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La fortune suspecte d’Isabel dos Santos, la femme la plus riche d’Afrique

La fille de l’ancien homme fort de l’Angola est aujourd’hui rattrapée par les affaires. Son pays lui demande des comptes.

L’Angola veut récupérer son argent par tous les moyens. « Nous utiliserons tous les moyens possibles et nous activerons tous les mécanismes internationaux pour ramener Isabel dos Santos dans le pays », a déclaré le procureur général Helder Pitra Gros. Un pays qui accuse la fille de l’ancien président de détournement de fonds. Depuis la fin de l’année dernière, ses avoirs en Angola sont gelés.

C’est bien un empire qu’Isabel dos Santos et son mari ont bâti. De Hong Kong aux Etats-Unis en passant par l’Angola et le Portugal, le couple contrôle ou possède des intérêts dans plus de 400 compagnies et filiales dans 41 pays. Ajoutez à cela une propriété à Monaco, estimée à 55 millions de dollars, un yacht à 35 millions et une résidence à Dubaï.

Une fortune estimée à 2 milliards de dollars

Mais l’origine de cette fortune, estimée à plus de 2 milliards de dollars, est pour le moins peu claire. Isabel dos Santos s’est toujours présentée comme une brillante entrepreneuse qui s’est faite elle-même et ne doit rien à personne. Et pourtant…

L’image que renvoie l’enquête des Luanda Leaks est bien différente. Cette investigation repose sur 715 000 documents épluchés par plus de 120 journalistes : des mails, des contrats, des prêts bancaires, des audits, etc.

Leur étude permet de percer à jour la mécanique dos Santos. Au départ, il y a le père, José Eduardo dos Santos, président du pays de 1979 à 2017. Par une multitude de mouvements financiers, en jouant sur les failles du système, le clan dos Santos va faire grossir sa fortune. La fille et son mari vont gérer la mécanique. Le pétrole et les diamants seront ses deux piliers. En Angola, les revenus issus du pétrole ont explosé après la guerre civile. Ainsi, ils sont passés de 3 milliards de dollars en 2002 à 60 milliards en 2008.

Sonangol, la vache à lait

Sonangol, la compagnie pétrolière nationale, sera l’ultime limite de la soif insatiable de richesses du clan. En 2016, Isabel dos Santos est nommée par son père à la tête de la compagnie. En novembre 2017, quelques heures seulement après l’éviction d’Isabel de la direction de Sonangol, la compagnie verse 38 millions de dollars à une société de Dubaï contrôlée par un associé de dos Santos. L’Etat angolais enquête aujourd’hui sur ces mécanismes.

Sonangol a aussi permis, en prêtant de l’argent au clan dos Santos, d’agrandir son empire. Ce fut notamment le cas pour prendre des parts dans une compagnie gazière de Lisbonne, Galp Energia. Une participation de 80 millions de dollars qui en vaut aujourd’hui dix fois plus.

Même système d’enrichissement dans le diamant. En 1999, le président José Eduardo dos Santos crée l’Angola Selling Corp. La société a l’exclusivité sur le marché du diamant angolais. Dans la foulée, il donne un quart des parts à une compagnie contrôlée par Isabel et sa mère. L’année suivante, le gouvernement accorde la première et juteuse licence de téléphonie mobile à la société Unitel. Parmi ses propriétaires, il y a Isabel dos Santos.

L’empire

En 2005, la fille du président et un associé portugais, Américo Amorim, lancent la banque BIC SA. C’est aujourd’hui l’une des plus importantes du pays.

Le Portugal devient justement le nouvel eldorado. Isabel dos Santos y installe sa base opérationnelle pour gérer l’empire. Avec Americo Amorim, Sonangol prend 30% de la compagnie Galp Energia, leader de l’énergie portugaise. Une participation qui sera revendu un an plus tard à la compagnie suisse de Sindika Dokolo, le mari d’Isabel dos Santos, et ce pour un prix dérisoire.

Le couple s’intéresse également aux médias en investissant dans le plus gros cablo-opérateur du pays, Zon Multimedia. Dos Santos contrôle désormais 30% de la société. Toujours au Portugal, Isabelle détient 20% de la Banco BPI, une des plus grandes du pays.

Mais aujourd’hui, Isabel dos Santos et son mari sont dans la tourmente. Aux accusations de corruption, elle répond « chasse aux sorcières ». Elle se dit victime d’une « attaque parfaitement coordonnée » par le dirigeant actuel de l’Angola, Joao Lourenço, qui s’est lancé dans une spectaculaire lutte anticorruption. Le bras de fer a commencé.

francetvinfo.fr

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