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Les dirigeants mondiaux exhortés à mettre fin aux discriminations qui arrièrent dans la vie les adolescentes handicapées

Le sexe, le handicap et l’âge sont les principaux facteurs d’inégalité et de discrimination. Lorsqu’ils se croisent, leur impact négatif est aggravé, ce qui signifie que les adolescentes handicapées, en particulier, sont confrontées à de gros obstacles dans la jouissance de leur santé et de leurs droits. C’est ce que pensent beaucoup d’ONG dont le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (PMNCH).

Par rapport à leurs pairs non handicapés, le risque de ne pas fréquenter le second cycle de l’enseignement secondaire est 27 % pour les enfants et adolescents (0-17 ans) handicapés. Le risque de se sentir discriminé est de 41 % et celui de sentir malheureux est de 51 %.  Les adolescentes handicapées s’en sortent particulièrement mal. Elles sont confrontées à des inégalités supplémentaires dans l’accès à l’éducation, à des soins de santé abordables et à d’autres services clés, et risquent de plus grandes violations de leur sécurité personnelle, car leurs handicaps sont aggravés par le sexe et l’âge.

Les délégués participant à un événement parallèle spécial qui s’est tenu le mardi 22 mars 2022 lors de la 66e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW66) ont appelé à une plus grande attention, en fournissant davantage de ressources et de soutien technique, pour la réduction de la discrimination structurelle causée par le sexe, l’âge et le handicap. Les délégués de cet évènement tenu en présentiel et en virtuel ont exhorté les gouvernements et la société civile à adopter une approche intersectionnelle qui autonomise les femmes et les filles handicapées en les consultant et en les impliquant dans l’élaboration des programmes qui les concernent.

Équité et Inclusion pour les adolescentes partout : approches politiques et de plaidoyer pour promouvoir l’inclusion du handicap, est coparrainée par le Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, le ministère de la Santé et du Bien-être familial du gouvernement du Bangladesh, la Mission des États-Unis aux Nations Unies, PMNCH (l’alliance mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents )et le Consortium international sur le handicap et le développement (IDDC). Malgré le fait que les enfants et les adolescents handicapés font partie des groupes les plus marginalisés et les plus discriminés, ils sont faiblement priorisés dans l’agenda général de la santé est faible. Le nombre d’enfants et d’adolescents (âgés de 0 à 17 ans) handicapés dans le monde est estimé à près de 240 millions (soit 1 sur 10 dans le monde).

Les inégalités et la discrimination auxquelles les femmes et les adolescentes handicapées sont confrontées 

Les adolescentes et les jeunes femmes handicapées sont confrontées à des obstacles particuliers pour accéder aux services et aux informations sur les droits en matière de santé sexuelle et reproductive (DSSR), bien qu’elles aient les mêmes droits que les autres filles et jeunes femmes, comme le reconnaissent diverses conventions internationales, telles que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH). Pourtant, la fourniture d’informations et de services accessibles en matière de DSSR pour les filles et les jeunes femmes handicapées est quasiment inexistante.

Lorsque les femmes et les filles handicapées essaient d’accéder aux services de DSSR, elles peuvent se retrouver en face d’agents ou fournisseurs de services aux attitudes négatives et hostiles, le manque de bâtiments, d’équipements et de moyens de transport accessibles, le coût élevé des services et l’isolement dans les institutions, les camps de déplacés, les maisons familiales ou foyers de groupe. Les femmes et les filles handicapées courent également jusqu’à trois fois plus de risques de viol et sont deux fois plus susceptibles d’être victimes de violence domestique et d’autres formes de violence sexiste (sur une plus longue période et avec des blessures plus graves) que les femmes non handicapées.

Malgré le manque de preuves enregistrées, il est généralement admis que les inégalités et la discrimination préexistantes auxquelles les femmes et les adolescentes handicapées sont confrontées quotidiennement se sont encore amplifiées pendant la pandémie du COVID-19. Par exemple, certaines femmes et filles handicapées qui ont besoin d’assistance, comme celle des interprètes en langue des signes, pour accéder à la SSR ou à d’autres services de santé, n’étaient plus autorisées à emmener ces personnes avec elles en raison des règles de distanciation sociale.

La situation des filles et des femmes handicapées ne fait qu’empirer dans les contextes humanitaires, et les délégués à l’événement parallèle de la CSW66 ont réfléchi également sur les crises humanitaires actuelles en Ukraine, en Afghanistan, en Syrie et dans de nombreuses autres parties du monde. Les conflits et les déplacements aggravent les discriminations auxquelles les femmes et les filles handicapées sont déjà confrontées en temps de paix et détruisent leurs systèmes de protection, les rendant plus vulnérables à l’exploitation. Elles peuvent se retrouver coupées des services généraux et spécialisés de soutien en matière de santé et de handicap, ou confrontées à d’importants obstacles liés à la prise en charge et l’accès à de tels services, ainsi qu’à la nourriture, à l’eau potable, au logement, aux articles d’assainissement et à d’autres besoins de base.

Un Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour l’inclusion des handicaps 

Les délégués à l’événement ont partagé des preuves sur l’impact et les facteurs de la discrimination, ainsi que des approches politiques et des améliorations pratiques pour améliorer l’équité et réduire l’exclusion, afin d’aider les filles et les femmes handicapées à vivre leur vie à leur plein potentiel. La session a mis en lumière des expériences vécues et explorera les défis actuels et les opportunités politiques pour les adolescentes handicapées, ébauchant les prochaines étapes essentielles pour la promotion de leur inclusion. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 indique clairement que le handicap doit être inclus dans l’accès aux programmes de développement et la réalisation des droits de l’homme.

Les délégués ont demandé que davantage de ressources et de soutien technique soient mis à disposition pour répondre aux besoins de toutes les personnes handicapées, et pour trouver et intégrer des solutions innovantes et des orientations normatives supplémentaires tenant compte explicitement du handicap, afin de créer des environnements plus propices et accessibles. Les services de soutien liés au handicap doivent également être classés comme services essentiels.

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) comprennent sept cibles qui font explicitement référence aux personnes handicapées. L’Agenda 2030 repose sur le principe de ne laisser personne de côté, ce qui signifie qu’aucun des ODD ne peut être véritablement atteint si les personnes handicapées ne sont pas incluses. En outre, le renforcement des systèmes de santé et la promotion de l’inclusion du handicap dans le secteur de la santé sont des conditions préalables essentielles à la fois pour mieux reconstruire après la pandémie du COVID-19 et pour la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU).

Plus de données sont nécessaires dans ce domaine pour soutenir le développement des programmes. Les délégués ont encouragé les États à donner la priorité à la collecte et à la diffusion de données et d’informations relatives au handicap ainsi que des données et informations désagrégées afin de favoriser une programmation et une redevabilité fondées sur des données probantes. Enfin, mais surtout, les participants à l’événement ont appelé les femmes et les adolescentes handicapées à s’autonomiser et à s’engager de manière significative dans l’élaboration de toutes les politiques, programmes et processus juridiques qui affectent leur santé, leur bien-être et leur statut, ce qui est l’un des principes centraux de l’Appel à l’action des adolescents du PMNCH.

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