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Idrissa Seck et les lambris dorés du pouvoir

Idrissa Seck revient aux affaires ! L’homme politique, désormais bien installé dans la « station » de Président du Conseil économique, social et environnemental, est, par excellence, un sujet de controverse. Génie politique pour certains.

Malicieux pour d’autres. « Né pour être Président » comme il se serait défini, quand bien même il a raté la plus haute marche par trois fois, le Président de « REWMI » (Le Pays en wolof) est, à lui tout seul, objet de thèses et d’antithèses. Saura-t-il faire la bonne synthèse ?

À 61 ans, il n’est ni vieux ni jeune. C’est plutôt, pour lui, le bon moment pour montrer qu’il s’est bonifié avec l’âge. En 2024, date de la prochaine élection présidentielle, il aura 65 ans, s’il plait à Dieu. Parions qu’il ne prendra pas… sa retraite. Pas avant, en toute vraisemblance, une quatrième tentative pour réaliser son rêve de président de la République ! La dernière ? La bonne ?

Pour l’instant, l’ancien Premier ministre retrouve les lambris du pouvoir. Il y a 20 ans, jusqu’à sa disgrâce intervenue en 2004, il en connaissait tous les secrets. Il en était même le dépositaire tout désigné. Avec en prime, la légitimité populaire d’un homme politique surnommé le pape du Sopi. En effet, la fameuse « Marche bleue » dont lui, Idy pour les intimes, en était le théoricien, s’était terminée au Palais présidentiel. Mais, force est de reconnaître que le Sénégal de 2000 n’est pas celui de 2020.

En 2000, le président de la République s’appelait Abdoulaye Wade. En 2020, il se nomme Macky Sall. Un changement politique majeur depuis que l’élève a vaincu le maître. Adepte des grands espaces, tout se jouera pour l’ancien tout-puissant ministre d’État de Me Wade dans la marge de manœuvre qu’il aura auprès du président Macky Sall également très averti de la chose politique. Avec leur « complicité » retrouvée, la collaboration devrait être lisse entre les deux anciens (ou toujours ?) rivaux.

L’exécution de l’hymne national au début de la cérémonie et l’invitation faite à ses prédécesseurs pour assister à son installation, sont des signes avant-coureurs, on le suppose, de la volonté du nouveau président du Conseil économique d’inscrire son « mandat » dans le temps de la République. De ce point de vue, la présence remarquable et remarquée, à ses côtés, de sa « sœur libérale », Aminata Tall, en constitue la preuve. Inversement, l’absence tout aussi visible de Mme Aminata Touré, précédemment présidente de l’Institution consultative, est sans doute la fausse note d’une cérémonie toute républicaine. Honneur a été rendu aux Présidents honoraires. Et c’est peut-être là l’essentiel.

Idrissa Seck, revenu aux affaires depuis le 1 novembre 2020, est-il « le meilleur Idrissa Seck » ? Ou encore « le meilleur des Idrissa Seck » ? L’avenir nous le dira. L’homme a beaucoup enduré. « D’une belle endurance », pour reprendre ses propres mots. Parfois de par son propre fait. Et quelquefois, « la faute aux autres ». D’abord il y a eu pour lui, les années de conquête du pouvoir. Ensuite la période d’exercice du pouvoir.

Les vaches maigres, puis les vaches grasses. Il y a eu aussi son limogeage brutal de la Primature. Il y a eu surtout « l’affaire des chantiers de Thiès » suivie de son bruyant acte d’accusation devant le monde entier. Et durant les mois de bagne, il y a eu le « protocole de Rebeuss ». Mais il y eu également le non-lieu prononcé par la Chambre d’accusation de la Haute Cour de justice. En résumé, des épisodes heureux et douloureux d’un long feuilleton.

Que va-t-il faire maintenant de sa présidence à l’avenue Pasteur ? L’avenue Léopold Sédar Senghor, siège de la Présidence de la République, est si près-si loin. Saura-t-il transformer ses échecs en succès ? Des échecs, il en a eu ! Avoir « une mention honorable sur les langues de la postérité ». Telle est son ambition maintes fois répétée. Apprendre de ses erreurs. Un grand défi pour Idrissa Seck.

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