ECONOMIE

« (…) le Fmi nous demande d’arrêter les subventions, ce n’est pas possible. »

Même si c’est « certes très difficile », Abdoulaye Daouda Diallo « pense que l’Etat a les moyens de continuer à faire face à cette situation » marquée par une hausse des prix et une rareté des produits.
 
« Il y a quelqu’un qui a dit que -le Fmi nous demande de cesser immédiatement les subventions-. Ce n’est pas possible. On ne peut pas cesser les subventions. », déclare le ministre.
 
« Nous avons un partenariat fécond avec le Fmi mais il ne peut pas nous donner des injonctions par rapport à notre politique économique. C’est le président de la République qui donne les orientations politiques de notre pays », rappelle Abdoulaye Daouda Diallo.
 
Fondamentalement, il indique que cette politique de subvention est un des marqueurs du président de la République. C’est une politique d’inclusion importante parce que nous pensons qu’il n’est pas possible, en État, de répercuter le niveau réel des prix au niveau des populations, renseigne-t-il dans la foulée.
 
Pour le cas du carburant, il souligne que « si nous pratiquions la vérité des prix sur le marché, le litre du super serait de 1168 francs Cfa ». Comparé au prix actuel qui est de 890 francs Cfa le litre, le ministre constate qu’on se rend compte qu’il y a un effort réel qui est fait à ce niveau.
 
« (…) nous travaillons à avoir une subvention de 292 francs Cfa sur le litre du super. »
 
Malgré cela, annonce Abdoulaye Daouda Diallo, nous travaillons à avoir une subvention de 292 francs Cfa sur le litre du super.
 
Pour le gazoil, le ministre des finances et du budget souligne que le prix est maintenu en l’état car explique-t-il, la conséquence de l’augmentation du prix du gazoil est immédiatement une hausse généralisée des prix au niveau de l’économie.
 
Dans un tel scénario, Abdoulaye Daouda Diallo fait savoir que le transport, les facteurs de production entre autres seront frappés par une augmentation générale des prix.
 
Le prix réel du gazoil est de 1068 francs Cfa le litre et rapporté au coût actuel qui est de 655 francs Cfa le litre, on voit que la subvention est de l’ordre de 413 francs Cfa. C’est globalement 63% de subvention que l’Etat met sur ce produit.
 
Tous ces efforts de l’Etat dans sa politique de subvention s’expliquent par le fait « qu’on ne peut pas aller vers une vérité des prix ». « Ce n’est pas possible. Les ménages sénégalais ne peuvent pas supporter une telle situation », soutient le ministre des finances.
 
Selon M. Diallo, la situation globalement difficile pour tous les pays du monde et ceux qui ne connaissaient même pas des niveaux d’inflation de l’ordre de 2% ; 3% en moyenne, sont aujourd’hui à des niveaux de 8% ; 9% voire 10% d’inflation.
 
En l’en croire, rien que l’appréciation du dollar qui est de 25% par rapport à l’euro fait qu’obligatoirement les prix ont tendance à augmenter.
 
Aussi, le ministre souligne que le prix du baril de pétrole qui passe de 75 dollars à 110 voire 115 dollars actuellement a des répercussions sur les prix des autres produits.
 
Tous ces éléments, en plus de la rareté même des produits font que naturellement les prix ne peuvent pas, à l’achat, être aux niveaux dans lesquels ils étaient avant cette situation difficile engendrée par la guerre en Ukraine qui est venue empirer la situation due à la Covid-19.
 
C’est pourquoi, insiste Abdoulaye Daouda Diallo, nous avons pris le pari de subventionner, pour le moment, ce qui est possible et voilà qu’on est rattrapé par la rareté des produits.
 
Par ailleurs, il fait savoir que l’essentiel de nos subventions risque d’aller au niveau de l’énergie, de façon générale. Car, explique-t-il, c’était 150 milliards de subvention prévue en début d’année. A la fin du mois mai, fait-il remarquer, la totalité de cette somme a été consommée dans le cadre, exclusivement, de la subvention des prix à l’énergie.
 
A sept mois de la fin de l’année, M. Diallo trouve que ce sera, au minimum 150 milliards encore de subvention et, précise-t-il, cela est référentiel par rapport au prix de 75 dollars le baril. Aujourd’hui on est à 115 dollars le baril, ce qui veut dire, selon lui que ce sera au minimum 500 milliards de subvention pour le reste de l’année.
 
Si on ne fait rien, il estime que la totalité de ces subventions va aller au niveau des prix à l’énergie alors qu’il faut continuer de soutenir les denrées de première nécessité (le blé, le riz, le sucre).
 
La situation est certes très difficile mais nous pensons effectivement que l’Etat a les moyens de continuer à faire face à cela.
 
Parce qu’il s’agira, selon lui, de réajuster un certain nombre de dépenses, surtout des efforts incommensurablement au niveau des dépenses de fonctionnement. Nous sommes obligés de prendre une partie à ce niveau.
 
Pour le moment, il informe qu’ils « ne touchent pas aux investissements parce que, argue-t-il, « nous gardons en ligne de mire aussi notre taux de croissance, ce qui est important ».
 
Par contre, il renseigne que « c’est au niveau des dépenses de fonctionnement et des recettes fiscales qu’ « ils font des efforts pour accompagner, davantage, les ménages sénégalais dans cette période particulièrement difficile ».
 
Bassirou MBAYE
 

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