AFRIQUE

Le Sénégal, la Gambie et les deux Guinées réunis pour une cause commune

La traite des personnes est un phénomène répandu dans toute la sous-région de la CEDEAO avec des caractéristiques distinctes selon les pays. C’est pour cette raison que les pays de la sous-région, en l’occurrence le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée veulent unir leurs forces pour éradiquer ce mal de la partie occidentale du continent. Des experts des pays concernés sont en conclave à Saly Portudal pour élaborer une feuille de route commune leur permettant de réussir cette mission.

 

Les coordonnateurs nationaux de lutte contre la traite des personnes et les praticiens de la chaine pénale de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau et du Sénégal sont réunis dans le cadre d’un séminaire régional de formation des acteurs de la chaine pénale dont l’objectif est de favoriser l’appropriation des outils de coopération judiciaire et des bonnes pratiques, ainsi que la coordination opérationnelle aux niveaux national et sous-régional.

‘’Trois jours durant, les participants vont passer en revue leurs procédures et expériences respectives afin de tirer des lieux communs et proposer des pistes pour faciliter la coopération entre les structures de coordination de la lutte contre la traite et développer des outils communs pour guider les acteurs de la chaine pénale dans la conduite des enquêtes et des poursuites des affaires de traite des personnes’’, a renseigné le chef de projet au Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD). Lamine Daffé précise, à ce titre, que ‘’cette activité s’inscrit dans le cadre du projet ‘Crime organisé : réponse de l’Afrique de l’Ouest aux trafics illicites’ (OCWAR-T) mis en œuvre par un consortium d’agences, mené par la Giz – en collaboration avec d’autres organismes internationaux (NDLR). Le projet est financé par l’UE et le gouvernement allemand et est mis en œuvre dans les 15 États membres de la CEDEAO et la Mauritanie’’.

Sur cette lancée, explique-t-il, ‘’afin de lutter efficacement contre un phénomène polymorphe, il est important de trouver un compromis entre l’angle répressif de la lutte contre la traite des personnes et le développement de stratégies centrées autour de la prévention, l’assistance et la protection, l’autonomisation et l’inclusion sociale des victimes de la traite’’.

Ainsi, ajoute M. Daffé, sur le plan répressif, un grand nombre d’avancées est à mettre à l’actif des États de la sous-région.

En effet, fait savoir le chef de projet, ‘’les États ont introduit des dispositions dans leur Code pénal ou dans des lois spécifiques sur la traite, des unités spécialisées d’enquête et/ou des pôles spécialisés sur le crime organisé ont vu le jour et sont en charge de mettre hors d’état de nuire les réseaux de trafiquants dont les modes opératoires sont de plus en plus sophistiques. Toutefois, malgré ces avancées notables, des défis opérationnels persistent dans la conduite des enquêtes et des poursuites sur des dossiers de traite’’.

D’ailleurs, le secrétaire permanent de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes estime qu’il faut continuer à persévérer dans les efforts. ‘’Nous sommes dans un contexte mondial où la traite des personnes est en expansion, et la sous-région n’y échappe pas. Il y a un certain nombre de facteurs qui vont de la pauvreté, des difficultés économiques, mais également du développement de la criminalité internationale organisée’’, indique Mody Ndiaye.

A l’en croire, ‘’aujourd’hui, l’activité de traite des êtres humains est une activité lucrative. Il y a l’activité interne, la traite frontalière. C’est pourquoi il est important que les professionnels des différents pays, notamment des voisins, se retrouvent de temps en temps pour avoir une feuille de route commune qui va permettre d’échanger des informations, des pratiques pour mieux juguler ce phénomène qui n’épargne aucune région du monde’’.

Dans le même sens, il pense que même si les États de la sous-région son déjà liés par un accord, la porosité des frontières constitue un frein à l’efficacité des mesures qui sont prises par ces pays. ‘’Nous avons déjà signé un protocole d’accord en 2017 qui est notre socle commun. Mais si vous voyez la configuration de la sous-région, nous sommes un vaste ensemble avec la libre circulation des biens et des personnes. Nous constituons ainsi un pays avec la situation en Gambie, au Sénégal et en Guinée qui est sensiblement la même. Et c’est malheureusement un facteur utilisé par la criminalité transnationale ou dans le cadre de la traite des personnes. Ces personnes malintentionnées utilisent, transportent les gens d’une frontière à une autre dans le seul but de les exploiter’’, démontre Mody Ndiaye.

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