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Le Royaume-Uni devient le premier pays au monde à autoriser le vaccin Pfizer-BioNTech

lemonde.fr

Cécile Ducourtieux

L’agence nationale de santé (MHRA) a confirmé, mercredi, avoir donné son feu vert pour la mise sur le marché et l’utilisation de ce vaccin anti-Covid-19. 100 000 doses, fabriquées en Belgique, sont attendues la semaine prochaine.

Le Royaume-Uni devient le premier pays occidental à autoriser la mise sur le marché et l’utilisation du vaccin anti-Covid de l’américain Pfizer et de l’allemand BioNTech. L’agence nationale de santé, la Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency (MHRA), a en effet confirmé, mercredi 2 décembre au matin, avoir donné son feu vert. « C’est une grande nouvelle, qui va permettre de sauver des vies, nous avons maintenant de l’espoir que la vie reviendra à la normale autour de Pâques », s’est félicité le ministre de la santé britannique, Matt Hancock, mercredi, au micro de la BBC. « C’est une nouvelle fantastique »,a ajouté le premier ministre, Boris Johnson, sur Twitter.

Le vaccin Pfizer-BioNTech nécessite deux injections à un mois d’intervalle pour être efficace et implique une exigeante – et coûteuse – chaîne logistique (il doit être stocké à – 70 °C). Le Royaume-Uni a précommandé 40 millions de doses du vaccin, manufacturé en Belgique, mais ne devrait pas recevoir plus de 800 000 doses à partir de la semaine prochaine. « Plusieurs millions d’autres arriveront courant décembre »,a promis Matt Hancock. La délivrance des doses « dépendra de la rapidité à les fabriquer » en Belgique, a ajouté le ministre. Lire aussi La fièvre du super-congélo, effet secondaire du vaccin contre le Covid-19

La campagne vaccinale nationale pourrait commencer dès la semaine prochaine, a assuré M. Hancock. Le gouvernement de Boris Johnson a déjà prévu trois modes de délivrance : les hôpitaux, des centres géants de vaccination et les centres de santé locaux. L’hôpital Nightingale, installé dans l’ExCel (centre de Londres), et le stade Ashton Gate, à Bristol (sud-ouest de l’Angleterre), sont en cours d’aménagement, grâce notamment au concours de l’armée. Seront vaccinés en premier les pensionnaires et personnels des maisons de retraite, les personnels de santé et les plus âgés (plus de 85 ans). Cette liste sera officiellement confirmée dans la journée. « Le but est de sauver le plus de vies possible et de commencer par les plus vulnérables », a précisé M. Hancock.

Crainte d’une réticence de la population

Le vaccin développé par AstraZeneca et l’université Oxford est également en cours d’examen par le MHRA et pourrait également être approuvé dans les jours à venir. « Le timing pour la délivrance du feu vert est complètement entre les mains du régulateur », d’après le ministre de la santé, qui a insisté sur son indépendance. « Il doit prendre le temps qu’il faut, pour évaluer l’efficacité et la sécurité du vaccin. »

Comme ailleurs en Europe, les autorités britanniques s’inquiètent d’une réticence grandissante des populations à l’égard des vaccins, surtout à l’égard d’un vaccin développé en à peine dix mois. Selon une récente et très vaste étude de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM), 52 % seulement des Britanniques interrogés en novembre 2019 étaient favorables aux vaccins. Lire aussi Covid-19 : « L’antivaccinisme contemporain est principalement “économique” et “politique” »

« Ecoutez les experts, faites confiance aux médecins, aux infirmières, à Jonathan Van Tam [un des conseillers médicaux du gouvernement, particulièrement populaire] », a insisté Matt Hancock, mercredi. Une insistance assez paradoxale de la part d’un gouvernement de brexiters, qui ont délibérément ignoré la parole des experts quand, les uns après les autres, ils alertaient sur les effets négatifs du divorce avec l’Union européenne (UE). Le feu vert au vaccin Pfizer-BioNTech constitue néanmoins une victoire politique pour Boris Johnson et permet en partie d’occulter ses difficultés grandissantes à contrôler son propre parti.

Mardi 1er décembre, une grosse cinquantaine de députés tories ont voté contre la loi gouvernementale encadrant la sortie du confinement et le retour à des semi-confinements durs presque partout sur le territoire anglais – la plus grosse rébellion à date contre Downing Street depuis les élections générales de décembre 2019.

A quelques jours d’un probable accord avec Bruxelles sur la « relation future » – post-Brexit – avec les Européens, le premier ministre peut aussi utiliser cette « première » vaccinale britannique, comme un argument en faveur du Brexit. L’Agence européenne des médicaments (EMA) n’a confirmé que mardi 1er décembre le début de l’examen accéléré du vaccin Pfizer-BioNTech.

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