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Le village artisanal de Soumbédioune au bord du gouffre

A l’échelle pyramidale des impactés de la pandémie du coronavirus, les acteurs du monde artisanal sont au sommet. Au village artisanal de Soumbédioune, les activités sont au point mort.

A l’échelle pyramidale des impactés de la pandémie du coronavirus, les acteurs du monde artisanal sont au sommet. Au village artisanal de Soumbédioune, les activités sont au point mort. La majorité des cantines est fermée. Et avec la propagation fulgurante de la pandémie qui a fini de s’installer dans le pays, les acteurs du monde artisanal doivent encore prendre leur mal en patience. La clientèle étant majoritairement composée de touristes, est donc presque inexistante actuellement. Ce qui met donc le village artisanal au bord du gouffre alors que l’aide étatique promise tarde à se matérialiser …

Au village artisanal de Soumbédioune, les visages ne sont pas radieux. La plupart des cantines sont toujours fermées depuis le début de la pandémie. Ce grand centre de l’artisanat, qui était une des attractions de la capitale et le point de convergence des touristes, est en train de mourir de sa belle mort. A l’intérieur, on se croirait dans une cathédrale, tellement le silence des lieux est religieux.

Mbaké Sylla, un jeune commerçant en maroquinerie, gérant de cantine, habillé d’une chemise multicolore et d’un pantalon kaki, se morfond dans sa cantine où il passe toute la journée sans voir l’ombre d’un seul client. « En temps normal, déjà, le secteur de l’artisanat était confronté à toutes sortes de difficultés dans ce pays. La pandémie du coronavirus nous a arrachés le peu que nous avions. Il faut que l’Etat change sa politique afin de mettre le secteur de l’artisanat au cœur de son projet de développement. Ce qui est plus aberrant, nous n’avons encore rien reçu de notre ministre de tutelle », déplore Mbaké Sylla.

A l’en croire, cela fait plus de cinq mois que les pensionnaires de ce village vivent un calvaire sans que leur ministre de tutelle ne s’inquiète de leur sort. Alors que certains d’entre eux parvenaient à se retrouver avec 500. 000 francs de chiffre d’affaires chaque mois avec l’afflux des touristes, aujourd’hui, avoir 40 000 francs relève de l’exploit avec la désaffection des lieux par les touristes et les autochtones. Ce qui fait que la vie de ces acteurs de l’informel est devenue misérable, plaçant leur famille dans une situation inconfortable. L’autre goulot d’étranglement du village artisanal de Soumbédioune, c’est la construction du tunnel routier qui l’a complètement éclipsé. En effet, il n’y a même pas un seul panneau pour indiquer l’emplacement du village qui a perdu la plus grande partie de sa clientèle depuis la construction de ce tunnel sous le régime du président Abdoulaye Wade.

La concurrence des boutiques au niveau des hôtels

L’autre problème dont souffre ce centre qui fut le creuset de l’artisanat dans notre pays et le passage obligé de tous les touristes, c’est la concurrence « déloyale » que lui mènent les hôtels qui ont ouvert des boutiques qui vendent les produits réalisés par des artisans locaux. Autant de problèmes étouffent le secteur artisanal national devenu si vulnérable. « Les boutiques présentes dans les hôtels, et qui vendent les mêmes produits que nous, font que les touristes ne se déplacent plus pour visiter le village », regrette Alioune Kane, la trentaine, trouvé en train d’astiquer ses œuvres. Cependant, ce partenariat entre les boutiques des hôtels et les artisans vu village n’est pas forcément négatif, dans la mesure où certains parmi ces derniers tirent leur épingle du jeu dans ce business. Interrogé sur son chiffre d’affaires, notre interlocuteur explique qu’il lui arrive de se retrouver avec 300 000 francs à la fin du mois. Mais il peut aussi rester deux semaines sans rien vendre. Ces acteurs de l’informel fustigent le comportement de certains sénégalais qui ne consomment pas local. Raison pour laquelle, nos braves hommes qui évoluent dans le secteur de l’artisanat souffrent. Dans ce lot, une jeune demoiselle, le teint noir sans aucune trace de dépigmentation, dit subir les caprices de la pandémie du coronavirus. Ndèye Dibor Ndiaye, vendeuse de tissus, de robes, et brodeuse, estime que la désaffection des clients ainsi que la préférence des Sénégalais pour les produits étrangers font que leurs activités ont périclité. Ce qui place le village de Soumbediioune dans une profonde crise si bien que certains artisans disent être prêts à fermer boutiques tellement le mal est profond.

L’administration du village pointe du doigt les lenteurs administratives

Dans les locaux administratifs du village artisanal de Soumbédioune, la queue est longue. Les acteurs de l’artisanat sont venus nombreux pour s’inscrire sur la liste afin de bénéficier de l’appui de l’Etat. Cela fait plus de cinq mois qu’ils n’ont rien reçu. Et ce n’est qu’au début de cette semaine qu’ils ont appris qu’un fonds leur a été alloué. « Toute aide est la bienvenue. Nous avons assez attendu. Mais nous n’en pouvons plus avec les lenteurs administratives notées depuis l’ouverture des bureaux pour les inscriptions en vue de bénéficier du fonds » fustige Modou fall, un artisan. Serigne Mor Talla Babou, secrétaire général de la chambre de métiers de Dakar, la lenteur administrative est à corriger car les acteurs du monde de l’artisanat ont assez attendu leur part du fonds force Covid -19.

Au-delà de ce fonds, il fait savoir qu’il existe déjà un projet d’appui de 30 milliards de la banque mondiale qui est en cours et pour lequel huit corps de métiers sont ciblés. Les artisans espèrent voir le bout du tunnel avec l’effectivité de tous ces projets. Mais pour le moment, les pensionnaires du village artisanal de Soumbédioune crient en chœur que leur secteur est en crise depuis plus de cinq ans et la pandémie est venue mettre à genoux le village artisanal de Soumbédioune si bien qu’il est devenu un point désertique dans la carte touristique du Sénégal.

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