La section design de Dak’art 2024 va retracer l’histoire de cet art (commissaire)
(APS) – La quinzième édition du “Dak’art”, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (7 novembre-7 décembre) va marquer le retour du design dans sa programmation, avec l’ambition de retracer l’histoire de cette discipline en Afrique, a déclaré le commissaire de l’exposition de cette section, le designer sénégalais Ousmane Mbaye.
”Ce qu’on va remarquer et qui est vraiment important dans le sillage” du thème général de la manifestation, “The Wake”, “c’est de retracer l’histoire du design, les pères du design, ceux qui font qu’on parle des designers africains encore dans le monde”, a-t-il expliqué dans un entretien accordé à l’APS.
Il s’agit de “mettre en valeur ceux qui se battent dans l’ombre et de montrer comment les gens utilisent et s’approprient les matières premières que l’on retrouve en Afrique”, a ajouté Ousmane Mbaye.
Il juge “important de montrer tout un univers global qui va aller de la terre cuite au fer, en passant par le coton, le bois, les nouvelles technologies. Bref, montrer tous les besoins du design industriel même ceux des personnes vivant avec un handicap”.
Il dit avoir intégré la mode dans cette section dans le but de retracer l’histoire du boubou sénégalais à travers des designers du pays afin de le revaloriser, le design textile et industriel représentant à ses yeux “une part très importante dans l’industrie africaine”.
“Tout ce parcours du design jusqu’à nos jours sera mis en exergue et nous allons aussi examiner tous les savoir-faire existants, au-delà de l’artisanat pour mettre en place des industries pérennes et des systèmes économiques vertueux qui bénéficieront à tous”, poursuit-il.
Le retour de la section design, “une très grande surprise” pour les professionnels du métier, seize ans après à la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, a été selon lui très bien accueilli.
“L’enthousiasme, dit-il, vient surtout du fait qu’il n’y a plus d’évènement important représentant le design sur le continent africain”.
Au total, 24 designers venant de l’Afrique du Sud, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Maroc et du Nigéria ont été sélectionnés pour cette exposition internationale, volet design, du Dak’art 2024, parmi lesquels sept artistes sénégalais.
Il s’agit de Abdoulaye Niang surnommé “le designer global”, Malick Tine, Faty Ly, Bibi Seck, Moustapha Ndiaye Maraz, Pape Demba Diop alias “Fara Baye” et Bassirou Wade.
Le but du design est de répondre aux besoins
Le designer Ousmane Mbaye appelle à la vulgarisation et à l’accessibilité du design. Il estime que le design, une discipline à la croisée des arts, des sciences et des technologies, est le parent pauvre de ce domaine et a pour but est de répondre aux besoins de l’être humain, que ce soit le design de luxe ou celui utilitaire.
“Le design touche tous les corps de métiers et tous les objets du quotidien. C’est un vecteur de développement. On ne peut pas parler de développement sans mettre le design dans le cœur de notre mobilier. Ce qu’on consomme vient à 85 % de l’étranger, il est temps de remettre le design dans notre univers”, plaide l’artiste.
Il défend aussi l’existence d’une école de design au Sénégal, à l’instar d’autres disciplines artistiques telles que l’architecture, etc.
Le design et l’artisanat, deux mondes séparés
“Un très grand jeu de mot et un dilemme se joue entre le design et l’artisanat”, estime le commissaire de l’exposition de la section design du Dak’art. Il demande que les choses soient remises à leur place.
Il note que l’avantage dans cette situation c’est qu’il existe “des designers manuels en Afrique qui arrivent à travailler avec les mains à côté d’un artisanat très développé”, estimant que l’artisanat et le design “sont deux mondes complétement séparés”.
“Le designer est quelqu’un qui réfléchit sur l’objet. Il donne un cahier des charges à l’artisanat. Mais l’un ne va pas sans l’autre, car il y a des gens qui peuvent jouer les deux, tant mieux, mais ce sont deux choses séparées”, a-t-il ajouté.
Ousmane Mbaye, connu pour le recyclage de fûts à pétrole ou de conduites d’eau en des meubles de maison qu’il expose au palais de Justice du Cap manuel, soutient que “le design est le plus grand pourvoyeur d’emplois”.
Il en appelle à des actions devant permettre une plus grande vulgarisation de cette discipline, en vue de favoriser donc à une augmentation du nombre de designers au Sénégal.
Il souligne que sur ce plan, la biennale va donner une idée de ce que doit être l’industrie du design au Sénégal et en Afrique.
La section design consacrée à l’exposition internationale, également appelée “In”, est programmée dans les locaux de l’ancien palais de justice du Cap manuel, espace Ndary Lo, du nom de cet artiste sénégalais décédé en 2017.