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LE SEREER UNE LANGUE COSSAN 

Un chercheur manjak a pu dire que la langue est la boite noire de la civilisation. Bien avant les migrations et les rencontres, la langue a constitué l’élément le plus ancien et le plus solide qui unit à la base, de manière indissociable, la majorité des populations sénégalaises. Dans l’ancienne Mauritanie, les langues à classes dites west atlantic group appartenaient aux populations que les sources arabes appellent Maghsara ou « Sereer ancestraux » (Carte de Delafosse). Ce groupe de langues est différent de celui des populations de langues mandé (malinké, soninké, sarakollé, dioula etc.) Sapir (1971) donne ci-après le pourcentage de racines communes aux langues des Maghsara entre elles :

-Sèrère- Pular 37% (40% selon Mukarovski cité par Gravrand) ;S

Sèrère -Wolof 25% ;

-Sèrère- Jola 17% ;

-Wolof-Pular 24% ;

-Jola -Wolof 13% ;

-Jola-Manjak 28% ;

-Jola -Pular 13%.

Toutes ces langues ont des racines communes avec les Tenda (Bassaris, Koniagui, Badiaranké). En raison de l’antériorité de ses locuteurs dans l’ancienne Mauritanie (Bassène 2011 p117 118), c’est le sereer qui a le plus grand nombre de racines communes avec toutes les langues à classes du pays (Makhtar Diouf 1981 p 75 76). Toutes proportions gardées, il occupe la même position que le latin par rapport aux langues romanes (italien, français, espagnol, portugais, roumain). C’est pourquoi toute étude sérieuse sur les langues sénégalaises concernées ne saurait ignorer le sereer. C’est encore plus vrai concernant le pular et le wolof.

La langue pular est née du sereer, le wolof dérive du Sereer . D’après un des dictons halpular cités par V. Monteil, « La langue peule est née chez les Sereer, grandi chez les Toucouleurs et vieilli chez les Peuls » : pulaar jibinaa ko Seereraabe, mawni Fuuta, nawyi e Fulbe ». Le dicton et les statistiques disent clairement qu’à l’origine, le sereer était la langue des Toucouleurs Halpular et des Peuls (V. Monteil 1980 p52/53).

Tous ces groupes parlaient la même langue, une langue- mère aujourdhui morte .Nous laissons aux specialistes le soin de dire un jour à quel groupe se rattachait cette langue archaïque . Je pense que c’etait une langue sereer archaïque , mais je me garde bien d’en discuter. D’autres pensent que c’etait un Pulaar cossan . Mais les peulhs n’ont-ils pas appris l’essentiel de leur langue en milieu africain semi-bantou ?

Peut etre s’agit-il d’une langue Saharienne antique , apparentée à l’egyptien ?

Ce qui est certain, c’est que les langues pulaar, Sereer et Wolof, qui sont apparentées, émergèrent après l’éclatement territorial des groupes et la differenciation ethnique .

Les peulhs l’ont emportée dans leur exode au Macina et au Fouta Djallon et y ont progressivement apporté des modifications et des éléments nouveaux provenant de leur nouvel environnement. Quand ils sont revenus au 16e siècle lors de la conquête de Koly Tenguela, la langue sereer modifiée ou créolisée devenue le pular a été imposée aux populations du Tekrour, pays qu’ils ont renommé Fouta Toro. A cette époque, la désérérisation du Tekrour consécutive à l’exode des Sereer à partir du 10eme siècle était avancée (Trimingham). Comparés aux traditions historiques et aux dictons, la linguistique est une science. L’origine sereer du pulaar est attestée par les linguistes et chercheurs éminents comme Hombourger, Barth, Delafosse, Gaden, V. Monteil, Sapir, Mukarovski Trimingham, Makhtar Diouf etc. Par ailleurs, les traditions wolofs expliquent également sous une forme allégorique comment serait née leur langue. Dans la première version en date publiée au début du 20e siècle, c’est une création des Sereer, des Peuls et des Arabo berbères (Yoro Dyao 1913). D’après Amadou Wade aussi, ce sont les gens de Menguègne (vers Saint Louis), ceux du Sine et du Walo qui composèrent un dialecte qui est la langue des Wolofs (Wade : 1941 de la rive droite du fleuve. Leur seule identité était géographique. On les appelait les « Gens du Lof » autrement dit, les Wa Lof ou Wolof. C’est progressivement que l’identité géographique deviendra identité ethnique. Il faut donc d’inverser les antériorités et les rôles : les Lébous ne seraient pas un groupe wolof rebelle séparé et parti ailleurs, comme ils le revendiquent. Au contraire, ce sont eux qui auraient donné les bases de la nouvelle langue et de la nouvelle identité à ceux qu’on appelait les gens du Lof, devenus les Wolofs. C’est au moment où l’identité et la langue wolof se développaient et même consolidaient au Djolof que quelques éléments lébous auraient quitté le pays en direction du Cap Vert notamment. Il y a des éléments qui montrent que ce sont les Lébous qui étaient dans l’ancienne Mauritanie avec les Sereer, les Halpular etc. et non les Wolofs. Aucun toponyme ne signale les Wolofs alors que le Lebudo est signalé au Fouta (HGS tome II volume 1 p117). Surtout, les Lébous sont des parents à plaisanterie des anciens groupes du Tekrour alors que les Wolofs ne connaissent même pas cet apparentement, parce qu’ils n’existaient pas à l’époque comme identité. La variante lébou de la langue wolof est également plus proche du sereer (Sarr 1980).

Source : Marcel M. Diouf << JALONS DE L’HISTOIRE DES SERERES : DU SINEGHANA AU SINE WAGANE>>

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