La France annonce avoir suspendu les expulsions de migrants vers l’Afghanistan
Le Monde
Les expulsions vers leur pays d’origine de citoyens afghans déboutés de leur demande d’asile sont en suspens depuis début juillet. Cette annonce intervient au lendemain de celles de l’Allemagne et des Pays-Bas.
La France a suspendu dès début juillet les expulsions des migrants afghans déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine en raison des combats entre les talibans et les forces progouvernementales, a annoncé le ministère de l’intérieur à l’Agence France-Presse, jeudi 12 août. L’officialisation de la mesure intervient alors que les talibans viennent de s’emparer de Ghazni, soit la dixième capitale régionale sur les trente-quatre que compte le pays.
« Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire en Afghanistan, la France a suspendu les éloignements vers ce pays depuis le début du mois de juillet. Nous suivons l’évolution de la situation de près, en lien avec nos partenaires européens », déclare le ministère. Lire le décryptage : En difficulté face aux talibans, Kaboul dénonce l’abandon de son mentor américain
1 200 Afghans renvoyés de l’Union européenne en 2021
En 2020, l’Afghanistan était le premier pays d’origine des demandeurs d’asile en France, avec 8 886 demandes. Le 11 juillet dernier, l’Afghanistan avait appelé les pays européens à cesser durant les trois prochains mois d’expulser des migrants afghans, en raison de l’intensification des combats dans le pays. La Suède et la Finlande avaient suspendu les renvois en Afghanistan à la suite de cet appel.
Les Pays-Bas et l’Allemagne, qui, aux côtés de l’Autriche, la Belgique, le Danemark et la Grèce, avaient demandé à Bruxelles de pouvoir poursuivre les expulsions, ont finalement fait volte-face en annonçant les suspendre à leur tour, mercredi.
Les Afghans constituaient en 2020 10,6 % des demandeurs d’asile au sein de l’Union européenne (UE) – un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes –, le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2 %), selon l’agence statistique de l’UE, Eurostat. D’après un responsable européen, depuis le début de l’année, 1 200 personnes ont été renvoyées de l’UE en Afghanistan, dont 1 000 qualifiées de « volontaires » au départ, les 200 autres ayant été « forcées » à partir. Lire le reportage en Afghanistan : « S’ils arrivent à Kaboul, les talibans vont tout brûler »
Au début du mois de mai, les talibans ont lancé une offensive tous azimuts contre les forces afghanes, à la faveur des opérations de retrait définitif des forces internationales d’Afghanistan, prévu pour s’achever à la fin août. Ils se rapprochent dangereusement de la capitale afghane, Kaboul, après s’être emparés en quelques jours de l’essentiel de la moitié nord du pays.
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