La Chine expulse à nouveau des journalistes américains
En pleine crise du coronavirus, un nouveau pic de fièvre entre la Chine et les Etats-Unis. Voilà le signe que la pandémie est loin d’avoir apaisé les tensions entre les deux premières puissantes mondiales. Ce mardi, le ministère des Affaires étrangères du régime de Xi Jinping a laissé dix jours à de nombreux journalistes américains du « New York Times », du « Wall Street Journal » et du « Washington Post » pour quitter l’Empire du Milieu.
Dans le détail, le dirigeant chinois vise les journalistes travaillant pour ces titres et dont la carte de presse en Chine aura expiré d’ici la fin 2020. Ils sont invités à rendre rapidement ce document sans lequel il leur est impossible de travailler ou même de vivre dans le pays. D’après le « New York Times », la plupart des journalistes américains détiennent une carte de presse ou un visa qui expire cette année. Les trois rédactions concernées emploient chacun des dizaines de collaborateurs en Chine.
« De nécessaires contre-mesures »
Inédit, ce coup de force entend répondre à Donald Trump. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères précise que ses décisions « sont de nécessaires contre-mesures que la Chine est obligée de prendre en réponse à l’oppression déraisonnable que subissent les médias chinois aux Etats-Unis ».
Le 2 mars dernier, le président américain avait limité à 100 le nombre de citoyens chinois autorisés à travailler aux Etats-Unis pour une liste de cinq agences de presse chinoises (Xinhua, CGTN, China Radio, China Daily and The People’s Daily) contrôlées par Pékin. Pour le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, « ce n’est pas du tout la même chose » puisque son pays cible des « organes de propagandes ».
Une « arme » contre les médias internationaux
Mais l’épisode du jour n’est qu’ une nouvelle étape dans l’escalade. Donald Trump estimait déjà alors répondre aux actes d’intimidation de Pékin contre les journalistes étrangers. Mi-février, Pékin avait déjà expulsé trois autres journalistes du « Wall Street Journal ». Le quotidien américain des affaires venait juste de publier une tribune très remarquée au sommet du pouvoir chinois et titrée « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie »…
Jusqu’ici, les autorités chinoises s’étaient bornées à expulser au cas par cas les journalistes qui lui déplaisaient. La Française Ursula Gauthier (L’Obs) avait ainsi dû quitter le pays en 2015 sous la pression du gouvernement chinois. Le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC) accusait au début du mois le pouvoir chinois d’utiliser les visas de travail comme « une arme » contre les médias internationaux.