ACTUALITÉSSANTE

Journée Mondiale de la Vue, Édition 2023 Hôpital Régional de Fatick : Discours Docteur Marie Khémesse NGOM NDIAYE, Ministre de la Santé et de l’Action sociale

Je suis très heureuse de présider, ce matin, la cérémonie officielle marquant la célébration de la journée mondiale de la vue, couplée avec le lancement du « projet d’élimination de la cécité causée par la cataracte dans la région de Fatick.

Je voudrais remercier tous les participants de leur présence qui témoigne, de l’intérêt accordé à la lutte contre la cécité et les malvoyances.

Dans le monde, la cécité et les déficiences visuelles sont responsables d’un handicap visuel chez plus de 253 millions de personnes, et 124 millions présentent des vices de réfraction non corrigés (myopie, hypermétropie ou astigmatisme) selon les dernières estimations de l’OMS.

Dans les pays en développement, vivent 90 % des aveugles recensés à travers le monde.

Dans les régions à revenu faible ou intermédiaire situées dans l’ouest et l’est de l’Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, le taux de cécité est huit fois supérieur à celui des pays à revenu élevé.

La cécité est donc un véritable problème mondial de santé publique.

Cette situation est à l’origine d’énormes souffrances pour les personnes touchées (dépendance, mendicité, mauvaise qualité de vie, mortalité prématurée, etc.), leurs familles (enfants guides, déperdition scolaire, dislocation, etc.) et la société (baisse de la productivité, augmentation des charges sociales, appauvrissement de la communauté, etc.).

Pour rappel, les principales causes de cécité dans le monde sont : les défauts de réfraction non corrigés, la cataracte, la dégénérescence maculaire liée à l’âge, le glaucome, la rétinopathie diabétique, l’opacité cornéenne et le trachome.

Leur incidence est malheureusement plus élevée chez les femmes, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Pourtant, dans 8 cas sur 10, la cécité est évitable ou guérissable.

Les interventions destinées à prévenir et traiter la perte de l’acuité visuelle figurent parmi les plus efficaces par rapport à leur coût et celles qui réussissent le mieux : opération de la cataracte, prévention du trachome, distribution d’ivermectine pour le traitement de la cécité des rivières, vaccination anti rougeoleuse, distribution de vitamine A pour prévenir la cécité infantile et la fourniture de lunettes. Ces interventions permettent d’éviter jusqu’à 80% des cas de cécité soit parce qu’ils résultent d’affections évitables (20 %), soit parce qu’ils sont guérissables (60 %).

Pour gagner ce pari, il faudra maintenir et renforcer l’engagement politique de nos États, une implication de la population, un appui accru des partenaires techniques et financiers, etc…

Mesdames, Messieurs,

Au Sénégal, la cécité et les déficiences visuelles sont des problèmes majeurs de santé de par leur ampleur et leur gravité. En effet, avec une prévalence estimée à 1,42%, on dénombrerait près de 165 000 aveugles et plus de 550 000 malvoyants.

Cette prévalence serait construite autour des causes dominantes que sont la cataracte (0,31%), le trachome (0, 26%), les cécités d’origine cornéenne (0,40%), le glaucome (0,16%) etc.

A l’instar de la communauté internationale, notre pays s’est inscrit dans la dynamique d’éliminer les cécités évitables. C’est dans ce contexte que le Programme National de Promotion de la Santé Oculaire (PNPSO) a été mis en place pour rendre les soins oculaires disponibles et accessibles par :

  • la prise en charge curative et préventive des affections oculaires cécitantes par des soins de qualité à un coût compatible avec le niveau de développement du pays ;
  • la promotion de la santé oculaire par l’information et la sensibilisation des populations.

Pour répondre à ces missions, plusieurs plans stratégiques ont été mis en œuvre, s’appuyant sur le développement des ressources, des infrastructures et des équipements pour lutter contre les affections les plus cécitantes que sont : la cataracte, le trachome, les vices de réfraction, et les cécités de l’enfant.

Au demeurant, assurer un meilleur accès aux soins oculaires à nos populations permettrait de lutter et de contrôler de façon durable les causes de cécité et malvoyances dans notre pays.

 

 

Mesdames, Messieurs,

L’exécution des différents plans stratégiques a permis d’enregistrer d’importants progrès.

Ainsi, le trachome qui est la deuxième cause de cécité dans notre pays est en phase d’être éliminé en tant que problème de santé publique. Les districts de la Région de Fatick font partie des 67 qui ont éliminés le trachome sur les 79 que compte le pays.

Les actions stratégiques ont permis de réduire très sensiblement la prévalence du trachome folliculaire et de trichiasis trachomateux.

