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SOCIETE / FAITS DIVERS

L’AMOUR FORCÉ

Au Sénégal, les personnes vivant avec un handicap sont victimes de stigmatisation et souffrent d’une condescendance de la part des valides. A l’occasion de la Saint-Valentin, Bés bi fait une incursion dans la vie amoureuse de ces âmes rejetées, forcées à épouser leurs semblables. Une injustice sociale.

 

 

Le mariage d’une personne vivant avec un handicap est le plus souvent une véritable épreuve. En effet, elle peine à convoler en noces avec son âme sœur si celle-ci est « valide ». Ibrahima Ndiaye, un menuisier de 36 ans à mobilité réduite, en a fait la terrible expérience. Ibou, comme l’appellent ses intimes, est plein d’entrain. Il est l’aîné de sa famille et se bat pour venir en aide à ses parents et sœurs. Après des années de braise comme apprenti, il a pu ouvrir son propre atelier à lui et s’en sort relativement bien. Seulement, quand il s’est agi de convoler en noces, sa petite amie s’est débinée.

« Elle m’a crûment dit que ce sont ses parents qui se sont opposés au mariage. J’ai compris que c’est à cause de mon handicap. J’avoue que j’étais abattu par cette réponse parce que je ne croyais pas que ma petite amie pouvait me faire cela. Je m’évertuais à subvenir à tous ses besoins », déplore-t-il. Cette mésaventure a poussé ses parents à lui trouver une femme vivant avec un handicap comme lui. « Je me suis finalement mariée à une handicapée motrice qui vit à Touba. Les choses sont allées très vite parce qu’elle aussi cherchait un mari vivant avec un handicap. Nous ne sommes pas apparentés. Ce n’était pas mon choix mais j’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur. Et je ne le regrette pas car Bineta est une femme bien », confie-t-il.

« Je n’arrive toujours pas à communiquer avec mon épouse malentendante »

C’est le même sort qu’a connu Samba Dièye. Ce jeune homme qui n’a pas réussi à l’école a été engagé comme apprenti tailleur. Handicapé moteur, il a fini par prendre ses marques et est devenu maître tailleur. Il a maintenant ses apprentis. Dans notre société, certaines mauvaises langues n’hésitent pas à souvent vous rappeler que vous êtes votre différence. Le foudroyant regard de l’autre toujours blessant. Cette situation a dû donner à Samba bien plus de courage et d’abnégation. À cela s’ajoute le fait que c’est un homme de bien. Pourtant, il a peiné à trouver chaussure à son pied. Toutes les femmes qu’il a aimées et gracieusement entretenues l’ont finalement rejetées, peu décidées à l’épouser.

Aujourd’hui, Samba est père d’un garçon d’à peine un an. La maman n’est pas une personne valide. Elle est malentendante et le mari ne s’y connait pas encore en signes, ce qui ne facilite pas la communication. « Je me suis marié avec elle depuis un peu plus d’un an. Je n’arrive toujours pas à communiquer avec elle. Parfois, elle réussit à dire correctement certains mots. Je pense que je vais m’y habituer et on pourra mieux communiquer. Ses parents ont tout fait pour qu’elle retrouve l’usage de la parole, en vain. Cela lui est arrivé quand elle était au Cem. De retour de l’école, elle a eu des problèmes de locution et cela s’est progressivement aggravé. Cette union, c’est Dieu qui en a voulu ainsi. C’est un cousin qui me l’a proposée. Elle m’a plu dès que je l’ai vu », a-t-il dit.

Sa femme l’interrompt par un beau sourire comme si elle a compris ce qu’il disait. Le mariage entre personnes vivant avec un handicap est fréquent. C’est même la règle… sociale. Et pourtant, c’est une stigmatisation. Notre société nourrit des préjugés sur ces hommes et femmes qui, du fait d’un handicap mental, auditif, visuel, moteur. Ils sont du coup des citoyens à part.

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