LA DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DU QUÉBEC À DAKAR PERDUE PAR L’INTERDICTION DU WOLOF
La carrière diplomatique de l’ex-députée libérale Fatima Houda-Pepin aura été de très courte durée.
Vendredi, le ministère des Relations internationales a annoncé qu’il mettait un terme à son mandat à la tête de la délégation générale du Québec à Dakar, au Sénégal, après avoir mené une enquête sur sa gestion des ressources humaines au sein du personnel de la délégation.
Son bref passage à Dakar aura été houleux. Entrée en fonction officiellement en septembre, à la suite d’une nomination faite par le premier ministre François Legault, elle aura été congédiée moins d’un an plus tard.
En fait, elle n’aura été physiquement sur place que quelques mois, car elle n’a pris la direction de la délégation qu’à la fin novembre. Dès les premières semaines, la situation a commencé à se dégrader.
Elle a dû revenir au Québec en avril pour s’expliquer aux autorités du ministère et elle n’était pas retournée là-bas en raison de la pandémie de la COVID-19.
Mme Houda-Pepin a été informée de la décision jeudi, par téléphone, par la sous-ministre, Sylvie Barcelo.
Relations tendues
Dès son entrée en fonction, Mme Houda-Pepin a éprouvé des difficultés à gérer le personnel mis à sa disposition, ont indiqué des sources à l’interne au ministère.
La situation est devenue vite tendue et le climat de travail difficile : le courant passait mal entre la cheffe de poste et son personnel.
C’est elle-même qui a alerté les autorités du ministère, à Québec, ne sachant trop comment gérer la situation.
Pendant quelques semaines, de janvier à février, le ministère a donc dépêché sur place des experts chargés de calmer le jeu et de vérifier le bien-fondé de plaintes formulées par des employés mécontents de la façon dont ils étaient traités par la déléguée.
Interdit de parler le wolof
Certains employés contestaient le style de gestion de la cheffe de poste, dénonçant un climat de travail malsain. Notamment, des employés locaux n’auraient pas apprécié se faire imposer de parler français en tout temps et non le wolof, leur langue maternelle. Certains ont démissionné.
La vérification interne menée sur place par ces hauts fonctionnaires experts en gestion des ressources humaines a porté tant sur les problèmes de relations de travail à la délégation que sur les dépenses de fonction de la déléguée, ont indiqué des sources au ministère.
Le rapport de vérification interne n’a pas été rendu public.
Radio-Canada a appris que conformément à son contrat, elle sera rémunérée pour les trois prochains mois. Toutefois, comme elle n’appartient pas à la fonction publique, elle ne sera relocalisée nulle part.
Mme Houda-Pepin n’a jamais donné sa version des faits publiquement. Il n’a pas été possible de la contacter vendredi pour l’obtenir.
Fatima Houda-Pepin, une ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale, a été élue députée du Parti libéral (PLQ) dans La Pinière, en Montérégie, en 1994 et a été réélue en 1998, en 2003, en 2007, en 2008 et en 2012. Elle a siégé comme indépendante à partir de janvier 2014, à la suite d’un litige avec son chef, Philippe Couillard, sur la position du parti quant au port de signes religieux, avant d’être défaite aux élections de la même année par le libéral Gaétan Barrette.
Avant sa nomination, elle tenait une chronique dans les journaux de Québecor.