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Iran : mystère autour de la mort présumée du numéro 2 d’Al-Qaida

lemonde

Philippe Escande

Le « New York Times » affirme qu’Abou Mohammed Al-Masri a été tué en août à Téhéran par un commando israélien pour le compte des Etats-Unis.

Par Ghazal Golshiri et Madjid Zerrouky

De lui, on ne connaissait que deux images. La première est un visage mis à prix à 10 millions de dollars par le FBI américain : celui d’Abou Mohammed Al-Masri, de son vrai nom Abdullah Ahmed Abdullah, en chemise blanche et cravate. Né en 1963, il est âgé d’une petite trentaine d’années au moment où la photo a été prise. La seconde, qui ouvre la vidéo d’une cérémonie de mariage, est plus furtive. L’homme, en abaya blanche et kufi sur la tête, a pris quelques années. L’ancien proche d’Oussama Ben Laden, devenu numéro deux d’Al-Qaida, pose en compagnie de son gendre, Hamza Ben Laden. Abou Mohammed Al-Masri vient de marier sa fille, Myriam, au « fils préféré » du fondateur du réseau djihadiste. La séquence a été tournée en 2007, en Iran. Lire aussi Donald Trump confirme la mort d’Hamza, fils d’Oussama Ben Laden

Abou Mohammed Al-Masri et Myriam, entre-temps devenue veuve, auraient été tués le 7 août dans les rues de la capitale iranienne par un commando de deux hommes à moto, affirme le quotidien américain The New York Times, qui cite des responsables des services de renseignement américains. L’assassinat, qui aurait été mené par des agents israéliens pour le compte des Etats-Unis, a été commis le jour anniversaire des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998, qui avaient fait 224 morts et dans lesquels a été impliqué le cadre égyptien d’Al-Qaida, selon la justice américaine.

Ni Téhéran, ni Washington, ni Tel-Aviv ni encore Al-Qaida n’ont réagi à la mort présumée d’Abou Mohammed Al-Masri. L’agence de presse iranienne Mehr News avait, elle, affirmé que le père et la fille tués ce jour-là étaient des ressortissants libanais connus sous le nom de Habib et MariamDawoodi. Le ministère des affaires étrangères iranien a démenti samedi les informations du New York Times et toute présence sur son territoire de responsables d’Al-Qaida. Mais dans une démarche inédite, le site ultraconservateur iranien Jahan News, proche de l’ancien député conservateur Alireza Zakani, ne nie ni la présence ni l’assassinat du chef djihadiste.

Une « opération médiatique » américaine

Si, pour Jahan News, ces révélations sont « une nouvelle étape d’opération médiatique menée par les médias américains pour lier l’Iran à Al-Qaida » dans le but de « justifier davantage de sanctions contre l’Iran », le site ultraconservateur livre entre les lignes un aveu de taille. « Aucun pays et service de renseignement ne peut être indifférent face aux groupes terroristes qui menacent sa sécurité. En ce qui concerne Al-Qaida, ce groupe est une des sources d’insécurité en Iran. Voila pourquoi infiltrer ce groupe n’est pas anormal du point de vue de l’Iran. Cette infiltration a pour but de contenir et d’empêcher le groupe de mener des opérations contre la sécurité du pays », peut-on lire.

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