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Le Pérou en ébullition, la présidente Boluarte appelle au calme

Des manifestants des provinces andines et rurales, épicentre des contestations, sont en route pour Lima, la capitale. Ils annoncent une grande marche ce jeudi 19 janvier. Objectif : la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Congrès et de nouvelles élections. La présidente a de son côté appelé au calme.

La colère gronde contre la répression qui a déjà fait plus de 42 morts en un mois. De nombreuses revendications sociales se font entendre également. À Lima, on attend donc ces manifestants venus des provinces pour la marche dite des « 4 suyos », en référence à une grande marche des années 2000 contre le président Fujimori.

Ce mardi, ils sont plusieurs centaines à défiler dans les rues de Lima au 15e jour de mobilisation, a constaté notre correspondante à Lima, Juliette Chaignon. Dans le centre, les policiers bloquent l’accès à plusieurs places habituellement utilisées comme point de rassemblement. On observe quelques affrontements. Plusieurs dizaines de manifestants, venus de l’intérieur du pays, comme Rony Garagundo, sont déjà sur place.

« Ceux qui luttent, ce sont les provinciaux. Nous sommes obligés devenir de loin jusqu’ici dans la capitale. Car c’est ici que se trouve le palais du gouvernement et le Congrès, qui doit fermer. Et nous voulons un changement de Constitution. Celle-ci ne défend pas les intérêts du peuple. »

Rony loge chez des amis. Il mange l’assiette de riz offerte par des manifestants de Lima. Sur la route, les convois reçoivent aussi de l’eau et la nourriture. Et des cagnottes ont aussi été créées. « Comme vous pouvez le voir, cette eau, ces gâteaux, cette boite de thon, sont financés par le peuple. »

« Prendre Lima pacifiquement »

Le voyage peut être très long : 1300 km de Puno à Lima, par exemple. 26 heures pour venir d’Arequipa, raconte Felipe Dominguez, leader syndical : « Il y a des contrôles de police sur la route. Pour le moment, nous sommes 45, mais nous attendons des centaines de camarades encore bloqués. Nous avons déjà manifesté dans nos villes. Nous venons maintenant à Lima, pacifiquement. »

De son côté, la présidente Dina Boluarte insiste : sa démission et une nouvelle Constitution sont des demandes impossibles. « Nous savons qu’ils veulent « prendre » Lima » au vu de « tout ce qui sort sur les réseaux, les 18 et 19 (mercredi et jeudi). Je leur demande de prendre Lima, mais pacifiquement et dans le calme », a déclaré Mme Boluarte lors d’un discours à la Cour constitutionnelle.

Difficile pour le moment de prévoir l’ampleur de la grande marche de jeudi. Les protestataires, en majorité des paysans andins, estiment qu’ils seront mieux entendus dans la capitale après des semaines de mobilisation dans leurs régions. Les manifestations devraient gonfler à Lima au fur et à mesure de leur arrivée.

Les manifestations ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté de perpétrer un coup d’État en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir.

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