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SOCIETE / FAITS DIVERS

LE CIMETIÈRE CATHOLIQUE DE BEL AIR, UN HAUT-LIEU D’HISTOIRES

Silence de cathédrale. Aucune animation à part les gazouillis des oiseaux, hauts percés sur les branches d’arbres. Les tombes, à perte de vue, sont bien décorées. Reportage dans un lieu mythique aux nombreuses apparences.

À l’entrée du cimetière de Bel Air, un homme, la quarantaine, assis sur une chaise en fer rouillée, égrène son chapelet. D’un geste de la main, il nous désigne l’administrateur du cimetière. Il se nomme Antoine Niakh. Il est aux offices depuis 2002. L’homme est d’un commerce facile. Il accueille ses hôtes avec une déférence et une courtoisie qui dévoilent son humanité et son humilité. « Asseyez-vous et dites-moi ce que vous voulez », nous indique-t-il en ajustant sa casquette blanche aux rayures bleues. L’objet de notre visite est vite décliné.

Sans souci encore moins de réticence, il se montre disposé. Il revient sur l’histoire du célèbre cimetière de Bel Air et renseigne qu’il a été créé au… 18e siècle. Il était, à l’époque, dédié aux militaires et aux colons. Ce n’est qu’après l’indépendance que des Sénégalais y ont été régulièrement enterrés. Aujourd’hui, le cimetière catholique de Bel Air est fermé depuis 20 ans. Cela ne va pas dire qu’il n’accueille plus de morts. Bien au contraire. « C’est un cimetière fermé depuis 1998, après l’ouverture des cimetières Saint-Lazare. Les places qui y restent sont réservées », détaille notre guide.

Situé à quelques encablures de l’ancien fortin colonial français de Bel Air, le cimetière chrétien de Bel Air est très grand. Les sépultures, décorées de fleurs, s’étendent à perte de vue. Des arbustes à feuillage persistant tels les bougainvilliers, les épines de Christ ou la pervenche rose y poussent, offrant ainsi au lieu au décor paradisiaque. Les gazouillements des oiseaux perturbent la quiétude des lieux.

Bel Air est symbolisé par son monumental central sur lequel est incrusté en écriture en noire : « Mémoire des Soldats et Marins morts pour la patrie ». Ce monument sert de repère. Il permet d’orienter les visiteurs et autres personnes qui viennent se recueillir sur les tombes. Non loin du moment monument central, se trouve la chapelle de William Ponty. Ce dernier fut le gouverneur de l’Afrique Occidentale française de 1866 à 1915. « Il n’est pas inhumé ici mais, on a construit cette chapelle en sa mémoire », explique Antoine Niakh. Plus loin, un monument en la mémoire des victimes de la catastrophe aérienne de 1960, dont l’écrivain David Diop.

Il y a également les caveaux réservés aux prêtres. « Depuis 1800, tous les prêtres qui sont morts sont enterrés ici. Ces caveaux sont réservés pour eux », explique l’administrateur du cimetière, qui dit ignorer le nombre exact de prêtres qui y sont inhumés présentement. En sus, des prêtres, d’éminentes personnalités politiques et culturelles gisent dans cette nécropole. Le défunt chanteur Julien Jouga, l’ancien chef de protocole de la présidence de la République, Bruno Robert Diatta, décédé le 21 septembre 2018 mais aussi et surtout, l’ancien président de la République du Sénégal Léopold Sédar Senghor, y sont enterrés. Et le cimetière va, ce jeudi 28 novembre 2019, accueillir une autre personnalité marquante de l’histoire politique du Sénégal. Il s’agit de Colette Senghor, l’épouse du Premier Chef d’Etat sénégalais, décédée à l’âge de 94 ans à Paris. Elle sera inhumée aux côtés de son époux, Léopold Sédar, et de son fils Philippe Maguilen Senghor. « Sa tombe a été préparée depuis très longtemps car nous savions qu’elle serait enterrée, ici. Quand la dépouille sera là, on va ouvrir le caveau et la placer à côté de son époux », explique Antoine Niakh.

Il y a trois subdivisions dans ce cimetière, dont une partie réservée aux morts coloniaux et une autre intitulée « le cimetière Gorée » et réservée aux catholiques de l’île de Gorée. « Les catholiques de l’île de Gorée sont enterrés dans cette dernière subdivision parce qu’il n’y a pas de cimetière là-bas, sur l’île. C’était un cimetière militaire mais depuis des années, les catholiques issus de l’île de Gorée qui le désirent y sont inhumés. Il y a aussi des Chinois qui sont inhumés ici. Il y a quelques places qui restent ici et l’espace pour un sépulcre est vendu à 14 000 francs CFA. La personne qui en veut saisit directement les autorités administratives, notamment la mairie qui lui délivre les papiers », a fait savoir notre interlocuteur.

La sécurité est de rigueur dans cet endroit où les morts reposent. Vingt individus, notamment des agents de la mairie et des bénévoles assurent quotidiennement la surveillance des lieux. Ils ont formé deux équipes. L’une travaille le matin, l’autre le soir. Et, le cimetière est éclairé par les lampadaires solaires installés un peu partout. « La nuit, les vigiles font la ronde pour gérer la sécurité des lieux. Il n’y a jamais eu de profanation de tombe depuis que je suis là », s’enorgueillit l’homme. Cependant, Antoine est incapable de dire le nombre de morts qui sont enterrés dans ce cimetière. Ce, parce qu’auparavant, il n’y avait pas l’informatisation du fichier d’enterrement. « Je n’ai pas trouvé les registres antérieurs ici. Mais, depuis que je suis là, nous répertorions les morts mais, je ne peux pas vous dire le nombre exact, c’est un secret », dit-il. Un secret qu’il ne veut pas divulguer pour le regretter après.

Aliou DIOUF & Abdoulaye SYLLA (photos)

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