AFRIQUE

Le hiragasy à Madagascar, à l’heure de la répétition [1/2]

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La saison des spectacles de hiragasy commence sur les hauts plateaux centraux de Madagascar. Chants, musiques, discours, danses et acrobaties, cet art populaire et ancestral originaire des campagnes attire aussi les foules en ville. Un public captivé par les performances, la maîtrise de la langue malgache, l’humour subtil de ces spectacles en plein air qui critiquent les travers de la société.

De notre envoyée spéciale à Mandrosoa

Mandrosoa, un village situé à deux heures d’Antananarivo. Au bout d’une piste de latérite, dans la maison familiale entourée de cultures de manioc, de christophines et de mandariniers, une trentaine d’artistes de la troupe Ramilison Besigara Zanany, l’une des plus célèbres de Madagascar, répètent depuis l’aube. À quelques semaines des premières représentations, la troupe peaufine son nouveau spectacle et forme les nouveaux-venus.

Valérine Ravololoniaina, chanteuse et compositrice, mène la répétition. « On vient tout juste de commencer à apprendre cette chanson. Je l’ai écrite en observant la vie des gens. L’actualité nous inspire aussi : le climat, l’insécurité, les vols de zébus. Pour intégrer une troupe de hiragasy, il faut d’abord être un bon amuseur, charismatique, il faut savoir attirer les spectateurs et les persuader. Il faut, bien sûr, avoir une bonne voix et savoir danser en même temps », précise-t-elle.

Un don, expliquent certains membres, mais aussi de nombreuses heures de travail. Assis sur une natte, concentré sur les paroles, Rôla Rakotomalala, 21 ans, fera sa première représentation cette saison au chant et à la trompette.

« Ça fait sept ans que je me prépare. Je m’entraîne tous les matins et tous les soirs, quand je rentre du champ. Ce qui est difficile pour moi, c’est cette manière très spécifique de déclamer les paroles aux spectateurs », explique-t-il. 

Pour tenir en haleine l’auditoire pendant plus d’une heure et remporter la joute face à la troupe adverse, ces artistes aux multiples talents doivent aussi maîtriser l’art oratoire, en particulier le kabary. « Mesdames et Messieurs, chers aînés qui prenez place, nous sommes votre miroir et vos visages aujourd’hui ! Mes parents sont de beaux oiseaux qui ont donné naissance à un hibou. Je me courbe devant vous et vous demande votre bénédiction », déclame-t-il. 

Marino Randriamampianina, 18 ans, fait la démonstration de ce long discours imagé ponctué de jeux de mots, de courts poèmes et de proverbes que l’on improvise devant les spectateurs. « Quand j’étais seul à la maison, je faisais du kabary pour moi-même. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut écrire. C’est comme le sang qui coule dans mes veines. Avec le kabary, je peux transmettre tout un tas de messages au public qui nous regarde. C’est une scène ouverte aux jeunes ».

À la fin de la journée, la mélodie des violonistes envahit les ruelles du village. Après deux semaines de répétitions intensives, les membres de la troupe pourront revêtir leurs costumes aux couleurs flamboyantes pour leur première représentation en plein air.

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