Le pape François à Marseille: «Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages»

Le pape François, 86 ans, est arrivé ce vendredi 22 septembre à Marseille, dans le sud-est de la France, pour une visite de deux jours consacrée notamment à la thématique migratoire et à la Méditerranée.

L’avion du pape s’est posé peu après 16 heures locales, à l’aéroport Marseille-Provence, à Marignane. En fauteuil roulant, François a été accueilli par la Première ministre française Élisabeth Borne.
Pendant son vol, qui l’emmenait de Rome à la cité phocéenne, il a donné le ton, rapporte notre correspondant au Vatican, Camille Dalmas. « J’attends beaucoup de ce voyage », a-t-il en effet assuré.
Répondant à quelques questions des journalistes embarqués avec lui, il a commenté les arrivées massives de migrants à Lampedusa qui ont eu lieu ces derniers jours. Un lieu qu’il avait visité en 2013.
François dénonce le « cimetière » qu’est devenu selon lui la Méditerranée. Sur cette question, il a parlé de cruauté et de manque d’humanité.
Visiblement ému, il a aussi regretté qu’après avoir traversé le désert, et affronté les trafiquants en Libye, les migrants soient jetés à la mer. Des paroles qu’il veut porter à Marseille.
Le souverain pontife décrit la ville comme une porte, une fenêtre de la Méditerranée. « J’espère avoir le courage de dire tout ce que je veux dire », a-t-il confié une vingtaine de minutes avant que son avion atterrisse.
À noter que le chef de l’Église catholique étant sensible à la cause environnementale, Mme Borne a profité de son bref tête-à-tête avec lui pour lui remettre le document sur la planification écologique de son gouvernement.

Après son court entretien avec la cheffe du gouvernement à l’aéroport, le pape François a aussitôt pris la direction de la basilique Notre-Dame de la Garde, sur les hauteurs de la cité phocéenne.

Puis, après une prière avec le clergé au sein de la « Bonne Mère », il s’est recueilli sous un ciel radieux avec des représentants d’autres confessions devant le mémorial dédié aux marins et migrants disparus en mer.
En choisissant cette stèle pour rendre hommage aux migrants morts en mer, le pape a littéralement obligé le monde entier à se tourner vers la Méditerranée, rapporte notre envoyée spéciale à Marseille, Marie Casadebaig. Il qualifie cette étendue d’eau de « source de vie ».
La petite avancée, aux allures de proue de bateau, surplombe la ville et sa côte ; une vue époustouflante en compagnie également de membres d’associations venant en aide aux exilés.
Et de lancer un appel à ne pas s’habituer aux naufrages comme à des faits divers, à surmonter la paralysie de la peur et le désintérêt qui condamne à mort.
Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence. Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation.
François s’est éloigné une seule fois du discours qu’il avait prévu de tenir, la version confiée aux journalistes au préalable. À la fin, il a ajouté un hommage appuyé aux associations qui vont sauver les migrants en mer. Parfois, on les en empêche, a-t-il souligné. Un « geste de haine contre des frères ».

Samedi, le pape prononcera ensuite le discours de clôture des troisièmes Rencontres méditerranéennes, après les éditions de Bari en 2020 et de Florence en 2022.
Il doit par la suite rencontrer le président Macron. Avant de repartir pour Rome, il devrait enfin effectuer une déambulation en papamobile le long de l’avenue du Prado, et présider une messe au stade Vélodrome.
Cette visite du chef de l’Église catholique se déroule sous haute protection, environ 6 000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés dans le cadre d’un « dispositif hors norme », selon un haut responsable policier.
Dans l’Hexagone, la visite du jésuite argentin a été diversement reçue, analyse l’Agence France-Presse. Certains à droite critiquent son « ingérence » politique sur la question migratoire.