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« Les Discours Incendiaires et la Gouvernance au Sénégal : Un Regard sur Macky Sall et Ousmane Sonko » par Ndiawar Diop

L’engagement du Pr Macky Sall devant le Khalif général des Mourides, visant à maintenir la sécurité et la tranquillité du pays, soulève des interrogations quant à son statut d' »homme qui n’a rien à perdre ».
De même, les discours enflammés d’Ousmane Sonko garantissent-ils une gouvernance adéquate en cas de son élection à la présidence du Sénégal ?
Ces questions suscitent une réponse nuancée, étant donné la profonde animosité entre ces deux figures politiques, sans précédent dans l’histoire sénégalaise.
L’écrivain américain James Baldwin affirmait que « La personne qui n’a rien à perdre possède le pouvoir le plus dangereux du monde. » Cette citation met en lumière la notion selon laquelle un individu sans rien à perdre peut devenir imprévisible et potentiellement destructeur, car il ne craint pas les conséquences de ses actes. Elle souligne la dynamique du désespoir et de la révolte.
Lors de sa récente visite à Touba, le président du Sénégal, Macky Sall, a solennellement promis au Khalif général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, de maintenir la stabilité, la sécurité et la tranquillité du pays jusqu’à la fin de son mandat présidentiel en avril 2024.
Cette promesse présidentielle a suscité de vives discussions, entraînant des spéculations sur l’arrestation et l’emprisonnement d’OusmaneSonko. Si certains saluent cette promesse, d’autres y voient un plan visant à éliminer systématiquement les opposants à sa politique, en particulier ceux qui soutiennent le leader de l’ex PASTEF.
Il est bien connu qu’un homme politique qui n’a rien à perdre peut présenter des risques en politique. Lorsqu’un politicien ne se préoccupe ni de sa réélection ni de sa carrière politique, il peut être enclin à prendre des décisions impulsives ou à s’engager dans des comportements risqués préjudiciables à ses adversaires. Cette absence de conséquences politiques peut le conduire à négliger les intérêts de ses électeurs, agissant selon ses propres intérêts ou ceux de groupes particuliers.
Maintenant, il est important de noter que tous les politiciens qui n’ont rien à perdre ne présentent pas nécessairement ces risques. Certains choisissent de se concentrer sur des questions ou des causes importantes sans craindre les conséquences politiques, ce qui peut parfois entraîner des actions courageuses et des changements positifs. Les risques dépendent largement de la personnalité, des valeurs et des motivations du politicien en question.
Dans cette lutte entre deux ténors de la politique, il est essentiel de comprendre que les discours incendiaires, qu’ils proviennent d’Ousmane Sonko ou d’autres candidats politiques, ne garantissent pas nécessairement une bonne gouvernance une fois élus président du Sénégal. Une bonne gouvernance repose sur des éléments tels que la transparence, la responsabilité, le respect de l’État de droit, la protection des droits de l’homme, la lutte contre la corruption et la prise en compte des besoins de la population.
Les discours incendiaires, caractérisés par des attaques personnelles, des propos provocateurs ou des déclarations polarisantes, peuvent contribuer à créer des divisions au sein de la société et compromettre la capacité d’un dirigeant à rassembler le pays pour travailler vers des objectifs communs. Ils peuvent également nuire à la réputation d’un dirigeant sur la scène internationale et affecter les relations diplomatiques.
La qualité de la gouvernance dépendra des actions et des politiques mises en œuvre par un président une fois au pouvoir, ainsi que de sa capacité à travailler en collaboration avec d’autres acteurs politiques, la société civile et la population en général. Il est donc essentiel d’évaluer un candidat non seulement en fonction de ses discours, mais aussi de son programme politique, de ses antécédents, de sa capacité à mobiliser un soutien et de sa volonté de respecter les principes démocratiques et les valeurs de la gouvernance responsable.
La stabilité et la tranquillité du pays jusqu’aux prochaines élections présidentielles doivent rester indéniablement la responsabilité (et une priorité) du président de la République. Il demeure un président en exercice avec des responsabilités et des enjeux politiques significatifs jusqu’à la fin de son mandat en avril 2024. Son engagement envers la sécurité nationale peut être perçu comme une partie de son rôle en tant que chef d’État plutôt que comme une tentative de minimiser les risques personnels.
Cependant, il est important de noter que la politique est complexe, et les motivations des dirigeants peuvent varier. La manière dont le Président Sall gère les défis de la sécurité nationale au cours de son mandat dépendra de divers facteurs, mais l’engagement envers la stabilité et la tranquillité du pays reste essentiel pour tout leader politique.
Par Ndiawar Diop