaient comme les quads.
Et je n’oublie pas ces feuilles de début de saison sèche emportées par le vent.
Cher petit village de Lam-Lam tu as pris tout une grande partie de mon être.
Dans le marigot de Lam-Lam à côté du grand dégagement de phosphates, je me suis douché et mes vaches ont bu. J’ai aussi avalé beaucoup de poussières et d’argile dues à cette noria de camions et de Caterpillar.
Papa me racontait que dans les années 50, un blanc, avec un cheval encore plus blanc que lui, venait chaque semaine, cassait des pierres et rentrait le soir avec des échantillons de roche.
Péchiney avait pris attache et débutait l’exploitation des phosphates de Thiès et à Lam-Lam.
Une nouvelle entité était née avec ses nouvelles règles, ses nouveaux principes. Lam-Lam s’organisait autrement, une école est née et ceux qui voulaient travailler comme journalier devaient venir de bonheur le matin faire la queue.
Papa n’y a jamais travaillé, il est resté dans sa logique de peul éleveur et c’est par la volonté de certains parents que j’ai pu accéder à l’école Péchiney et je leur rends hommage.
Aujourd’hui, de retour au Sénégal après plus de quarante années d’absence, ces souvenirs se bousculent dans ma tête et la tristesse m’envahit quand je visite Lam-Lam.
Je revois les mêmes images mais en pire. Même les rails qui étaient là ont disparu. Le centre de santé n’est presque plus qu’un souvenir de circoncision. Cette route en latérite meurt de sa belle mort et l’école vient juste d’être rénovée après de multiples négociations et de renoncements.
Hélas qu’ont-ils pu faire après tant d’années d’exploitation de phosphates ? Bon sang on a oublié les Lam-Lamois après plusieurs victimes d’infections pulmonaires ou de cancer.
Non pour la paix on ne peut plus accepter cela, on ne peut pas exploiter les ressources d’un pays, d’une région et partir laissant la zone dans le désarroi total. Non et disons non pour la paix.
Je garderai Lam-Lam en moi jusqu’à mon dernier souffle, je n’oublierai jamais cette grande famille de Lam-Lam dans laquelle il n’y avait aucun distinguo. On était le fils ou la fille de toutes les familles.
Je garde une merveilleuse image de toutes ses beautés qui font de mon village toute ma fierté de Lam-Lamois.
Et dommage on a trop laissé faire.
Amadou Diallo
NB : Je ne suis nullement un poète ni un écrivain aguerri, je serai mieux à l’aise en parlant d’équations différentielles, de primitives d’une fonction LN ou de nombres complexes. J’ai voulu lancer un cri de cœur de voir mon lieu de naissance détruit par des capitalistes sans foi ni loi et un gouvernement aux abois qui ne voyait pas plus loin que son nombril.
Je déplore que les pays de la zone franc ne touchent que 50% de leurs recettes en devises soi-disant des garanties, pourquoi chaque fin octobre ou novembre tous ces pays viennent en France pour faire leur bilan et recevoir les nouvelles directives de gestion pour l’année suivante. Quand c’est trop c’est trop, faisons confiance à nos jeunes, à nos frères et sœurs. Pourquoi devrions-nous toucher que 10 ou 15% des recettes de notre pétrole et de notre gaz ? Pourquoi nos candidats à l’élection présidentielle doivent avoir l’aval de l’étranger ? Et pourquoi devrions-nous toujours enseigner avec une langue qui n’est pas la nôtre ? et Pourquoi ????
Parler de paix c’est aussi parler de justice dans les relations humaines.
Merci pour votre compréhension.