Ainsi, notre ambition est d’éliminer cette cause de cécité évitable en tant que problème de santé publique d’ici fin 2024.

La prévention primaire est possible pour le trachome et passe par la lutte contre l’insalubrité et la promotion de l’hygiène individuelle et collective. Cette stratégie fait donc naturellement appel à la lutte multsectoctorielle avec les autres secteurs comme l’eau, l’assainissement, l’éducation, etc.

Quant à la prise en charge de la cataracte, qui est la première cause de cécité au Sénégal avec près de 35 à 50000 cas par an, d’importantes avancées ont été enregistrées.

De 5 112 cas opérés en 2000 nous sommes passés à plus de 22 000 cas opérés en moyenne ces deux dernières années. De plus, avec 75 centres de soins oculaires recensés en fin 2022 aujourd’hui, chaque région chaque région administrative du Sénégal présente au moins une unité de chirurgie de la cataracte et des unités simples de soins oculaires et des régions comme Diourbel, Fatick, Louga, Saint Louis, Tambacounda et Ziguinchor disposent d’au moins 3 à 4 unités de chirurgie de la cataracte.

Dans cette perspective de lutte contre la cécité due à la cataracte, plus de 18 000 cas ont été pris en charge ces deux dernières années.

A ce titre je remercie l’ensemble des partenaires qui appuient le MSAS dans la lutte contre la cécité, parmi lesquels l’OMS, Sightsavers, FHI 360, Direct Aid Society, la Ligue Islamique Mondiale et aujourd’hui la Fondation GX. Vos différents soutiens contribuent à la réduction de la charge du trichiasis trachomateux et à l’amélioration du taux de chirurgie de la cataracte au Sénégal.

Mesdames et Messieurs,

La célébration nationale de la journée mondiale de la vue couplé au lancement du « projet d’élimination de la cécité causée par la cataracte dans la région de Fatick » en partenariat avec la Fondation GX va permettre au Ministère de la Santé et de l’Action sociale de programmer près de 6000 opérations gratuites de la cataracte au cours des deux prochaines années ici à Fatick. Ces interventions chirurgicales seront réalisées par des équipes médicales mixtes, sénégalaises et chinoises.

Déjà, la Région de Fatick de quatre unités de chirurgie oculaires mises en place à l’Hôpital et au centre de santé de Fatick, et dans les centres de santé de Gossas et de Sokone. Au niveau des centres de Foundiougne et Dioffior deux unités de soins oculaires sont installées et sont fonctionnelles.

En appoint à ces actions de l’Etat, j’invite nos compatriotes à renforcer le recours précoce aux services de santé de base (postes et centres de santé) en cas d’affection oculaires. Ainsi, les patients pourront bénéficier d’une référence auprès des spécialistes en cas de besoin. Véritablement le MSAS réaffirme sa détermination à renforcer la lutte contre la cécité et la malvoyance car « la vue c’est la vie ».                 

La cérémonie qui nous réunit ce matin est également un moment de communication en faveur de la promotion de la santé oculaire. En effet, elle donne l’occasion d’attirer l’attention sur l’importance du dépistage primaire des vices de réfraction dans les écoles et les daras pour les cibles enfants et jeunes, et dans les lieux de travail pour la cible adulte. C’est donc le lieu d’encourager les employeurs à prendre des initiatives en matière de santé oculaire et à promouvoir des habitudes de santé oculaire qui bénéficieront au bien-être, à la sécurité et à la productivité des employés.

Pour mon département, il reste important de renforcer le système de santé pour la prise en charge précoce et adéquate des maladies cécitantes sur toute l’étendue du territoire national.

C’est pour cette raison que le Sénégal a très vite investi dans la formation d’ophtalmologistes, pour atteindre aujourd’hui le ratio d’un ophtalmologiste pour 241 927 habitants (contre 1/250 000 préconisée par l’OMS). De plus, une quinzaine d’ophtalmologistes sont présentement dans la filière de formation.

A côté de ces progrès remarquables, des défis persistent et sont :

  • la rétention du personnel qualifié en périphérie ;
  • la recherche active et la cure des derniers cas de trichiasis ;
  • le dépistage précoce des cas de glaucome et des vices de réfraction.

J’engage tous mes services à relever ces défis, et invite les collectivités territoriales, les acteurs communautaires, la société civile et les partenaires au développement à y contribuer de façon significative et soutenue.

Mesdames et Messieurs,

Pour clore mon propos, j’invite les populations de Fatick à utiliser massivement les plateaux techniques ophtalmologiques que le MSAS à mis en place dans la région.

Sur ce, je déclare ouvertes les activités marquant la célébration de la journée mondiale de la vue, et lance le projet d’élimination de la cécité causée par la cataracte dans la région de Fatick.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
%d